Il semble déjà loin le temps où un petit garçon, prénommé Pierre Lapointe, naissait sur les bords du Lac Saint-Jean tant en à peine un peu plus de 10 ans et 7 albums, ce québécois offre une carrière déjà bien remplie et iconoclaste.Le huitième a fait son entrée dans les bacs et confirme combien il porte très haut la chanson francophone.
Du Lac Saint-Jean à l’icône pop
En France, c’est en 2006 que Pierre Lapointe débarque vraiment avec son deuxième album où il nous embarque dans une forêt, une forêt où errent des êtres esseulés, mal-aimés. Présenté à l’époque comme le nouveau prodige de la chanson francophone, à mi-chemin entre Barbara et Thom Yorke, Pierre Lapointe n’a pas usurpé l’étiquette que la presse venait de lui mettre sur le dos, offrant à chacun de ses albums une plume classieuse. Dans une entrevue accordée à RFI en 2006, Pierre Lapointe disait ceci : « Pour moi, le public qui écoute mes chansons sans trop comprendre, finit par se les approprier plus facilement : quand on n’a pas de repère, on finit par aller chercher des repères dans notre propre vie, dans nos propres souvenirs. A partir de ce moment-là, c’est à mon avis plus facile d’aller toucher les gens ». Voici donc le secret de Pierre Lapointe.
Si la plume du garçon est habile, elle n’est pas sa seule qualité. Passant avec aisance de la mélodie piano-voix à celle ultra pop, Pierre Lapointe semble marcher toujours en territoire musical connu mais sa démarche, à chaque fois nouvelle, nous désarçonne, à chaque fois. C’est que Pierre Lapointe refuse les frontières dans lesquelles médias et public ont tendance à enfermer les artistes. Musicien, chanteur, Pierre Lapointe ne conçoit pas sa vie que du simple angle musical. Amateur d’art contemporain et passionné par tous les arts (auxquels dit-il on ne donne pas assez de place dans les médias), Pierre Lapointe est friand des collaborations avec les arts visuels, la danse, le théâtre et la mode. Naviguant entre avant-garde et culture populaire, il ose le mélange de l’obscurité mélancolique de ses textes à la couleur prononcée de la mise en images de son art.
Déjouer l’ennui avec douceur
En cet automne 2019, Pierre Lapointe repointe le bout de son nez avec un huitième album Pour déjouer l’ennui. Avec son ami de toujours (ou presque), Albin De La Simone, il nous propose, en 12 chansons, de déjouer l’ennui. Lui, le chanteur mélancolique par nature, nous enjouerait-il à sortir du spleen avec son nouvel album ?
Avec son comparse et d’autres ami(e)s (Clara Luciani, Hubert Lenoir, Daniel Bélanger, Philippe B, Amélie Mandeville, Julien Chiasson et Félix Dyotte), il a voulu « créer un album de chansons s’inspirant des grands classiques, afin de réaliser un bouquet de berceuses pour « petits enfants devenus grands », dixit le dossier de presse.
Alors, on vous le dit tout de suite, la mélancolie est toujours là, elle colle indéniablement à la peau du québécois. Mais il faut reconnaître qu’au fur et à mesure des albums, celle-ci se fait de plus en plus ténue et la joie commence à se tailler une place non négligeable dans son art.
On reconnaît la patte d’Albin de La Simone, le piano, si présent d’habitude, se fait plus discret. Ça déroute un moment tant cet instrument est attaché pour moi à l’art de Pierre Lapointe mais on se laisse ensuite embarquer dans un tourbillon de douceur, de délicatesse, buvant avec délice les histoires d’amour qu’il nous conte de sa voix toujours aussi exquise.
Ce n’est donc pas encore avec cet album que Pierre Lapointe nous décevra. Nous espérons, par contre, qu’il captera un public encore plus nombreux car ce québécois est vraiment très doué et porte haut, très haut la chanson française.
Pierre Lapointe sera en concert aux Folies Bergères le 30 mars 2020
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