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Alain Souchon, du rêveur nostalgique à la plume mélodieuse

10 octobre 2019
Par Manue
Alain Souchon, du rêveur nostalgique à la plume mélodieuse

En plus de 45 ans de carrière, Alain Souchon n’a pas beaucoup changé. A part quelques rides et sa chevelure toujours aussi hirsute, Alain Souchon est toujours cet homme au regard rêveur, à mi-chemin entre l’homme urbain élégant et le fermier gentleman. En ce début d’automne, il revient dans les bacs. On ne cache pas notre plaisir !

De l’homme nouveau des années 70…

Il semble à la fois loin et proche le temps où Alain Souchon nous chantait, dans les années 70, qu’il avait dix ans, qu’il était « Bidon« , « Jamais content« , ramait dans « Le Bagad de Lann Bihoué« , pleurait « Allô Maman Bobo » malgré « La Rumba dans l’air » qui résonnait dans le « Poulailler’s Song« .

A cette époque apparaît la nouvelle chanson française, et Souchon en est un des dignes représentants selon les médias. Il incarne l’homme nouveau : un papa impliqué, et surtout un homme qui n’a pas peur de dévoiler ses émotions.
Les albums, 14 au total, se sont suivis, remportant tous le même succès critique et public. L’artiste détient le record des Victoires de la Musique (9) depuis leur création. C’est avec Laurent Voulzy qu’il forme un duo exceptionnel, artistiquement fusionnel : lui à l’écriture et Laurent à la musique. La complicité et l’amitié de plus de 45 ans qui les unient sont rares dans ce métier, et elles sont extrêmement touchantes.

… à l’artiste incontournable de la chanson française

La force de notre Souchon national, ce sont ses multiples facettes. Même s’il a, un temps, été acteur (on se souvient entre autres de son rôle aux côtés d’Isabelle Adjani dans l’Eté Meurtrier), c’est la chanson qui anime le bonhomme depuis le début. Ses tubes l’ont plutôt placé comme chanteur romantique, espiègle, mélancolique, introspectif, nostalgique.

Cependant Souchon, et c’est ce qui me plaît chez lui, c’est aussi la plume d’un homme qui ausculte la noirceur du monde et de la société, la solitude des êtres, la société d’ultra-consommation. Sous les airs généralement joyeux de la musique de Voulzy, la plume de Souchon est bien souvent plus sombre et engagée qu’elle n’y paraît.
Souchon ne fait pas de politique mais l’air de rien, en 45 ans, il a mis le doigt sur de nombreux sujets sensibles comme les tensions Est-Ouest pendant la Guerre Froide (« Billy m’aime »), la société futile de l’ultra-consommation (« Foule sentimentale », « Putain ça penche »), le sort des immigrés (« C’est déjà ça », « Elle danse »), des sans-abris (« Petit tas tombé ») et plus globalement cette sensation d’être mis sur le bas-côté et de ne plus croire en l’avenir (« Rame », « Le Bagad de Lann Bihoué »), et même le suicide (« La ballade de Jim ») pour n’en citer que quelques-uns.

Avec sa démarche nonchalante, son air d’éternel adolescent, Alain Souchon a marqué et continue de marquer la chanson française de son spleen, dépeignant le temps qui passe avec nostalgie ou angoisse, mais portant aussi la voix de celles et ceux à qui on ne la donne pas.
A 75 ans, Alain Souchon ne semble pas être prêt à débrancher le micro et c’est tant mieux. « Ames Fifties » est bien parti pour suivre le même chemin que ses prédécesseurs, contenant encore quelques petits bijoux qu’on ne se lassera pas d’écouter encore et encore. La preuve en est les superbes extraits que l’on a déjà à disposition. C’est bien le 18 octobre, et on a hâte !

Article rédigé par
Manue
Manue
Disquaire à la Fnac Saint-Lazare
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