LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Martine L. (Lyon). Septembre 1961. Ruth Rosenheck quitte la République Dominicaine gangrénée par les luttes de pouvoir depuis l’assassinat du tyran Trujillo, pour rejoindre New York. Elle a 21 ans, est juive et quitte le pays qui a accueilli toute sa famille lors de l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Elle veut devenir journaliste comme son père. Elle laisse aussi derrière elle sa mère et son frère.
L’Américaine
Le coup de cœur de Martine L.(Lyon)
La nostalgie
Cinq jours sont nécessaires pour rejoindre New York. À bord du steamer de la Santo Domingo Line la nostalgie l’envahit. Ruth se lie d’amitié avec Arturo Soteras qui part étudier la musique. Elle lui raconte son enfance dans le kibboutz juif de Sosùa. Mais surprise, Arturo parle d’une personne que Ruth semble connaitre. Un mystère à élucider !
À leur arrivée à New York, Arturo rejoint la limousine diplomatique qui l’attend et Ruth sa tante Myriam et son cousin Nathan. Pour Ruth, cette nouvelle vie s’avère difficile : la nostalgie de son île, le manque de sa mère. Mais il faut tourner la page et vivre le présent. Elle s’inscrit à l’université de Columbia, découvre l’insouciance, les rires, la liberté de la jeunesse américaine. Elle fait connaissance avec Deborah qui devient sa copine de fac et décroche un stage au Times. Arturo prend de plus en plus de place dans sa vie.
Les découvertes
Ruth, qui a toujours des difficultés à oublier son passé, tente de retrouver Lizzie, son amie d’enfance, installée en Californie, puis à Mexico. Elle a abandonné ses études et vit au sein d’une communauté qui teste les effets du LSD. Très vite Ruth est déçue par son mode de vie et son manque d’ambition. Elle est tellement différente de la jeune fille de son enfance.
Juillet 1963. Ruth se rend au mariage de son frère avec Ana Maria et y retrouve Svenja, sa marraine, et son mari Eival. Elle accepte la proposition d’Eival de se rendre à Jérusalem puis à Shaar Haamakin un kibboutz proche de Tel Aviv. Elle y rencontre des étudiants et notamment Bernie, qui milite pour les droits civiques et contre la guerre du Vietnam. À leur retour, Bernie lui propose de participer à une marche à Washington. C’est là que Ruth découvrira Joséphine Baker, Burt Lancaster, Bob Dylan, Joan Baez et Odette Holmes. C’est le discours de Martin Luther King qui clôturera la manifestation.
Une nouvelle vie
Janvier 1964. La vie new-yorkaise de Ruth prend une autre dimension. Elle est très amoureuse de Christopher, un journaliste photographe rencontré lors d’un vernissage. Il a 28 ans et commence à être connu. Il parcourt le monde, les conflits, les guerres pour réaliser des images.
Mais que va devenir cette relation épisodique ? Ruth va-t-elle enfin concrétiser ses vœux ? Restera-t-elle à New York ?
Après Les Déracinés, Catherine Bardon nous livre un roman captivant sur la vie des exilés, les difficultés rencontrées, l’instabilité des personnes qui se perdent dans le manque d’identité. C’est aussi une superbe histoire d’amour, d’amitié mêlée aux évènements politiques de la République Dominicaine. Nous assistons à la chute d’un dictateur, à la guerre civile et à la domination américaine qui tente d’éviter la prise du pouvoir par les communistes. Nous découvrons l’Amérique des années 196O.
Sublimes portraits de femmes avec ses forces, ses faiblesses et ses doutes.
Grand moment de lecture et d’aventures passionnantes.
—
Paru le 14 mars 2019 – 480 pages
