Il y a 10 ans, la France était candidate à l’organisation de l’Euro 2016 de foot (on connait la suite…) et Alain Bashung nous quittait. Mais surtout, il y a dix ans, à la Fnac, on était déjà accro au cinéma. Alors, chaque mois, on vous propose de remonter le temps pour vous parler d’un film emblématique sorti en 2009… Au mois près s’il vous plaît ! Et en mars, Harvey Milk est à l’honneur.
S’instruire…
Pour celles et ceux qui ne seraient pas très au fait de la politique américaine, Harvey Milk fut (et reste) une figure emblématique du mouvement gay aux États-Unis (en particulier à San Francisco) et devint le premier homme ouvertement homosexuel à être élu au poste de superviseur (l’équivalent d’un conseiller municipal). Suite à son élection en 1978, il se bat contre la proposition 6 qui vise à autoriser le licenciement des instituteurs homosexuels. Malgré de nombreux adversaires, ouvertement homophobes tels que la chanteuse Anita Bryant, Harvey Milk réussit à empêcher l’adoption de cette proposition. Il s’agira de son dernier accomplissement puisque quelques jours plus tard, Harvey Milk et le maire de San Francisco seront assassinés par l’ancien superviseur, Dan White, qui n’écopera que de 5 ans de prison.
… Et se divertir
Voilà pour le côté histoire. Maintenant, revenons-en à nos moutons : le film ! S’il n’est sorti qu’en 2009, l’idée d’honorer la mémoire d’Harvey Milk trottait dans la tête du réalisateur Gus Van Sant depuis 1992 ! Dix-sept ans plus tard donc, avec l’aide du scénariste Dustin Lance Black, sort au cinéma un biopic s’apparentant presque à un documentaire, avec images d’archives à l’appui. Rien n’est oublié, tout y est : des lieux chers au politicien à ses rencontres, en passant par les problèmes de SIDA et de drogues. Sean Penn, dans le rôle-titre, livre une performance incroyable de réalisme et de naturel, n’hésitant pas à rouler des pelles à James Franco et à montrer ses fesses, ce qui lui vaudra d’ailleurs un Oscar (sa performance, pas ses fesses… a priori). Le réalisateur n’a pas lésiné non plus sur le reste du casting avec Josh Brolin, Emile Hirsch et Diego Luna. Le film reporte un vif succès et se voit récompenser par l’Oscar du meilleur scénario.
L’homophobie toujours pas soignée…
Alors qu’une marche symbolique de milliers de personnes dans les rues de San Francisco vient conclure avec émotion la vie de Harvey Milk, on reste quelques secondes sans voix en prenant conscience de l’ampleur de ce qu’il a accompli. Car, au travers de ce film, on découvre un homme aimé de toute la communauté gay, déterminé à faire respecter ses droits, à se battre contre l’intolérance et qui a eu à cœur d’aider les gens, au péril de sa propre vie. En l’espace de 8 ans, Harvey Milk est passé d’un homme n’ayant rien accompli de spécial en une véritable icône, défenseur des minorités, des « autres », comme il les qualifiait lui-même. Et comme un mauvais clin d’œil, le film est sorti quelques mois après la proposition 8 visant à interdire le mariage entre personnes de même sexe aux États-Unis. Ainsi, malgré son combat, les injustices restent tenaces et sont malheureusement, toujours d’actualité, tout comme la bêtise humaine à laquelle on n’a toujours pas trouvé de remède !
… Malgré une lutte acharnée !
En 1985, le réalisateur Rob Epstein retraçait déjà la vie de Harvey Milk dans son film The times of Harvey Milk et remportait l’Oscar du meilleur film. Vingt-quatre ans plus tard, nommé 8 fois aux Oscars et lauréat de deux statuettes, Harvey Milk de Gus Van Sant, nous prouve que l’histoire du politicien homosexuel est une source d’inspiration inépuisable et que, au-delà d’avoir fait abandonner un projet de loi, Harvey Milk a réussi à ébranler le conservatisme, à unifier les minorités et à faire évoluer les mentalités de l’époque. Conscient de déranger et d’avoir des ennemis, il avait enregistré des cassettes avant sa mort et déclaré dans l’une d’elles : « Si une balle devait traverser mon cerveau, laissez-la briser aussi toutes les portes de placard » (référence aux homosexuels faisant leur coming out).