En janvier de cette année Jane Birkin annonçait la future édition en français de ses journaux intimes, prévus en deux tomes. Dans un souci d’authenticité, elle a tenu à se charger elle-même de la traduction de ces pages, initialement rédigées en anglais. Commencé en 1957, le journal s’arrêtera en décembre 2013, à la mort de sa fille la photographe Kate Barry. Plutôt que l’artiste, on y découvre l’adolescente, la femme, la mère et l’amante.
Pourquoi ce titre ?
Ainsi qu’en témoigne la couverture, Munkey est un jouet, un singe en peluche offert par l’oncle de Jane Birkin et qui est devenu son confident, le compagnon dont elle ne se séparera que pour le mettre dans le cercueil de Serge Gainsbourg. C’est à Munkey que s’adressent les confidences du journal. Pour combler ces vides, certaines pages s’étant perdues, et pour mieux relier entre eux les épisodes relatés, l’auteure a intercalé des anecdotes, des souvenirs, peut-être revenus en mémoire au fil de la traduction, ainsi que l’histoire de ses parents. Munkey Diaries se situe ainsi entre le journal intime et l’autobiographie, mêlant des écrits anciens et présents. Loin d’être incohérent, ce montage est très vivant et il faut reconnaître à Jane Birkin un vrai talent de conteuse et beaucoup d’humour. Munkey Diaries sortira en deux tomes : le premier couvre les années de 1957 à 1982 et le second va jusqu’en 2013.
Des confidences très personnelles
N’espérez pas trouver des révélations sur son métier, ses films, ses albums ou les people qu’elle a côtoyés, il y en a très peu. Dans Munkey Diaries, Jane Birkin se confie sur elle-même, ses amis, ses amours, sa famille, son quotidien. Si le musicien John Barry, Serge et Charlotte Gainsbourg, ou Jacques et Lou Doillon, y sont entre autres mentionnés, c’est en tant qu’êtres chers. Car les proches de Jane sont souvent des artistes et elle fait elle fait elle-même partie d’une vraie dynastie : hormis les hommes de sa vie et ses trois filles, ses grand-parents, sa mère étaient comédiens, et son frère Andrew, scénariste et réalisateur. On les découvre ici en famille, dans la vie privée de Jane Birkin.
Destinées à réconforter
Jane reconnait tout de même avoir coupé certains passages, par discrétion, par respect pour les personnes concernées. Mais elle n’a rien enjolivé et surtout ne cache pas ses propres faiblesses, ou ce quelle considère comme ces échecs. Elle n’hésite pas à se présenter comme une personne immature, « quelqu’un d’instable et qui manque de confiance en soi ». Des confidences qui vont passionner ses fans, mais que l’artiste dévoile aussi dans le souci de « réconforter des gens », ses proches ou ceux qui comme elle, ont souffert de ce manque de confiance. On reconnait bien là sa générosité.
À découvrir aussi :
Le livre de la photographe Gabrielle Crawford, grande amie de Jane Birkin, une touchante biographie en images qui débute en 1965, année de leur rencontre.
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Parution le 3 octobre 2018 – 352 pages