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Le top des autobiographies : moi d’abord !

09 octobre 2019
Par Mathilde1
Le top des autobiographies : moi d'abord !
©DR

Me, myself and I. Ces auteurs n’ont pas eu peur de parler d’eux et de faire de leur vie un roman. Enfin, une autobiographie, genre qui mêle à la perfection réalité et fiction, recomposition et restructuration permanente du moi, a posteriori. « Quand vous lisez une biographie, rappelez-vous que la vérité n’est pas faite pour être publiée », disait George Bernard Shaw. À bon entendeur, voici le top des livres sur soi.

Pères fondateurs


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Si le mot « autobiographie » n’apparaît qu’au XIXème siècle, les écrivains n’ont pas attendu tout ce temps pour commencer à investiguer sur leur « moi ». L’Apologie de Hattusili III, par le roi Hattusili lui-même, apparaît comme l’une des premières formes du genre autobiographique, en 1267 avant Jésus-Christ : l’écriture de l’intime était lancée.

Les Confessions, de Saint Augustin

Bien moins étudiées en classe que celles de Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions de Saint-Augustin font partie des premières œuvres à caractère introspectif (publiées entre 397 et 401). S’inscrivant dans la littérature chrétienne de son époque, qui aimait à présenter des vies sauvées, elles soulignent le cheminement spirituel de Saint Augustin, de l’humain vers le divin, du péché jusqu’à la rédemption. Ainsi, Augustin d’Hippone raconte sa quête de Dieu, plus que sa singularité en tant qu’individu : il fallait bien l’Humanisme pour accoucher de l’autobiographie moderne.


Les Essais, de Michel de Montaigne

À la fois journal intime et réflexions sur tous les sujets possibles, Les Essais de Montaigne affirment la position du « Je » dans la littérature. Les Essais montrent non seulement un homme en train de se décrire, mais une vie en train de se faire, selon les mots de Pierre Brunel. De la tristesse, des menteurs, de l’oisiveté, des cannibales, de la solitude, de la vertu, des coches, des boiteux… Autant de thèmes qui permettent au philosophe bordelais de répondre à la question « Qu’est-ce que l’homme ? » ou « Qui suis-je ? ».

Les Confessions, de Jean-Jacques Rousseau

Seul le manque de continuité chronologique empêchait aux Essais de porter le nom d’autobiographie, au sens moderne du terme. Et c’est Jean-Jacques Rousseau qui, en retraçant les 53 premières années de sa vie, est considéré comme le premier auteur du genre avec Les Confessions (1782). Ainsi débute son projet, réécriture du moi a posteriori :  « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. Moi seul. ». Affirmant sa sincérité, son honnêteté envers lui-même et les autres, Rousseau s’inspire des Confessions de Saint-Augustin, à une différence (et de taille) : plutôt que de se soumettre au jugement de Dieu, Rousseau préfère se juger lui-même ! 


Vies extraordinaires 


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Raconter sa vie en autobiographie, une preuve de narcissisme ? Faut-il être complètement imbus de soi-même pour se risquer à l’exercice ? Pas vraiment quand on s’appelle Helen Keller, Primo Levi ou Nelson Mandela : trois vies édifiantes qui demandaient à être partagées.

Sourde, muette, aveugle : l’histoire de ma vie, de Helen Keller

L’histoire d’Helen Keller est fascinante : sourde, muette et aveugle à l’âge d’un an et demi aux États-Unis en 1880, elle est la première personne handicapée à obtenir un diplôme universitaire, notamment grâce à l’aide de sa professeure Anne Sullivan. Ayant appris à communiquer avec les entendants, elle donna de nombreuses conférences et reste un modèle pour les personnes sourdes dans le monde. Engagée dans son temps, Helen Keller a notamment milité pour accorder aux femmes le droit de vote et pour améliorer les conditions de travail.

Son autobiographie est également disponible dans une excellente version pour les enfants, dès neuf ans.

Si c’est un homme, de Primo Levi

Témoignage indispensable pour comprendre la Shoah, Si c’est un homme de Primo Levi revient sur l’année de l’auteur passée dans le camp d’extermination nazi d’Auschwitz, entre février 1944 et janvier 1945. Mêlant une écriture poétique et une réalité abjecte, Si c’est un homme décrit les tactiques de survie engagées, le quotidien dans les camps et la déshumanisation à l’œuvre, en comparant son expérience à la Divine Comédie de Dante. Il constitue avec Le Journal d’Anne Frank et La Nuit d’Elie Wiesel les récits autobiographiques les plus marquants sur le génocide juif.   

Un long chemin vers la liberté, de Nelson Mandela 

Il y a cinq ans, Nelson Mandela quittait ce monde. Homme d’État sud-africain, symbole de l’égalité raciale et de la lutte contre l’apartheid, emprisonné 27 ans en raison de ses opinions politiques, Nelson Mandela est une figure légendaire du XXème siècle, né à la fin de la Première Guerre mondiale. Un long chemin vers la liberté, publié en 1995, retrace sa vie extraordinaire, de son enfance jusqu’à son premier mandat présidentiel en Afrique du Sud.  Un film tiré de l’autobiographie est sorti en 2013, quelques semaines avant la mort de Nelson Mandela.

Bienvenue chez moi

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En 1963, Jean Ricardou disait du Nouveau Roman qu’il était l’aventure d’une écriture plutôt que l’écriture d’une aventure. Il en va de même pour ces œuvres autobiographiques, centrées sur la mise en scène du moi plutôt que sur ses « aventures ».

La Gloire de mon père, de Marcel Pagnol

Succès littéraire des années 1950, La Gloire de mon Père étonne pas la simplicité du récit : on y suit le petit Marcel, né à Aubagne d’un père instituteur, qui enseignera à Marseille, où la famille aime à se promener dans son Parc Borély le week-end. Un été, la famille de Marcel loue une villa dans les collines. S’ensuivent des parties de chasse à travers la végétation sauvage et les chemins mythiques de la Provence. Une autobiographie embellie par les yeux d’un adulte nostalgique, recréant son enfance, qui donne envie de se perdre dans le Garlaban.

Mémoires d’une jeune fille rangée, de Simone de Beauvoir

Grandie à l’ombre de la pensée de Jean-Paul Sartre et souvent confondue avec elle, Simone de Beauvoir ne fait de son compagnon qu’un personnage secondaire du premier tome de sa biographie, Mémoires d’une jeune fille rangée. Récit de la construction et l’affirmation d’une identité, en opposition au milieu bourgeois, traditionnel et bien-pensant dans lequel la jeune Simone a grandi, Mémoires d’une jeune fille rangée retracent les vingt et une premières années de sa vie, du Cours Désir (école pour jeunes filles de bonne famille, selon ses dires) à l’agrégation. Une écriture qui fait revivre une époque, des personnalités et des mouvements intellectuels dans toute leur vivacité.  

Les armoires vides, d’Annie Ernaux

Annie Ernaux a écrit plus d’une vingtaine de récits qui pourraient se résumer à un : ses romans, c’est sa vie. En 1974, elle publie Les armoires vides, premier témoignage autobiographique d’une tranche de vie. Dès le début de sa carrière, elle délaisse le genre de la fiction pour se concentrer sur l’écriture du moi. Chaque jour, même le plus banal, devient matière littéraire. Ses récits s’enchaînent et traitent des différents événements de sa vie : son ascension sociale, un avortement, la perte de sa virginité, son mariage… Annie Ernaux est l’auteure contemporaine qui a certainement le plus conceptualisé le genre autobiographique, profondément marqué par la sociologie, et se définit elle-même comme une héritière de Pierre Bourdieu.

Bonus : deux fausses autobiographies !  

Inspirations si vous n’avez pas d’idée pour votre future autobiographie.


Survivre-avec-les-loupsSurvivre avec les loups, Misha Defonseca


En 1997, Misha Defonseca émouvait la terre entière : la narratrice, alors petite fille, raconte dans son autobiographie comment elle a survécu pendant la Seconde Guerre mondiale, seule, dans la forêt polonaise, adoptée par des loups. Spoiler alert, on découvre en 2008 qu’il s’agit d’une pure fiction.

Soif d’Europe, Omar Ba

En 2008, Omar Ba publie Soif d’Europe, récit héroïque sur son émigration du Sénégal jusqu’à la France, témoignage poignant d’un jeune homme prêt à tout pour réaliser son rêve. Très rapidement, un journaliste du Monde souligne trop d’invraisemblances et mène l’enquête. La supercherie est rapidement découverte…

Aller + loin : Les curiosités littéraires

Visuel d’illustration © Radu Florin 

Article rédigé par
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