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Désintégration d’Emmanuelle Richard : un cri silencieux

27 août 2018
Par Le Cercle Littéraire
Désintégration d'Emmanuelle Richard : un cri silencieux
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LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur d’Hervé V. (Brienne-le-Château). Désintégration est le parcours rude et violent d’une jeune fille au bord de la rupture, une fille regardant sa vie à travers les inégalités sociales jonchant l’itinéraire de ses études, un chemin de traverse inégal, une corvée entremêlant école et survie financière dans des petits boulots de misère, ce roman est un Cri.

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Désintégration

Le coup de cœur d’Hervé V. (Brienne-le-Château)

L’auteure

Emmanuelle Richard est une jeune romancière d’une trentaine d’années, née dans la région parisienne. Issue d’une famille de la classe moyenne, elle est titulaire d’une Maîtrise de Lettres et d’un Master en Management des organisations culturelles. Mais elle s’oriente vite vers l’écriture pour sortir d’un contexte pesant, les mots l’aideront à gagner sa place dans la société. Ses romans soulignent ses états d’âme, cette fissure en elle.

La Désintégration est le titre d’un film de Philippe Faucon sorti en 2012. Emmanuelle Richard apparente son personnage principal au jeune garçon magrébin usé par la violence qui l’entoure. Sa haine lui parle, la respire, la transperce de toutes parts, elle devient cette haine, pour reprendre ce titre Désintégration. Ce roman aurait pu s’intituler La haine…

Il me fait me souvenir d’un autre roman, Les Cris, de Claire Castillon, un tourbillon de douleurs. Mais dans le cas présent, l’héroïne livre sa vie de façon plus directe, sans nuance, son cri  est une haine.

                « Mes parents m’avaient éduquée. La haine m’élevait. »

Cette phrase, comme un adage de la jeunesse actuelle face à la société libérale qui vampirise tout, résume parfaitement l’esprit de ce roman, vomissant le clivage grandissant des classes, où l’argent est roi et l’être humain devient juste un faire-valoir lointain, un détail !

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Son double

Ce roman respire la vie intime de l’auteure. L’héroïne est le miroir d’Emmanuelle Richard, elle expose son corps et son âme à ses lecteurs. Elle livre avec beaucoup d’émotion ses émois lorsqu’au début, à ses 18 ans, elle s’offre sans savoir pourquoi à un inconnu, ce plaisir de découvrir une chose nouvelle, de croire au sexe comme un sésame. Mais elle livre aussi sa déception face à un graal éventé, ses 18 ans chantent une mélancolie de désespoir. Cette litanie bercera son intimité, le sexe sera une porte entrouverte, une voie sans issue, s’offrant pour disparaitre, se donnant sans le faire, un exutoire. Le sexe sans amour, sans attache, le sexe comme un repas, un besoin pas un cadeau ou un trésor pour qui le reçoit, son corps est un lieu commun, le sexe est juste une envie.

                « Je restais étonnée de cette rhétorique fatiguante de la corrélation entre respectabilité, sexe et honneur…. »

La société

Outre cette recherche de l’être, Emmanuelle Richard peint une société amère, une terre perdue dans les méandres d’une terre noyée dans la salissure de l’argent. Côtoyant des personnes aisées, la jeune fille du roman apprend dès ces 18 ans, lors de son anniversaire commun avec deux autres filles, le fossé qui la sépare de ce monde de la petite bourgeoisie. Voulant un anniversaire simple, elle se retrouve par dépit dans une fête avec traiteur comme si elle vivait dans un autre corps, l’illusion d’échapper à sa vie, la peur de le dire à ses parents. Elle se punit de son rang social, elle accepte ce fossé. La continuité de ses études creuse de plus en plus ce gouffre, elle est aspirée dans le tourbillon de la vie active, petits boulots et études.

Cette critique sociale sous forme de souvenirs, traverse l’esprit comme un cri perçant venant déchirer l’atmosphère autour de nous. Cet accouchement difficile de cette jeune étudiante à devenir la femme qu’elle est, à devenir cet écrivain, osant sortir dans la rue et dire bonjour, osant entrer enfin dans un magasin Sephora, soupirant à l’être aimé qui viendra jouer avec son cœur en berne, et ne pas oublier qui nous sommes surtout.

                « Je reste à l’affût. Sur mes gardes. »

Paru le 30 août 2018 – 208 pages

Article rédigé par
Le Cercle Littéraire
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