Critique

Ron Stallworth, le flic qui a inspiré le dernier Spike Lee

27 août 2018
Par Frédérique
Ron Stallworth, le flic qui a inspiré le dernier Spike Lee
©dr

Avant d’être le dernier film de Spike Lee récompensé du Grand Prix du jury à Cannes, Le Noir qui infiltra le Ku Klux Klan était un livre autobiographique de Ron Stallworth, premier flic afro américain de la ville de Colorado Springs, inspecteur à la brigade de renseignement, embarqué presque par hasard dans cette enquête qui a tout du canular : devenir membre du Ku Klux Klan…

Rocambolesque, mais vrai


Le-noir-qui-infiltra-le-Ku-Klux-KlanTout commence en 1978, quand Ron Stallworth répond à une petite annonce prétendument publiée par le KKK, dans un journal de Colorado Springs. Surprise, il ne s’agit pas d’une blague ! Le policier se retrouve quelques jours plus tard en communication téléphonique avec le responsable de la branche locale du Klan et… il improvise, se fait passer pour un blanc suprémaciste. Deuxième surprise, ça marche ! L’infiltration commence, en binôme avec un collègue blanc (ironie du sort, il est juif), alter-ego indispensable pour les rendez-vous de visu avec des membres du Klan. Ron Stallworth gagne rapidement la confiance des cadres de l’organisation dont celle du « Grand sorcier » de l’époque, David Duke. On suit pas à pas l’entreprise de séduction, le travail d’infiltration, ainsi que certaines conversations surréalistes entre des cadres du Klan et leur interlocuteur noir.

Le côté obscur des USA


Mais le récit de Ron Stallworth ne se borne pas à relater des conversations téléphoniques, ou le travail de sape en interne pour prévenir le développement et les actions violentes du Klan, parfois en relation avec des mouvements anti-racistes. L’ancien policier relie son travail à l’histoire du Klan, à ses ramifications et à ses relations avec d’autres groupes d’extrême droite, voire néo-nazis ou des gangs de bikers. En effet alors que le Klan cherchait à l’époque à se dédiaboliser pour élargir sa base et prônait publiquement un discours non-violent, il se rapprochait d’organisations comme le POSSE, suprématiste, survivaliste, opposé au pouvoir fédéral et, comme la plupart de ces groupes, professant la violence et vouant un culte aux armes à feu.

L’auteur dévoile ainsi tout un pan d’histoire récente de l’Amérique, une histoire sombre qui se révèle en résonnance troublante avec les tensions et la violence qui sévissent actuellement dans le pays. Le livre étant paru en 2014 aux États-Unis, Ron Stallworth a jugé utile de modifier son épilogue après l’élection de Donald Trump, faisant notamment allusion aux tristes événements de Charlottesville auxquels, comme par hasard, David Duke a participé…

Parution le 22 août 2018 – 240 pages

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Bru

Le Noir qui infiltra le Ku Klux Klan, de Ron Stallworth (Autrement) sur Fnac.com

Article rédigé par
Frédérique
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