LE CERCLE LITTÉRAIRE – Le coup de cœur de Marie-Pierre T. (Issy-les-Moulineaux). Comment combattre le racisme et la discrimination ? À travers l’histoire d’une infirmière modèle accusée de meurtre à cause de sa couleur de peau, Jodi Picoult nous montre que certains « petits riens » permettent, doucement, de faire bouger les lignes et d’avancer vers la tolérance.
Mille petits riens
Le coup de cœur de Marie-Pierre T. (Issy-les-Moulineaux)
Comment combattre le racisme et la discrimination ? À travers l’histoire d’une infirmière modèle accusée de meurtre à cause de sa couleur de peau, Jodi Picoult nous montre que certains « petits riens » permettent, doucement, de faire bouger les lignes et d’avancer vers la tolérance.
Sur le banc des accusés
Ruth Jefferson est infirmière en obstétrique et sage-femme depuis 20 ans. Consciencieuse, à l’écoute de ses patientes, douce, appréciée et dévouée dans son travail, elle est également la mère aimante d’Edison, un adolescent de 17 ans qu’elle élève seule avec beaucoup de tendresse, soucieuse de lui donner une éducation irréprochable, et avec pour grand principe le respect des autres. Le seul défaut de Ruth semble être pour certains, et notamment pour Turk Bauer, sa couleur de peau. Parce qu’en effet, pour ce membre du mouvement pour la suprématie des blancs qui s’est fait tatouer une croix gammée sur le crâne, il est inconcevable qu’une infirmière noire s’occupe du fils qu’il vient d’avoir avec son épouse Brittany. Alors lorsque son bébé Davis décède, c’est forcément Ruth la coupable, la meurtrière.
Est-ce une erreur médicale ou simplement sa couleur de peau qui va conduire Ruth à se battre en justice, assistée de Kennedy, avocate au service de la défense publique, qui a fait le choix de défendre les démunis et les défavorisés, et de plaider là son premier meurtre ?
Le procès d’un racisme toujours d’actualité
Dans ce roman captivant à trois voix, celles de Ruth, Kennedy et Turk, Jodi Picoult aborde la question du racisme aux États-Unis et sa banalisation face à la violence des actes perpétrés en son nom.
Plongé successivement au cœur d’une maternité comme s’il était lui-même membre de l’équipe médicale, puis au centre d’un groupe de suprémacistes blancs violents et enfin dans l’enceinte de la salle d’audience où se tient le procès de Ruth, sur le banc des jurés ou à la place de l’accusée, le lecteur ne peut que s’émouvoir du sort de cette infirmière noire et se révolter face à l’injustice et à la discrimination.
Pourtant, tout le talent de Jodi Picoult consiste à livrer une histoire authentique et réaliste au soutien d’une cause hélas toujours d’actualité, sans émettre de jugement mais avec compassion et bienveillance et en souhaitant que les petits rien accomplis par chacun permettront d’ouvrir les yeux et d’avancer doucement vers la tolérance et l’acceptation de la différence.
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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Chabin
Parution le 7 mars 2018 – 592 pages