Les éditions Akata continuent d’explorer les différents genres du manga avec l’audace et l’originalité qui les caractérisent. Cette fois, ce sont les codes du shôjo qui se retrouvent bouleversés dans Game – Entre nos corps.
Amour et coquelicots
En tête de la production manga, les shonens, mangas pour adolescents remplis de héros orphelins à la recherche du sens de la vie et de beaucoup d’action (Naruto, One Piece, Fullmetal Alchemist…), et leur équivalent féminin, les shôjos aux héroïnes en pleine initiation à leur sensualité. Tour à tour belles ingénues en pâmoison devant de jeunes éphèbes prétentieux ou jeunes filles entraînées malgré elles dans une aventure fantastique et fantasmatique, ces héroïnes se ressemblent souvent physiquement (lycéennes aux grands yeux noisettes, contours joliment arrondis, naïveté enfantine charmante) et psychologiquement (un secret et la quête d’un premier amour). D’où l’impression, même si la qualité est au rendez-vous (Card Captor Sakura, Nana, dernièrement l’amusant Chat malgré moi), d’un genre ultra-normé et un brin redondant.
Vilain shôjo
Dans toute cette production à l’originalité chancelante, l’auteure Mai Nishikata a imaginé un nouveau type de shôjo qui redonne au genre son unicité et sa modernité. Si Game – Entre nos corps a tout du shôjo, ses personnages échappent aux stéréotypes, autant physiques que psychologiques. Fuji, 27 ans, ne recherche certainement pas l’amour mais une relation intime qui n’empiète pas trop sur sa seule passion : son travail de comptable (si, si). Lorsque Ryoichi rejoint sa société et lui fait du rentre-dedans, elle refuse d’abord… avant d’y voir l’opportunité d’une relation sans enjeux ni contraintes. Sexualité déviante et explicite, aux séquences franchement adultes et non faussement enfantines, personnage fort qui recherche, à sa manière, sa propre liberté : Game – Entre nos corps, parfait mélange du shôjo classique et de la new romance moderne, promet de belles heures de lecture passionnante et coquine.
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Parution le 8 mars 2018
Game – Entre nos corps, Mai Nishikata (Akata) sur Fnac.com
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