Épisode méconnu de l’Histoire américaine contemporaine, La Note américaine de David Grann révèle le terrible sort que connut une tribu amérindienne au début du XXè siècle en Oklahoma. Pendant plusieurs années, des assassinats sont perpétrés en toute impunité au sein de la tribu Osage. Jusqu’au jour où une note arrive sur le bureau du tout jeune directeur du futur FBI, J. E. Hoover, et qu’il y voit sa première grande affaire.
Les Osages, une tribu oubliée
Au XIXè siècle, croyant échapper à la cupidité de l’homme blanc qui lui a confisqué ses terres ancestrales, la nation Osage part en quête d’une nouvelle terre et arrête son choix sur une terre « désolée, rocailleuse, stérile et absolument impossible à cultiver » qu’elle achète, espérant éviter ce qui s’est passé avec la tribu Cherokee. À cette époque, les sages de la nation envoient un jeune avocat métis négocier un accord avec le gouvernement, octroyant aux Osages la jouissance exclusive des ressources du territoire. (Mal)heureusement pour la tribu, la prairie aride du futur Oklahoma est l’un des plus grands champs pétrolifères de l’Amérique.
Or, quand on est Amérindien et riche à foison, ça ne plait pas aux Américains blancs. Les blancs se mirent à épouser des Osages pour mieux mettre la main sur leurs richesses et à inventer toutes sortes de règles pour s’enrichir sur le dos des Indiens. David Grann cite en exemple le cas de Molly Burkhart dont la famille entière se retrouva au cœur de la terreur. Le règne de la terreur atteint son apogée entre 1921 et 1926 et l’arrivée d’un agent fédéral déterminé à faire la lumière sur ces meurtres.
L’enquête et la naissance du FBI
Constatant que les autorités locales ne faisaient pratiquement rien pour enrayer cette épidémie de meurtres d’Osages, le conseil des sages se résout à s’adresser au gouvernement fédéral pour recevoir l’aide d’enquêteurs venus de l’extérieur, sans lien avec les autorités locales.
J.E. Hoover, fraichement installé à la tête du Bureau of Investigation, y voit un bon moyen d’assoir son pouvoir naissant et envoie son meilleur agent de l’époque, Tom White, d’origine texane et fin connaisseur de l’Ouest. Avec une équipe restreinte, l’agent spécial White reprend les enquêtes et parvient, tant bien que mal à mettre la main sur les assassins et à les envoyer en prison pour longtemps. Pour ce faire, il utilisera toutes les nouvelles techniques d’investigation à sa portée, mises au point par la toute jeune police scientifique.
Les descendants des Osages
Dans une sorte d’épilogue, David Grann prend la parole et raconte ses recherches dans les archives. Sur place, il a retrouvé les descendants des différents protagonistes auxquels, grâce à ses recherches, il apporte un semblant de réponse. Pour beaucoup d’entre eux, le traumatisme laissé par ces assassinats est encore très vivant. Son enquête révèle, en outre, que le règne de la terreur aura fait beaucoup plus de victimes et sur une durée beaucoup plus longue que celle évoquée dans son ouvrage.
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Paru le 07/03/2018 – 363 pages
Traduit de l’anglais (américain) par Cyril Gay