Décryptage

Pourquoi l’Intelligence artificielle va tout changer

19 février 2018
Par Nicolas L
Pourquoi l'Intelligence artificielle va tout changer
©DR

Nous sollicitons des Intelligences Artificielles tous les jours, en utilisant le GPS, Deezer et même au travers des jeux vidéo ! Un enjeu de taille pour les grandes entreprises de la Tech qui fascine autant qu’elle inquiète car elles bouleversent nos sociétés.

Véritable objet de fascination pour certains, de méfiance pour d’autres, les intelligences artificielles (IA) sont au cœur des préoccupations contemporaines. Les grandes compagnies dans l’univers des nouvelles technologies –notamment les GAFAMI (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et IBM)- investissent massivement dedans pour optimiser leurs produits ou services : reconnaissance faciale et vocale, analyse et captation de données, création automatique de contenus… Des fonctionnalités sans précédent qui s’affinent de jour en jour. Les mastodontes s’intéressent aux IA parce qu’elles constituent un enjeu de taille pour demain.

Et si vous succombiez au charme d’une IA ? Ex Machina pousse le concept du Test de Turing très loin. A ne louper, c’est une pépite ! 

Un fantasme de longue date

Pourrait-on imaginer des termes plus évocateurs qu’«Intelligence Artificielle» ? Le concept a été popularisé par deux scientifiques américains : John McCarty et Marvin Lee Minsky. Ce dernier définit l’IA comme un système informatique voué à traiter des problèmes très complexes que seule la pensée humaine devrait être capable de résoudre. Plus simplement, l’idée consiste à injecter une forme d’« intelligence » semblable à la nôtre dans des machines dans le but de nous simplifier la vie.

Juste avant eux, Alan Turing dévoilait au milieu du XXème siècle la fameuse machine et Test de Turing. Un être humain placé dans une pièce devait communiquer avec une autre personne supposément installée dans une pièce à côté, alors qu’en réalité, il ne correspondait qu’avec une machine. L’expérience consistait à voir si l’individu pouvait remarquer une différence entre des réactions humaines et celles émises par une machine. Un temps était imposé entre les réponses afin de rendre le test moins faillible (sur les questions mathématiques, un humain ne peut simplement pas effectuer de calculs aussi rapidement qu’un ordinateur).

turingLe test de Turing, dans un style graphique qui ravira les amateurs de Portal. Crédit : Wikipédia


Le sujet est un brûle torchon au sein de la communauté scientifique et génère de nombreux débats, en particulier sur l’éthique. L’attraction pour l’Intelligence Artificielle est étroitement liée à la fascination historique des scientifiques pour les automates, dont le but est d’imiter la gestuelle humaine. Héron d’Alexandrie (Ier siècle après J.C.) imaginait déjà, parmi ses nombreuses inventions, un distributeur automatique. Et que dire du Canard digérateur réalisé par Jacques Vaucanson en 1732, reproduction d’un volatile aux allures quasi-naturalistes.

Duck_of_VaucansonLe Canard digérateur de J.Vaucanson imaginé. Crédit : Wikipédia

Des IA partout, tout le temps

Sans que nous nous en rendions forcément compte, nous sommes déjà entourés par les intelligences artificielles. Nos smartphones embarquent des assistants vocaux (Siri chez Apple et Google Assistant pour les appareils sous Android), nos ordinateurs aussi (Cortana dans Windows 10), nos voitures deviennent autonomes, les maisons sont connectées grâce à la domotique et même les robots ménagers sont dopés à l’IA (aspirateur, frigo, miroir de salle de bain). Une sacrée évolution dans l’histoire de ces objets et dans nos rapports avec eux. Les agents conversationnels, par exemple, servent à exécuter des tâches simples et parviennent aujourd’hui à dialoguer un peu avec les utilisateurs. Qui a parlé de Chatbots ? Les dernières compagnes publicitaires pour le Google Home misent beaucoup dessus.

Les IA doivent cependant encore apprendre. L’année dernière, des chercheurs de l’université de Cornell (USA) ont fait passer un test de QI à Google Assistant, Siri, Duer ou encore Bing. Ils ont obtenu respectivement : 47.28 points, 23.9 points, 32.92 et 31.98. Pas mal, mais toujours moins que le QI moyen d’un enfant de 6 ans : 55,5 points. Pas de panique pour les détracteurs –du moins, pas encore-. Terminator n’est pas prêt d’être inventé.

Terminator

Le T-800 de Terminator, ce n’est pas pour demain -ouf-

Comment ça marche ?

Le cerveau est un muscle. De la même manière, les IA ont besoin d’exercice pour progresser. Le processus pour les nourrir, et les rendre ainsi plus performantes, s’appelle le machine learning (l’apprentissage machine). Il consiste à donner des données à un algorithme qui se les accapare, les analyse, les vérifie et en enregistre les conclusions. En lui en procurant en nombre, son système s’affine, afin qu’il puisse réussir au mieux la tâche qui lui est donnée.

Appliqué depuis les années 1950, le machine learning a vu apparaître des dérivés comme le deep learning (l’apprentissage profond). C’est une technique destinée à créer des algorithmes autonomes. Ces derniers agissent comme un réseau virtuel, ou plus exactement, comme un système neuronal humain –un brin effrayant-. Les informations données à la machine sont traitées par une couche de neurones artificiels, qui va ensuite les renvoyer à une autre couche, etc. Plus on retrouve de neurones, plus le système est profond.

Un exemple ? Prenons 1 000 images de voitures de différentes couleurs. Nous souhaitons que la machine relève uniquement les voitures vertes du lot. Pour cela, on lui fournit toute une quantité d’informations sur les caractéristiques d’une voiture verte. L’objectif final est que la machine soit capable de repérer tous les véhicules verts, quel que soit l’angle des photos, la distance, la luminosité sur l’image (…). Les couches de neurones travaillent ensemble et comparent leurs résultats avec les données fournies au départ.

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« Alors Jarvis ? Où se trouve la voiture verte ? » Photo by Nikita Kachanovsky on Unsplash

Les débouchés de l’intelligence artificielle

L’IA offre des facilités au quotidien (bonjour le GPS), mais trouve une place importante dans diverses industries et domaines.

  • L’industrie automobile s’en sert dans ses chaînes d’assemblage

  • Les jeux vidéo en abusent afin de rendre leurs univers plus vrais que nature (personnages, niveaux générés aléatoirement)

  • En médecine, pour certaines opérations qui requièrent une grande précision

  • L’éducation : nouvelles méthodes d’apprentissage, création de tuteurs virtuels

  • L’armée américaine, avec la DARPA qui crée des technologies à usage militaire (appareils autonomes)

Les vidéos postées par BostonDynamics me laissent bouche bée. C’est vers cela que nos sociétés tendent. Pour Bill Gates, l’IA est une opportunité pour améliorer nos vies quotidiennes. Pour d’autres, plus récalcitrants, le « développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à la race humaine », estime Stephen Hawking

Sans aller jusqu’à parler de fin dystopique digne de Matrix, il est impossible de nier les dérives engendrées par l’intelligence artificielle. Certains s’en servent pour créer des deepfake sur la toile : des modifications numériques de photos, qui ont abouti en début d’année à l’explosion de vidéos détournées ultras réalistes à caractère pornographique. En Chine, un journaliste de la BBC a fait l’expérience du réseau de surveillance de Guiyang. Pris en photo et enregistré comme individu suspect, il a été retrouvé en moins de 7 minutes par les caméras -170 millions sont déjà installées dans l’empire du milieu-. Big Brother ? Tay, le chatbot de Microsoft, a été repoussé dans ses derniers retranchements en moins d’une semaine : des internautes sont parvenus à lui faire dire des propos déplacés et racistes. 

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La Chine dispose du meilleur système de vidéosurveillance au monde. Nous ne sommes pas loin de Minority Report. Crédit : BBC

L’IA de demain 


Les Intelligences Artificielles chamboulent déjà nos quotidiens (usage, travail, éducation), et ce sentiment devrait s’amplifier avec le temps, et plus rapidement que nous ne l’imaginons. Des chercheurs estiment qu’en 10 ans (le rapport en anglais), les IA seront capables de surpasser l’Homme dans quelques domaines. Ils pourront traduire (2024), conduire des camions (2027) et même rédiger des best-sellers (2049)… Avec en ligne de mire les plus grandes oeuvres d’anticipations et de Science-fiction, il n’est pas étonnant que des acteurs majeurs de la Silicon Valley comme Elon Musk plaide pour une régularisation de celles-ci de manière proactive. La révolution -des machines- est en marche. 

Article rédigé par
Nicolas L
Nicolas L
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