La Trilogie de la Poussière : une étoile nommée Pullman

La Truite vagabonde

Malcom, onze ans, accueille les voyageurs de passage à l’auberge de La Truite, juste en face des nonnes du prieuré auxquelles il rend fréquemment visite. Celles-ci veillent sur un mystérieux bébé nommé Lyra, dont la seule évocation déclenche d’étranges réactions à l’auberge… Pourquoi ce bébé concentre-t-il ainsi l’attention des voyageurs ? Et qu’est-ce que la Poussière, cette particule qui semble être au programme d’études d’une organisation secrète ?

Lorsque Malcom prend conscience de la menace qui plane sur Lyra, il décide de la sauver en embarquant sur des flots déchaînés avec Alice, la jeune plongeuse de la Truite, à bord de son fidèle canoë. Où les mènera cette aventure ?

Les précieux aléthiomètres, Pantalaimon le daemon, l’explorateur Lord Asriel et l’inquiétante Mme Coulter… Les trouvailles qui avaient fait le charme d’À la Croisée des Mondes ressurgissent à chaque embardée de La Belle Sauvage !

L’étoile du marin

Philip Pullman fait son retour en maître en nous livrant un véritable roman d’aventure, haletant et captivant, digne prequel à sa précédente trilogie. Et le professeur d’Oxford ne lésine pas sur les moyens pour se hisser à la hauteur de l’attente qui entoure La Belle Sauvage. Au milieu du récit, l’inondation provoquée par les pluies torrentielles qui s’abattent sur l’Angleterre nous font basculer dans le monde de l’étrange. C’est le départ d’une folle virée au détour de paysages glaçants ou simplement improbables, peuplés par toutes sortes de créatures. Une épopée qui fait inévitablement écho aux grands récits de L’Odyssée : comme dans les chants homériques qui célébraient le valeureux Ulysse, le cosmos a été dérangé et réserve donc à nos héros une cascade de dangers…

C’est d’ailleurs à un trio atypique et attachant que Pullman confie le pilotage de son histoire : un jeune garçon courageux et une adolescente caustique, réunis par l’amour qu’ils portent à Lyra, le bébé qu’ils ont pour compagnon d’équipage. « Je suis trop jeune pour tout ça », songe Malcolm au milieu d’un moment critique dont on ne vous révèlera pas les ressorts. Il est jeune, certes, mais il grandit au fil des épreuves et des pages, ce qui fait de La Belle Sauvage un beau roman d’apprentissage.

« Et tu retourneras à la poussière » !

Laissons-nous prendre au jeu des prophéties : à peine refermé le roman de Pullman, l’envie vous saisira d’y replonger aussitôt. La Belle Sauvage est de ces livres qui font confiance à leurs lecteurs pour en explorer le sens profond. Aucun manichéisme ne ternit l’histoire orchestrée par Pullman. Ainsi, si Malcolm pense mener une bien juste mission, il observe avec inquiétude les changements qui s’opèrent en lui ; quant à cette professeure qui combat le despotisme, elle a parfois l’impression d’opérer à l’aveuglette… 

On devine toutefois que le livre esquisse un idéal, qui se trouve du côté du droit à s’exprimer et à penser librement. La Belle Sauvage se contient d’ailleurs elle-même dans cette image : une professeure qui prétend parler strictement de livres avec son jeune élève et qui, en secret, l’éveille au monde.