Soprano fait son grand retour comme un Chasseur d’étoiles

Un retour dans les étoiles 

Soprano revient cette année encore la tête dans l’espace et reste dans son thème spatial pour son nouvel opus Chasseur d’étoiles. Un retour qui fait du bien et de bonnes nouvelles en prime puisqu’il prévoit d’accompagner cette sortie d’une tournée de plusieurs dates entre Paris, Marseille, Lyon et Bordeaux. L’album se dévoile au public tout en douceur en commençant par la sortie du titre Dingue en juin dernier. Une grande surprise pour les fans qui y redécouvre un ancien tube Un peu plus près des étoiles de Gold datant des années 80. Accompagné d’un clip original, il a été l’un des hits de l’été 2021. On attend alors la suite avec impatience !

L’Everest 

L’intro donne le ton,il y a le bruit de vent qui souffle et des pas qui font crisser la neige. L’image est claire. Si les éléments sont évidemment là pour rappeler la dimension physique de L’Everest et les efforts nécessaires à son ascension, il faut sans doute voir plus loin que de simples considérations météorologiques et sportives. La métaphore peut évidemment être filée. Pour le Psy4, son Everest à lui n’a pas été de gravir un des plus hauts sommets du monde mais d’arriver en haut du rap game et du monde de la musique tout en faisant fi des éléments contraires qui se sont ligués contre lui pour essayer d’entraver sa réussite tout au long de sa carrière. Tout ce qu’il a fallu faire, les efforts qu’il a fallu déployer sans se renier, sans perdre de vue ni sa morale ni ses principes rappelés ici à travers des mots forts : « Famille », « Unité », « Force », « Humanité »… C’est aussi tout le sens du morceau qui suit, qui porte le même titre que l’opus. Il enfonce le clou : il faut du courage et de la force, mais il est possible de réaliser ses rêves. Lui-même n’en est-il pas le meilleur exemple ? Plein de lucidité, il se pose en rappeur positif dont le but est de donner de l’espoir et un moment de paix à ceux qui l’écoutent. C’est une de ses missions en tant qu’artiste mais aussi en tant qu’homme, le tout sans trahir ses idées et les attentes de son public. Pour Soprano, « tout est possible quand tu sais qui tu es ».

Musique endiablée, sujets graves

Une des particularités de ses derniers albums, c’est que si la musique est plutôt dansante et rythmée de manière générale, les thèmes abordés sont toujours sérieux voire assez profonds. Evidemment, il y a des exceptions. Sur « En feu », il s’agit vraiment de faire la fête, de relâcher la pression, de passer un bon moment sans calcul, mais sur « Le Diable ne s’habille plus en Prada » par exemple, si la prod est très dansante, le sujet n’est pas à prendre à légère. Sopra y livre une version très nuancée de l’humanité et de son évolution qui font que les hommes n’ont plus besoin du diable pour être mauvais et qu’ils se suffisent largement à eux-mêmes dans ce domaine, signe d’une évidente décadence et d’un laisser-aller moral puisque « l’élève a dépassé le maître » et « les hommes font pire que Lucifer ». On touche là à l’un des thèmes centraux: la folie destructrice des hommes, coupable de la plupart des malheurs du monde. S’ils ne sont pas les seuls, ils portent tout de même une très lourde responsabilité peut-être à cause de leurs cœurs déchirés qui ont besoin d’un « Cœurdonnier » pour être réparés… Ce thème se décline aussi pour les femmes dans « Rihanna » où la chanteuse prise pour modèle par de nombreuses jeunes filles les met peut-être sur une mauvaise voie. Un peu à l’instar d’un Stromae sur un morceau comme « Alors on danse », très rythmé musicalement mais assez triste dans le fond, Sopra continue son état des lieux tout en lucidité. Et le message, s’il est un peu radouci – aujourd’hui la douleur n’est plus aussi vive, mais la cicatrice est toujours là, ne nous y trompons pas – reste finalement incisif et des beats dansants cachent des textes d’une profonde gravité.

Un homme de valeur(s)

Car Soprano n’est pas qu’un amuseur, c’est aussi un artiste engagé qui défend les valeurs auxquelles il croit et se bat pour ses convictions. Finalement, il est toujours à la limite de la mélancolie, un sentiment dans lequel il donne certainement sa pleine mesure. Mais Soprano se veut aussi un artiste positif cherchant à apporter de l’amour et de la joie à son public. C’est sa mission comme l’explique parfaitement le titre « Parle-moi ». Le but est de donner un peu de bonheur dans un monde de brutes et de se servir de la musique pour oublier, ne serait-ce qu’un instant. Pour autant, le Marseillais ne veut pas que l’on oublie que derrière l’artiste positif qu’il est devenu se cache un redoutable rappeur doué d’une technique impressionnante, c’est tout le sens d’un morceau caché bien egotrip ou d’un titre comme « Attitude ». Enfin, il faut parler de deux titres un peu à part. Il y a d’abord « Mon Public » qui explique ni plus ni moins l’histoire d’une relation amoureuse, en guitare-voix pour créer plus de proximité. L’occasion aussi pour Sopra d’insister sur d’autres thèmes forts de ce disque, l’unité et le partage. Enfin, conscient qu’il doit laisser une trace, il écrit « Post Scriptum », un message à ses enfants dans lequel il rappelle tout ce que l’on vient de dire, les valeurs auxquelles il croit, ce qui lui a donné de la force et qu’il souhaite transmettre à sa descendance. Un texte à la fois très personnel et très universel. Au final, monter au sommet de l’Everest a pris du temps, mais si on suit bien la réflexion de Sopra, il semble bien que le voyage ne fasse que commencer…