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Le retour en force de Karine Giebel

16 février 2016
Par Melanie C.
Le retour en force de Karine Giebel
©dr

Avec De force, Karine Giebel entraîne le lecteur dans la mécanique implacable d’un drame familial étouffant et vénéneux sous la chaleur caniculaire de la Côte d’Azur. En experte, elle y maîtrise une nouvelle fois, et sur le bout des doigts, l’art du faux-semblant et de la tension narrative. Voici quelques preuves indiscutables qui devraient décider ceux qui ne connaissent pas encore Karine Giebel à lire De force… de leur plein gré.

Une bête à concours

Depuis son premier roman en 2004, Karine Giebel collectionne les prix littéraires comme un général soviétique les décorations sur sa vareuse. Rappelons que son troisième roman, Les morsures de l’ombre (2007), a raflé pas moins de trois récompenses dont le très prisé Prix SNCF du polar en 2009. CV bien rempli, qualité garantie…

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Jamais de happy end

Les fins convenues, heureuses ou sirupeuses, très peu pour elle ! En refusant toute facilité romanesque, Giebel fait de ce parti pris sa marque de fabrique et le bonheur de ses fans, De force ne dérogeant toujours pas à cette règle.

Des thrillers psychologiques plutôt que des polars

D’évidence, les enjeux moraux et les ressorts psychologiques intéressent davantage la romancière que les rapports d’enquêtes criminelles. Le point de vue d’une victime ou d’un prédateur la concernent bien plus que celui d’un représentant de l’ordre public.

Noir c’est noir, il y a peu d’espoir…

Spécialiste du twist final à couper le souffle, il faut également reconnaître à Karine Giebel une aisance particulière à tenir son récit sous tension constante. Au détour de chaque phrase, de chaque dialogue, on pressent le pire à tout moment, et sans jamais pouvoir l’anticiper, pour des personnages aux caractères toujours finement ciselés et aux destins souvent précaires.

De force – Extrait

Elle ne m’aimait pas. Pourtant, je suis là aujourd’hui. Debout face au cercueil premier prix sur lequel j’ai posé une couronne de fleurs commandée sur internet. Car moi, j’ai voulu l’aimer. De toutes mes forces. De force. Mais on n’aime pas ainsi. Que m’a-t-elle donné ? Un prénom, un toit et deux repas par jour. Je ne garderai rien, c’est décidé. À part le livret de famille qui me rappelle que j’ai vu le jour un 15 mai. De mère indigne. Et de père inconnu.

Lorsque j’arrive devant la porte de mon ancienne chambre, ma main hésite à tourner la poignée. Je respire longuement avant d’entrer. En allumant la lumière, je reste bouche bée. Pièce vide, tout a disparu. Il ne reste qu’un tabouret au centre de la pièce. J’essuie mes larmes, je m’approche. Sur le tabouret, une enveloppe. Sur l’enveloppe, mon prénom écrit en lettres capitales. Deux feuilles. Écrites il y a trois mois. Son testament, ses dernières volontés. Je voulais savoir. Maintenant, je sais. Et ma douleur n’a plus aucune limite.

La haine.
Voilà l’héritage qu’elle me laisse.

Paru le 3 mars 2016 – 528 pages

Article rédigé par
Melanie C.
Melanie C.
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