Critique

En vrille : le meilleur de Meyer

05 janvier 2016
Par Melanie C.
En vrille : le meilleur de Meyer
©DR

POLAR SUD-AFRICAIN – Deon Meyer revient sur le devant de la scène avec une nouvelle enquête du capitaine Benny Griessel sur fond de sexe, d’alcool et de meurtre. En vrille est un chef-d’œuvre du polar, et on vous explique pourquoi.

Deon Meyer revient sur le devant de la scène avec une nouvelle enquête du capitaine Benny Griessel sur fond de sexe, d’alcool et de meurtre. En vrille est un chef-d’œuvre du polar, et on vous explique pourquoi.

1. Parce que Benny Griessel est au top (enfin presque)

En vrille est le dixième roman du Sud-Africain Deon Meyer, mais le cinquième mettant en scène Benny Griessel. Ce capitaine des « Hawks », l’unité d’élite de la police sud-africaine spécialisée dans le crime, est un alcoolique repenti, enquêteur talentueux qui forme avec son collègue Vaughn Cupido un duo d’exception. Capable de se mettre dans la peau des criminels et de penser comme eux, d’analyser comme personne une scène de crime et de ne rien laisser au hasard, le prix à payer pour ces facultés criminelles est la culpabilité grandissante de survivre dans un monde gangrené par la violence.

Abattu par le suicide de l’un de ses collègues, les premières pages d’En vrille le voient replonger dans l’alcool, au détriment de sa famille, de son travail, de ses amis et de ses quelque deux ans d’abstinence. La vue brouillée, la conscience embrumée, Benny n’est plus capable que de rares moments de lucidité et survole une enquête qui s’embourbe. Si le thème du policier poivrot est connu, son traitement, poisseux et pragmatique, est ici remarquable.

2. Parce qu’il s’agit d’une superbe enquête policière

Heureusement, le capitaine Benny Griessel n’est pas seul. Autour de lui, Vaughn Cupido, Reginald Davids, Frank Fillander, Mooiwillem Liebenberg et le major Mbali Kaleni. Deon Meyer ne construit pas son histoire autour du personnage de Benny, mais ce sont ses personnages, enquêteurs chevronnés, qui construisent l’histoire.

Comme on l’imagine d’une véritable enquête policière, la quête du tueur d’Ernst Richter avance par soubresauts, piétine, fait un bond en avant pour faire trois pas en arrière. Le sort s’acharne et retourne sa veste. Comme n’importe quel métier, celui d’enquêteur fonctionne mieux lorsqu’il est collectif, pratiqué en équipe. Une intrigue qui tord le cou au mythe de l’enquêteur solitaire mais gagne en force et en réalisme. Et invite le lecteur à l’addiction.

3. Parce que l’écriture de Meyer fourmille de détails

L’homme qui se cache derrière En vrille n’est pas un ancien policier. Ni un ancien criminel. Si Deon Meyer a un merveilleux talent pour embarquer le lecteur, c’est parce qu’il est un ancien… journaliste. C’est de ce métier longtemps exercé qu’il tire une capacité à effectuer les bonnes recherches et emmagasiner des savoirs. Comme un entomologiste, Deon Meyer ausculte la société et la raconte de son écriture rugueuse, sans forcer le trait, sans didactisme. L’enquête criminelle, la vie des « Hawks », l’histoire de l’Afrique du Sud, les réminiscences de l’apartheid et la politique du gouvernement…

Et comme si cela ne suffisait pas, l’auteur abreuve le récit d’une multitude de détails passionnants sur les nouvelles technologies, le monde viticole et son impact économique en Afrique du Sud ou en Chine, la prolifération des sites de rencontres et de faux alibis. Deon Meyer, jusque-là maître du crime sud-africain, va pouvoir se séparer grâce à En vrille de son qualificatif régional : voilà Deon Meyer, maître du crime !

En vrille

Parution le 7 janvier 2016 – 448 pages

Traduit de l’afrikaans par Georges Lory

En vrille, Deon Meyer (Seuil) sur Fnac.com

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Article rédigé par
Melanie C.
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