Ino-Head Gargoyle, le flic le plus mal-aimé de son quartier

MANGA – L’univers de Geat Teacher Onizuka (et sa suite Lost paradise) a eu tellement de succès, y compris hors du Japon, que son créateur, Tôru Fujisawa, n’a pas hésité à explorer la jeunesse houleuse de son héros phare (Young GTO) ou les périodes restées mystérieuses pour ses fans (GTO Shonan 14 days). Mieux ! En 2011, il commence à publier un spin-off centré sur un personnage secondaire mais néanmoins culte de Young GTO : Toshiyuki Saejima.

Naissance d’une légende

Celui qui fut (il aime d’ailleurs le rappeler constamment) « le chien enragé de Kamagura » est un ancien loubard, ami proche d’Onizuka, dont on apprend, dans GTO, qu’il est devenu policier. Cela n’a l’air de rien dit comme cela mais, pour ceux qui se rappellent son pedigree dans Young GTO, cette vocation défie tous les pronostics. À l’époque de Young GTO, Saejima est en effet peu digne de confiance, relativement pervers et capable de racketter aussi bien ses victimes que ses propres amis. Au-delà de ce profil de délinquant sans envergure, il est remarquable pour sa laideur, sa coupe de cheveux ringarde (une banane de rockabilly), et son inépuisable grande gueule… Quelques années plus tard, le voilà dans la peau du anti-héros le plus ultime imaginé par Tôru Fujisawa : un simple flic, peu respectable et peu respecté, entraîné dans des événements qui le dépassent dans Ino-Head Gargoyle.

Le flic, le yakuza et la call girl

Dans le parc de Inokashira, à Musashino dans la banlieue de Tokyo, circule une légende à propos d’une gargouille qui hanterait l’annexe de la police. La rumeur est aussi tenace que le look de Toshiyuki Saejima, l’un des policiers en poste. En réalité la gargouille et le policier ne font qu’un. Son visage dur et son caractère bien trempé font peur aux riverains, enfermant notre héros dans la déprime. Sa réputation de looser en amour le poursuit également partout. Risée des enfants du voisinage et de son binôme (un « bogosse », fils à papa, qui change de petite amie comme chemise), abonné aux cinémas érotiques et aux prostitués, il rêve du grand amour qui va enfin lui permettre de faire l’amour… gratuitement !

La (mal)chance se manifeste lorsqu’il rencontre Shizuka Arimori, une belle plante à qui il rend un petit service et qui lui promet un « cadeau ». En se rendant chez elle, pensant tomber dans ses bras, il tombe sur Ren, un yakuza, petit ami et souteneur de Shizuka. Malgré la déception (Shizuka est une des call girls les plus prisées de la ville) Toshiyuki a trouvé un but dans la vie : conquérir le cœur de la belle et l’arracher aux griffes de la mafia…

La gargouille se rebiffe

Contrairement à la saga GTO, Ino-Head Gargoyle s’adresse à un public plus adulte. Si on retrouve dans ce manga, annoncé en cinq volumes, la violence graphique et l’humour décapant de Tôru Fujisawa, les enjeux et la dimension érotique y relèvent beaucoup plus du roman policier de gare que de la comédie en milieu scolaire. Oubliez en revanche le caractère imperturbable et séducteur (quoique tout aussi obsédé) de Ryô Saeba, le héros de City Hunter (alias Nicky Larson) auquel on pense irrémédiablement en lisant Ino-Head Gargoyle. Toshiyuki Saejima peut être aussi minable que courageux, aussi stupide qu’honorable. En un mot, Saejima est plus humain et réaliste que la plupart des personnages de Fujisawa, y compris Onizuka.

À ce titre, ce premier volume très prometteur (et toujours magnifiquement tenu sur le plan graphique) propose en bonus une histoire courte inédite : une visite de courtoisie d’Onizuka chez Saejima, à l’époque de Young GTO, entièrement mise en scène selon le point de vue d’Onizuka (qui n’apparaît dans aucune case). Nous vous laissons la surprise de ce monologue hilarant et incroyablement touchant.

Dessins et planches © Tôru FUJISAWA / Kodansha Ltd

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Paru le 9 septembre

Ino-Head Gargoyle –  Tôru Fujisawa (Pka) sur Fnac.com