Article

Sept Femmes – Lydie Salvayre nous emporte au gré de ses passions littéraires

10 mai 2013
Par Camille Plaisance
Sept Femmes -  Lydie Salvayre nous emporte au gré de ses passions littéraires
©DR

Sept Femmes hantent le livre de Lydie Salvayre. « Sept folles. Pour qui vivre ne suffit pas. » , et au fil des pages, on découvre également cette femme qu’est l’auteur qui dévoile aussi son histoire, ses doutes, ses douleurs, ses envies mêlées à celles des écrivains dont elle dresse le portrait passionnément.

Sept Femmes hantent le livre de Lydie Salvayre. « Sept folles. Pour qui vivre ne suffit pas. » , et au fil des pages, on découvre également cette femme qu’est l’auteur qui dévoile aussi son histoire, ses doutes, ses douleurs, ses envies mêlées à celles des écrivains dont elle dresse le portrait passionnément. Portée par la musique de Michael Nyman (La leçon de Piano), Philip Glass (The Hours), ou Craig Armstrong (As If To Nothing), je viens vous parler de Lydie Salvayre et ses Sept Femmes, ses « sept folles » ; car les mots de Lydie Salvayre comme la musique de ces compositeurs ont la puissance intrinsèque de nous atteindre en plein cœur, au plus profond de ce qui nous constitue et nous faire vivre.

Le livre commence par la perte de l’écriture avouée par Lydie Salvayre alors écrivain en mal de mot :

« Je traversais une période sombre. Le goût d’écrire m’avait quittée. Mais je gardais celui de lire. »

C’est dans un besoin d’évasion et dans cet état de disposition totale (sans préoccupation de livre à venir) que l’auteur entreprend de lire et relire les œuvres de femmes écrivains qui ont marqué son parcours littéraire. Elle avale en une année toutes leurs œuvres incluant aussi les biographies, les correspondances et tout ce qui concerne ces sept femmes. Elle vit donc entourée de ces sept femmes pendant un an jusqu’à l’obsession. Elles sont des forces, et ont cette écriture sur le fil toujours entre la vie et l’amer, ou la mort. Et puis alors, touchée par leurs passions dévorantes et leur envie d’écrire à tout prix, tous leurs mots se réveillent sous la plume de Lydie Salvayre qui se met à faire de leurs vies un roman.

« Ce que j’aimais sans mesure chez ces sept femmes (…) c’était leur puissance poétique, c’était la grâce de leur écriture, c’était le retournement qu’elle opérait sur les forces de mort et leur pouvoir de conjuguer l’œuvre avec l’existence, c’était le bouleversement qu’elles provoquaient en moi et le surcroît de vie qu’elles ne cessaient depuis longtemps de m’insuffler. »

Dans Sept Femmes, au travers de ces biographies d’écrivains c’est aussi le regard amoureux, et passionné de Lydie Salvayre que nous découvrons : son amour de la littérature et de la vie. Elle nous fascine pour ces sept femmes comme elle-même semble prendre plaisir à (re)découvrir leurs mots et leurs vies. Tout au long du livre, Lydie Salvayre tend à cet équilibre qui oscille entre laisser la place, la voix à ces femmes qu’elle admire et affirmer ses mots, son histoire à elle pour trouver sa propre voie.

Ses héroïnes, Lydie Salvayre, les vit, les raconte, les partage avec nous, et nous donne l’envie furieuse de nous plonger dans leurs écrits, et leurs histoires personnelles même.

Emily Brönte (1818-1848), Marina Tsvetaeva (1892-1941), Djuna Barnes (1892-1982), Sylvia Plath (1932-1963), Colette (1873-1954), Virginia Woolf (1882-1941), et  Ingeborg Bachmann (1926-1973) ont en commun cet acharnement à ne pas séparer le moi de l’écrivain du moi de la personne. Elles ne peuvent pas vivre d’un côté et écrire de l’autre. D’ailleurs « Tsvetaeva, la plus radicale, le formula ainsi : il ne s’agit pas de vivre et d’écrire, mais de vivrécrire (…) et vivre sans écrire revenait à mourir » ajoute Salvayre. Pour ces femmes, le lien entre création et douleur est très mince.

Tout est dans l’absolu, dans la passion, dans l’acharnement, dans l’immédiateté des vies de ces femmes et dans la langue poétique qu’a Lydie Salvayre de les rapporter comme ici en décrivant les dernières heures de Virginia Woolf (un des plus beaux passages du livre): « Ce même jour, elle entre dans l’Ouse, les poches pleines de pierres. Les eaux se referment sur elle. Et rien ne vient soulever leur poids. »

Comme le plaisir qu’éprouve Salvayre à la lecture (et relecture) d’Orlando de Virginia Woolf, je partage le même bonheur à découvrir l’élan et l’écriture passionnée de ces écrivains (souvent méprisées en leurs temps), et me vient alors le désir de me plonger tout entière dans ces textes trop peu mis en lumière jusqu’ici peut-être.

«  Et ce bonheur et cet élan se lisent à chaque ligne, et ils sont contagieux » (…) « Car un auteur aimé vous amène vers ses livres aimés, et ainsi infiniment jusqu’à la fin des jours, formant ce livre immense, inépuisable, toujours inachevé, qui est en nous comme un cœur vivant, immatériel mais vivant »

Dans l’émission l’Atelier de Lydie Salvayre sur France Inter où l’auteur nous révèle l’endroit où elle écrit (son lit) elle lâche cette phrase qui résume sa personnalité épicurienne: « J’associe l’écriture à la volupté, et j’ai cette idée absurde peut-être que si j’écris dans le plaisir, je contaminerai le lecteur ».

Sources annexes :

Emission L’Humeur Vagabonde sur France Inter par Kathleen Evin

 

Emission l’Atelier de Lydie Salvayre sur France Inter par Vincent Josse 

Article rédigé par
Camille Plaisance
Camille Plaisance
libraire sur Fnac.com
Sélection de produits