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La Geste de Jack Vance : cinq démons sinon rien !

28 juin 2012
Par Gerald
La Geste de Jack Vance : cinq démons sinon rien !

Jack Vance est l’un des grands maîtres de la Science-fiction contemporaine et la Geste des Princes-Démons est l’un de ses meilleurs romans. De mon point de vue, c’est même le meilleur de Vance. De loin… Cinq tomes d’ineffable plaisir, par l’un des plus grands conteurs des années 60.

Jack Vance est l’un des grands maîtres de la science-fiction contemporaine et la Geste des Princes-Démons est l’un de ses meilleurs romans. De mon point de vue, c’est même le meilleur de Vance. De loin…

Des personnages mémorables (pour une fois, Vance nous comble !),

La Geste des Princes-Démons, ce sont cinq tomes d’ineffable plaisir. De la science-fiction matinée de roman policier, avec des personnages inoubliables. J’ai dit « personnages inoubliables » ? Si vous connaissez un peu Jack Vance, vous venez de hausser le sourcil. Vous vous dites « Vance est un écrivain formidable, un fabuleux créateur de mondes, un démiurge capable de faire naitre sous sa plume des civilisations d’une originalité renversante, mais tout de même, ses personnages sont souvent très faibles. Pour ne pas dire indigents. Le charisme d’une huitre neurasthénique, en étant gentil. Au mieux, allez, des archétypes sans âme. Du vent.

Oui, c’est vrai. Vous avez raison. Mais pas dans la Geste. Enfin, à l’exception de son personnage principal. Kirth Gersen, le héros de l’histoire, possède un nom extraordinaire, mais guère plus d’épaisseur qu’Adam Reith, le héros du Cycle de  Tschaï.

Kirth Gersen a consacré sa vie à la vengeance. Cinq pirates de l’espace ont jadis massacré sa famille, colons sur une planète paumée de l’Au-delà, sur les frontières de l’espace connu. Il n’était qu’un môme, il a survécu. Depuis ce jour, et jusqu’à ce que le premier roman s’ouvre, il n’a fait que se préparer à sa revanche. Il ne se pose pas de question (et quand il le fait, c’est tellement mal amené que c’en est presque risible…). Kirth Gersen n’est qu’un moteur d’action, nécessaire, mais sans texture. Dans la Geste, ce sont les méchants, les personnages inoubliables. Et quels méchants !

Des cinq pirates, Gersen ne connait que le nom. Et tous les cinq ont fait carrière dans le crime –  ils sont devenus les Princes-Démons, des criminels d’ampleur galactique, des sortes de super-vilains tout droit sortis de James Bond ou d’un bon comic-book de super-héros, entre le Joker et Dr No. Chacun de ces criminels est un artiste dément, frustré, œuvrant à modeler l’univers selon ses conceptions tordues, des créatures venimeuses étendant leurs rets à travers la galaxie. Répugnants et charismatiques en diables, ils volent tous la vedette à Gersen, qui parait bien fade en comparaison de ses fascinants adversaires.

Dans chacun des cinq bouquins du cycle, Gersen va se retrouver confronté à l’une de ses cinq Némésis. Ce sera dans chaque volume l’occasion pour Vance de déployer tout son talent de conteur et de créateur d’univers. Et de faire passer ad patres l’un des Princes-Démons.

Un univers d’une magnifique complexité,   

Vance parvient à nous immerger dans les mille et unes facettes de la civilisation de l’Ecoumène, la société galactique du 36ème siècle. Vous saurez tout de des multiples civilisations qui le peuplent (des humains, presque exclusivement), de leur culture, de leurs coutumes étranges. Vance entre dans tous les détails de la vie quotidienne sans jamais vous noyer – armement, drogues, vaisseaux spatiaux, monnaie, sports, organisations galactiques, police. Les informations sont insérées dans la trame narrative ou dans de petits encarts introductifs d’ambiance en en-tête de chaque chapitre. Les cinq romans fourmillent d’une myriade de détails futiles ou indispensables.

La profondeur de l’univers a rarement été égalée dans une autre œuvre de science-fiction.

Vance est un diable de créateur et il parvient à donner naissance à des civilisations absolument fascinantes – avec toujours cet humour à froid, ce second degré qui le caractérise. Ses personnages secondaires sont souvent mesquins, l’esprit étriqué, la vision réduite par le poids de la coutume. Vance, de toute façon, n’aime que les voyageurs, les explorateurs, les gentilshommes de fortune, les baladins – en un mot, les curieux. Les sédentaires ont souvent le mauvais rôle, chez lui.

Et une narration dynamique !

Au-delà même des simples atours, aux qualités évidentes, Vance nous fait entrer dans son univers avec une narration extrêmement dynamique, ballotant le lecteur avec moults rebondissements de situations. Les Princes-Démons ne se contentent pas d’attendre que Gersen vienne écrire leur épitaphe. Ils agissent.  

Gersen est un grain de sable dans leurs plans tordus – double mouvement, toujours, entre un Prince cherchant à accomplir ses objectifs propres, parfaitement mégalomanes, et un héros usant de mille ruses pour approcher ces criminels intouchables, au-dessus de toutes les lois. Il y a définitivement du James Bond, dans la Geste des Princes-Démons !

Romans courts, denses et foisonnants, les cinq tomes de la Geste des Princes-Démons forment l’une des œuvres majeure de la science-fiction. Et une façon d’entrer dans l’univers de l’un des plus imaginatifs écrivains de SF des années 60.


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Article rédigé par
Gerald
Gerald
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