Tout commence en 1849 lorsqu’Archibald Leopold Ruthmore achète une énorme dent couverte de gravures étranges à un matelot qui prétend qu’il s’agit d’une authentique « dent de géant ». Il n’en faut pas plus pour que l’imagination du héros se mette en branle : « Je rêvais de mondes perdus, d’îles oubliées, de terres inconnues ». Il décide de quitter l’Angleterre pour partir à la recherche du pays des géants.
Le voyage se révèle très éprouvant. Il parcourt des milliers de kilomètres en bateau, puis à pied, jusqu’aux sources du fleuve Noir. La traversée de la jungle birmane est un véritable calvaire.
Après avoir assisté impuissant au massacre des hommes qu’il avait engagés pour l’accompagner, il se retrouve seul, en proie à la faim, au froid et à la fatigue. A bout de forces, il atteint le fameux pays des géants.
Il est recueilli par des « colosses à voix de sirène » qui utilisent un langage musical et sont tatoués des pieds à la tête, en passant par les dents !
Il partage leur quotidien pendant près d’un an, fasciné par leur mode de vie : « Ils semblaient parfaitement et immuablement heureux. »
Sa terre natale finit par lui manquer : il fait ses adieux aux géants et repart pour un long périple. Après plus de deux ans d’absence, il retrouve son cabinet de travail et s’attelle à la rédaction d’un ouvrage relatant son expédition, Voyage au pays des géants, dans lequel il décrit les mœurs et coutumes de cette tribu hors du commun.
Sa découverte est très controversée : il se heurte à l’incrédulité de ses contemporains. Il entame alors une tournée de conférences qui lui permet de financer une seconde expédition. Mais une bien mauvaise surprise l’attend à son arrivée : les derniers géants ont été exterminés.
Archibald Leopold Ruthmore se sent coupable d’avoir révélé leur existence : « aveuglé par son désir de gloire », il a été malgré lui l’instrument de leur fin tragique.
Cet album est une invitation au voyage, un passeport pour l’aventure : les illustrations à la plume et à l’aquarelle évoquent des gravures du XIXe siècle. Le cabinet de travail de l’explorateur est un bric-à-brac composé d’objets dessinés avec un extraordinaire souci du détail (maquette de bateau, globe terrestre, sextant, malles, carapace de tortue…).
La dimension panoramique des paysages est mise en valeur par le format à l’italienne de l’ouvrage. L’homme paraît tout petit au milieu de ces vastes étendues, presque insignifiant. Il n’en a pas moins une fâcheuse propension à semer la destruction.
François Place est un artiste complet : il met son talent de conteur, son écriture poétique, son dessin d’une grande précision et d’un grand réalisme au service de son imaginaire foisonnant.
