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Sonny Angels, Funko Pop… Comment ces figurines sont-elles devenues de véritables phénomènes de collection ? 

10 février 2024
Par Kesso Diallo
Depuis quelques mois, les Sonny Angels s'arrachent dans les magasins.
Depuis quelques mois, les Sonny Angels s'arrachent dans les magasins. ©Qiongna Liao/Shutterstock

Depuis quelques mois, les Sonny Angels, figurines qui ont près de 20 ans, s’arrachent dans les magasins. Explications sur ce phénomène.

Ils sont partout depuis plusieurs mois. Ils, ce sont les Sonny Angels, ces figurines de bébés portant différents couvre-chefs et souvent nus. Alors que leur création remonte à 2005, de nombreuses personnes se sont mises récemment à les collectionner en Europe ainsi qu’aux États-Unis. En 2023, trois millions de ces figurines ont été vendues dans le monde, que l’on retrouve dans les chambres, mais aussi sur les smartphones et les ordinateurs. Comment expliquer un tel engouement pour des figurines qui, à première vue, ne servent à rien ? 

Un succès parti du Japon

Les Sonny Angels sont originaires du Japon. Ils ont été créés par Toru Soeya, PDG de la société Dreams et surnommé « Sonny », pour redonner le sourire à ses employés. Les figurines ont dépassé les frontières de son entreprise pour conquérir le monde : si elles ont d’abord séduit les collectionneurs et collectionneuses, nombre de personnes les achètent aujourd’hui, à 11,90€ minimum, et certaines les revendent sur Vinted ou eBay à un prix beaucoup plus élevé, qui peut dépasser les 100€. 

Vendues dans des boîtes surprises, les vidéos montrant leurs acheteurs et acheteuses les déballer sont nombreuses sur les réseaux sociaux. Rien que sur TikTok, le hashtag #SonnyAngel compte plus de 770 millions de vues et près de 300 millions avec #Angels au pluriel à l’heure d’écriture de ces lignes. La popularité de ces figurines est en partie liée aux influenceurs et influenceuses qui les collectionnent et montrent à leurs abonnés celles qu’ils ont obtenues. « Il y a une part qui est liée au marketing. L’objectif, c’est la pub et d’essayer de faire que le public accroche à ces figurines », explique Jérôme Palazzolo, médecin psychiatre spécialisé en psychopharmacologie et en thérapies cognitivo-comportementales. 

Des personnalités publiques, comme Léna Situations, Mayadorable ou encore l’ancienne Miss France Camille Cerf ont en effet dévoilé leurs collections ou se sont filmées découvrant leurs nouvelles figurines dans des vidéos à plusieurs reprises. Ces bébés sont tellement populaires que Fioko Shop, revendeur officiel de la marque, n’a pas besoin de les démarcher. Au lieu de payer celles et ceux qui viennent à lui et font la promotion des Sonny Angels, il les rémunère avec quelques boîtes de Sonny Angels, selon les déclarations d’un employé au Parisien.

Un besoin d’identification

Si les influenceurs et influenceuses ont participé à la démocratisation de ces bébés, ce n’est pas la seule raison de leur popularité. Bien que les figurines, comme les Sonny Angels ou les Funko Pop, ne semblent servir à rien, elles peuvent répondre à un besoin d’identification à une œuvre que l’on a vue ou lue et que l’on a appréciée. Le Chewbacca de Star Wars, le Joker de Batman, Hermione Granger de Harry Potter… Arrivées au début des années 2010, les secondes se sont imposées sur le marché, comptant de nombreux fans et envahissant les chambres, les magasins et Internet. 

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Dans le cas des Sonny Angels, « ce n’est pas la personne qui va elle-même s’identifier au bébé en particulier, mais par exemple la personne qui aime bien les bébés, les trouvent sympas, agréables et beaux à regarder, indique Jérôme Palazzolo. On ne s’identifie pas spécifiquement à la figurine, mais à ce qu’elle va représenter ».

Le phénomène kawaii (« mignon » en français) y est aussi pour quelque chose. Populaire au Japon, ce mot peut être utilisé pour des personnes, des animaux et même des objets. « Ce sont des sortes d’émotions universelles qui transcendent les âges, les lieux… Il y a toujours eu ce type d’identification, comme avec les Tamagotchis », note le psychiatre, ajoutant que l’objectif avec ces figurines est d’accrocher, de s’identifier à quelque chose dans le sens des émotions qu’elles vont susciter chez nous. 

Un engouement temporaire

Bien évidemment, le plaisir de collectionner fait aussi partie du jeu. « Le fait de pouvoir collectionner, c’est quelque chose qui rassure, qui est source de plaisir dans ce cadre-là », assure Jérôme Palazzolo. Les collectionneurs et collectionneuses de longue date n’attendent d’ailleurs qu’une chose, que l’engouement pour les Sonny Angels retombe, ce qui finira par arriver selon le psychiatre. 

Tel est le cas d’Audrey, 45 ans, administratrice de la page « Sonny Angel Wanted (France) » sur Facebook depuis cinq ans. Collectionnant ces figurines depuis dix ans, elle en possède plus de 1 500 aujourd’hui. Elle regrette le succès de ces chérubins, qui a provoqué des pénuries. « Je déteste les nouveaux acheteurs », a-t-elle déclaré d’un air taquin au Parisien. « Parfois, j’ai un peu peur du phénomène de mode, je me dis que ça va redescendre comme un soufflet », a-t-elle confié.

« C’est vraiment décourageant de voir les gens faire autant gonfler les prix (…) Avant, j’en achetais quelques-uns chaque année en guise de cadeau spécial lorsque je les voyais dehors, mais maintenant, j’ai l’impression que c’est impossible », déplore un autre collectionneur de longue date sur Reddit.

Reste à voir si le marché de ces figurines retrouvera son état d’antan une fois le phénomène de mode passé ou si certaines prendront de la valeur et se vendront à prix d’or, comme les cartes Pokémon.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste
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