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Cet été, le festival photo La Gacilly donne à voir ses “visions d’Orient”

08 juin 2022
Par Apolline Coëffet
Cet été, le festival photo La Gacilly donne à voir ses “visions d’Orient”
©Hashem Shakeri

Jusqu’au 30 septembre, la ville bretonne met l’espace culturel persan à l’honneur au travers d’une vaste exposition photographique en plein air, que nous avons eu le loisir d’arpenter.

Comme chaque année depuis près de 20 ans, le festival photo La Gacilly célèbre le retour de l’été avec une série d’expositions en plein air. Toutes s’articulent autour d’une thématique bien précise qui témoigne des engagements environnementaux et sociétaux soutenus par la manifestation. Pour cette 19e édition, le fil conducteur n’est autre que Visions d’Orient. À cette occasion, des photographes iraniens, afghans et pakistanais ont été invités à exposer leurs œuvres. Quelques artistes français entretenant un lien très marqué avec ces pays sont également présents. 

Nos visions du réel

La guerre en Ukraine ou le retour des talibans en Afghanistan, la multiplication des catastrophes naturelles et autres preuves du dérèglement climatique… La conjoncture tend à mettre à mal la démocratie de certaines régions alors que celle-ci semblait pourtant établie, aussi fragile soit-elle, tandis que la planète supporte de moins en moins les excès de nos sociétés. 

Cette réalité aussi affligeante qu’effrayante, Auguste Coudray, président du festival, entend bien l’affronter à son échelle. « Nous donnerons inlassablement la parole à celles et ceux qui résistent à l’adversité, se réinventent pour ne pas subir, à celles et ceux qui agissent après avoir réfléchi et qui font de leur mieux dans un monde en plein bouleversement et en mutation », promet-il au commencement de l’événement. Une déclaration optimiste qui invite tout un chacun à œuvrer pour un avenir meilleur, et ce, notamment par la photographie. Le médium fait partie de ceux qui portent en eux nos visions du réel, contemporaines, mais également futures.

©Paul Almasy

Des réalités parfois oubliées

À La Gacilly, images documentaires et artistiques s’entremêlent et dispensent ainsi différentes conceptions, qui s’entrechoquent parfois avec fracas. Parmi les expositions proposées, une rétrospective est consacrée à Paul Almasy, un photographe français décédé en 2003. Ses clichés en noir et blanc, pris pour l’essentiel dans l’Afghanistan des années 1960, donnent à voir des filles et des garçons assis côte à côte sur les bancs de l’école. De jeunes adultes libres, en minijupe, déambulent quant à elles dans les rues de la ville. À l’époque, le dernier roi du pays, Mohammad Zaher Shah, encourageait l’émancipation et la scolarisation des femmes. Il souhaitait également ouvrir son peuple au reste du monde. 

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Ces images d’un passé pas si lointain semblent pourtant s’apparenter de nos jours à de vastes chimères. Elles contrastent fortement avec les tirages de Fatimah Hossaini, photographe afghane qui a inspiré le thème de cette édition. Son portrait phare est sans doute celui d’une jeune femme au volant d’une voiture. Une cigarette à la main, elle affiche une figure maquillée et révèle une beauté féminine, dévoilée par sa burqa relevée. Elle incarne tout ce que les talibans condamnent à nouveau dans ce pays meurtri, et ne manque pas d’interroger la place qu’occupent les femmes dans la société.

©Fatimah Hossaini

Des problématiques d’ordre social

Outre ces questionnements sociétaux, d’autres artistes s’intéressent à la relation que l’être humain entretient avec son environnement. On compte notamment Mélanie Wenger qui a immortalisé le plus grand glacier français, situé à Kerguelen, un archipel sub-antarctique souvent surnommé les « îles de la Désolation » tant elles sont isolées du reste du monde.

Dans un autre genre, Bernard Descamps a sillonné le monde à la recherche de fragments de beauté sauvage. Saisies dans des compositions épurées aux nuances monochromes, elles soufflent avec poésie un vent de nostalgie – ou sûrement de solastalgie, cette souffrance que l’on ressent en raison des changements environnementaux.

©Ebrahim Noroozi

Seulement, ces altérations climatiques portent tout autant en elles des problématiques d’ordre social. L’éco-anxiété, par exemple, jaillit également de la perte de son habitat. Alisa Martynova, lauréate du prix Nouvelles écritures, étudie les migrations au travers du chemin périlleux dans lequel s’aventurent celles et ceux qui n’ont d’autre choix que de fuir leur terre natale. Hashem Shakeri met en lumière la sécheresse endémique dans la région du Sistan-et-Baloutchistan, dont les conséquences sont dramatiques. 

Mais ce ne sont pas les seuls. Au total, pas moins d’une vingtaine de photographes affichent leur vision du monde dans les rues et les parcs de La Gacilly cet été. Incontournable, le festival nous transporte dans des univers divers et variés où l’urgence d’agir semble commune. Il se présente finalement comme l’occasion idéale de (re)découvrir des artistes talentueux, de même que des réalités parfois oubliées, le tout dans une charmante commune bretonne.

©Gohar Gashti

Festival photo La Gacilly, à La Gacilly (morbihan), jusqu’au 30 septembre 2022, accès libre.

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Article rédigé par
Apolline Coëffet
Apolline Coëffet
Journaliste
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