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Le défi de l’accessibilité sur les réseaux sociaux

15 mai 2022
Par Kesso Diallo
Une accessibilité à développer ou améliorer sur les réseaux sociaux.
Une accessibilité à développer ou améliorer sur les réseaux sociaux. ©mama_mia/Shutterstock

Les plateformes ont développé divers outils pour être utilisables par tous, notamment les aveugles, les malvoyants, les sourds et les malentendants. Force est de constater qu’elles ont encore du chemin à faire sur ce terrain.

Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, Snapchat… Les réseaux sociaux comptent des milliards d’utilisateurs, mais l’usage de ces plateformes n’est pas forcément adapté à tous. Permettant aux individus de se connecter, de communiquer et de partager, certaines personnes peuvent pourtant s’en sentir exclues, dont celles atteintes de handicap. On pense ici aux aveugles, aux malvoyants ainsi qu’aux sourds et malentendants, dont l’accès aux réseaux sociaux n’est pas optimal.

Conscientes de ce problème, les plateformes ont déployé des fonctions et des outils pour rendre leurs services utilisables par tous, ou presque. Récemment, Instagram a annoncé l’arrivée sur son application de sous-titres générés automatiquement pour l’ensemble des vidéos. D’autres outils ont également été développés et mis en place, mais sont-ils vraiment efficaces ?

Le texte alternatif, une option à améliorer

L’une des solutions disponibles pour les personnes aveugles ou malvoyantes est le texte alternatif. Il s’agit d’une description écrite de l’image accessible à l’aide d’un lecteur d’écran qui lit le texte à voix haute grâce à une synthèse vocale ou en l’affichant sur une plage braille. Selon les plateformes, elle peut se faire de façon automatique ou manuelle. Sur Twitter par exemple, les utilisateurs ont la possibilité de la rédiger eux-mêmes. Une fois publié, ce texte alternatif est visible en survolant une mention « ALT » figurant dans le coin inférieur gauche de l’image.

Facebook, de son côté, parie sur l’intelligence artificielle (IA) pour son outil. En 2016, il a introduit une technologie baptisée texte alternatif automatique (AAT) qui utilise la reconnaissance d’objets afin de générer des descriptions de photos. Concrètement, une personne aveugle ou malvoyante se servant d’un lecteur d’écran entend ce que peut contenir une image. La technologie de Facebook est capable de reconnaître des lieux, des objets, des activités et des types d’animaux. Elle peut aussi identifier chaque personne figurant sur une photo, mais elle ne le fait plus depuis une mesure de Meta annoncé en novembre dernier. Le géant américain a mis fin à l’utilisation de la reconnaissance faciale sur Facebook, qui permet d’identifier automatiquement les personnes présentes sur les photos ou vidéos publiées sur le réseau social. Autrement dit, l’AAT reconnaît le nombre d’individus sur une image, mais elle n’inclut plus leurs noms.

Qu’il soit manuel ou automatique, le texte alternatif sur les réseaux sociaux doit encore être amélioré. Certaines plateformes ont en effet des limites rendant difficile l’ajout d’une description appropriée. Jusqu’à mai 2020, les utilisateurs de Twitter disposaient seulement de 420 caractères pour décrire une image, les forçant à faire une courte description de l’image. Cette limite a depuis été étendue à 1 000 caractères. Et la fonction sur Facebook peut se tromper ou ne pas proposer une description complète. Consciente du risque d’erreurs, le réseau social commence d’ailleurs chaque description par « Peut-être ». Il permet aussi à l’utilisateur de modifier le texte généré automatiquement.

Une option pour l’accessibilité et le divertissement

La synthèse vocale est une autre technologie utilisée sur les réseaux sociaux pour aider les aveugles et les malvoyants. Elle permet à une voix générée automatiquement de lire un texte à haute voix. Ce genre de fonctionnalités est disponible sur TikTok et pour les Reels sur Instagram. Bien que ces outils soient utiles, ils peuvent aussi être problématiques, même en dehors de ces plateformes. Il est possible qu’ils prononcent mal des mots tels que les prénoms ou des homographes. Ce risque est présent avec plusieurs langues, y compris le français. Un outil de synthèse vocale pourrait par exemple se tromper avec le mot « fier » qui sert d’adjectif et de verbe. Autre obstacle avec la synthèse vocale : la langue. Disponible sur TikTok depuis décembre 2020, cet outil se limite à quelques langues et n’est toujours pas accessible en France.

À noter que même si la synthèse vocale a été créée pour aider les personnes aveugles et malvoyantes, elle est aussi un moyen de rendre les contenus amusants. Ce n’est pas forcément pour rendre leur plateforme accessible que les réseaux sociaux ont déployé une telle fonctionnalité. Lorsqu’Instagram a annoncé son arrivée dans les Reels en novembre 2021, aucune mention n’a été faite concernant l’accessibilité. La plateforme l’a lancé pour ses créateurs de vidéos afin de leur permettre d’ajouter de la narration sans utiliser leur voix ou de l’humour.

Les sous-titres, une fonction utile pour les sourds et malentendants

Afin de le rendre leurs plateformes accessibles aux sourds et aux malentendants, plusieurs réseaux sociaux comme YouTube, Facebook ou Twitter proposent des sous-titres dans leurs vidéos. Ils sont générés automatiquement, la plateforme interprétant ce qui est dit et le transcrivant. Les personnes peuvent alors lire le contenu d’une vidéo. Pourtant, cela ne convient pas toujours, car certains mots peuvent être mal interprétés et les réseaux sociaux eux-mêmes ont conscience de ce problème.

YouTube, qui utilise une technologie de reconnaissance vocale pour créer automatiquement des sous-titres, indique que leur qualité peut varier : « Il peut arriver que les sous-titres automatiques ne reflètent pas correctement le contenu audio en raison d’erreurs de prononciation, d’accents, de l’utilisation de dialectes ou de bruits de fond. » C’est pour cette raison que la plateforme vidéo, ainsi que d’autres, permet aux utilisateurs de vérifier et de modifier les sous-titres. Cette option n’est cependant pas disponible sur certains réseaux sociaux. Twitter, qui a rattrapé son retard sur les autres en introduisant les sous-titres automatiques fin 2021, ne donne pas encore la possibilité à ses utilisateurs de les modifier. Un autre moyen plus simple existe tout de même pour éviter les erreurs : rédiger manuellement les sous-titres pour les ajouter à une vidéo.

Un développement nécessaire dans le futur

Parmi tous ces outils pour aider les personnes atteintes de handicap, un réseau social fait office de mauvais élève en n’en proposant aucun : Snapchat. Il a seulement récemment introduit un filtre avec lequel les utilisateurs peuvent apprendre la langue des signes américaine et il n’a pas annoncé de projets pour rendre sa plateforme plus accessible. Quoi qu’il en soit, les réseaux sociaux ont encore des progrès à faire dans le domaine de l’accessibilité. Une question qui se pose aussi par rapport au metaverse, un univers de mondes virtuels plus immersif et considéré par certains comme le futur de ces plateformes.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste