Après Micro Macro Crime City, Oriflamme et The Mind, la création de l’auteur français Antoine Bauza s’est imposée lors du Festival International des Jeux.
C’est l’un des événements ludiques les plus importants d’Europe. Depuis 1986, la ville de Cannes organise un festival consacré aux jeux de société, le Festival International des Jeux (FIJ). Tous les ans, le Palais des Festivals accueille des auteurs, des éditeurs, des illustrateurs, des fabricants ou encore des distributeurs spécialisés pour mettre en avant cet univers ludique et échanger sur les derniers titres. Moins pailleté et guindé que l’autre Festival de Cannes, le FIJ est devenu l’une des manifestations incontournables du milieu : en 2020, il avait attiré 110 000 adeptes et 5 000 professionnels. Chaque année, les centaines de nouveautés sont analysées par un jury, qui valorise les meilleures. Au cours de la cérémonie des As d’Or, quatre prix sont décernés : le jeu de l’année Tout public, le jeu de l’année Enfant, le jeu de l’année Expert et le jeu de l’année Initié.
Le plus prestigieux : le jeu de l’année Tout public
Si tous les prix sont des gages de qualité qui permettent de mettre en avant certains titres, le jeu de l’année Tout public est le plus convoité. Cette année, le grand gagnant n’est pas inconnu du grand public. Son grand frère, 7 Wonders, sorti en 2010 a conquis le public et la critique en raflant de nombreux prix. Douze ans après ce premier succès, le créateur français Antoine Bauza revient avec 7 Wonders Architects et se classe en haut du classement. Dans ce jeu, les participants s’affrontent pour devenir un leader du monde antique en construisant « une Merveille si importante qu’elle marquera l’Histoire ». Ils doivent collecter des ressources pour construire leur société, développer une puissance militaire, superviser la gestion des ressources et collecter des points de victoire. Le spécialiste Olivier Reix a confié à 20 Minutes qu’il s’agissait d’un « genre de jeu passerelle qu’on affectionne particulièrement puisqu’il peut faire entrer de nouveaux publics dans le monde ludique ».
Il était en concurrence avec deux autres titres : Cartaventura Lhassa (un jeu de cartes qui nous fait voyager de l’Inde au Tibet, à la recherche d’une exploratrice disparue durant la Première Guerre mondiale) et Happy City (dont le but est de construire sa ville et de rendre les habitants heureux).
Le plus coloré : le jeu de l’année Enfant
Pour décerner ce prix, les jurés testent les jeux auprès d’enfants. Cette année, Bubble Stories s’est imposé dans le cœur des plus jeunes. Ce jeu d’exploitation est une sorte d’escape game. En assemblant des cartes, des images et des bulles, les participants découvrent de nouveaux mondes et explorent différents lieux. S’ils ouvrent l’oeil et profitent de chacun d’eux, ils découvriront « ce qui se cache au bout de chacune de [leurs] aventures ».
Il était en concurrence avec deux autres titres : Attrape Monstres (un jeu de coopération et d’anticipation où les joueurs se battent contre des petits monstres qui se dirigent vers leur château) et Pin Pon (un jeu de coopération où les participants doivent aider les pompiers pour qu’ils arrivent à la maison avant qu’elle ne brûle complètement).
Le plus complexe : le jeu de l’année Initié
Le prix Initié s’intéresse à des jeux plus difficiles. Cette année, le premier titre du danois Aske Christiansen, Living Forest, est mis à l’honneur. Olivier Reix explique à 20 Minutes que c’est une création au « thème féérique, rempli d’arbres et de superbes animaux de la forêt illustrés par Apolline Etienne. Dans ce jeu, vous incarnez un esprit de la forêt qui tente de la sauver, ainsi que son arbre sacré des flammes avec l’aide de créatures de ladite forêt. Mécaniquement, Living Forest combine une première phase de prise de risques simultanée et une seconde phase d’action séquentielle. Nous avons aimé les trois façons de gagner, l’atmosphère bucolique, la limpidité des mécanismes et le renouvellement des parties ».
Il était en concurrence avec deux autres titres : Nouvelles Contrées (un jeu coopératif qui fait interagir les joueurs avec les romans de leur bibliothèque) et Oltréé (un jeu coopératif et narratif où les participants incarnent des patrouilleurs qui doivent protéger les habitants et explorer des lieux).
Le plus extrême : le jeu de l’année Expert
Cette catégorie ne s’adresse pas aux débutants, tant le niveau est élevé. Les jurés ont été séduits par le titre de l’Américain Paul Dennen, Dune : Imperium. Le jeu s’inspire du roman de science-fiction de Frank Herbert et de son adaptation par Denis Villeneuve. Les joueurs incarnent le dirigeant de l’une des factions et se préparent à la guerre, pour avoir le contrôle d’Arrakis. Marilyne Aquino (membre du jury) explique qu’ils vont envoyer « leurs agents ou jouer d’influence dans les différentes guildes. Le gameplay induit une dynamique ultra interactive tout en offrant une grande profondeur stratégique sans oublier de faire vibrer son thème. Riche en possibilités sans rajouter des couches de règles intimidantes, ce Dune, capable de réunir Eurogamers et Ameritrasheurs à la même table, est décidément impérial ».
Il était en concurrence avec deux autres titres : Iki (qui se joue dans le quartier de Nihonbashi, où se trouve le marché le plus animé de la ville d’Edo. Le joueur doit s’assurer du bien-être des habitants) et Les Ruines Perdues de Narak (où les participants dirigent une expédition pour explorer l’île non répertoriée de Narak et découvrir les secrets d’une civilisation disparue).