Le jeu de cartes à collectionner issu de l’univers vidéoludique du Sorceleur est enfin disponible en boutique après dix ans d’attente.
« Ça vous dit une partie de Gwent ? » De la taverne de Blanchefleur à la cour impériale de Nilfgaard, impossible de passer dans un lieu de The Witcher 3: Wild Hunt sans entendre ce refrain. Le Gwent est une véritable passion pour les contemporains de Geralt de Riv, à tel point que ce jeu dans le jeu est également devenu une passion pour bon nombre de gamers. Il faut dire que cet émule de Magic: The Gathering ou Lorcana, adapté pour l’univers du Sorceleur, a tout pour plaire : un gameplay bien pensé et facile à prendre en main, des cartes à l’esthétique soignée et juste ce qu’il faut d’exemplaires rares pour déclencher une véritable « collectionnite » chez les joueurs, sans les décourager.
Le problème, c’est que, malgré sa popularité, le Gwent n’a jamais fait l’objet d’une adaptation physique officielle. Sur le plan marketing, c’est bien étonnant, mais, mis à part une très bonne application mobile Gwent: The Witcher Card Game, les fans devaient se contenter de jouer leurs parties dans The Witcher 3, ou en acquérant des versions pirates plus ou moins chères et qualitatives. Heureusement, ce temps est révolu et, dix ans après son apparition dans le jeu vidéo, le Gwent est enfin disponible. Mais le résultat est-il à la hauteur des attentes ?
Une adaptation fidèle
Le premier bon point de cette adaptation, portée par No Loading Games et distribuée en France par Gigamic, c’est qu’elle est scrupuleusement fidèle à l’original vidéoludique : la totalité des 436 cartes du jeu ont été reproduites à l’identique, dans un format classique qui permet de les protéger sous sleeves. Pour les collectionneurs fans du Witcher, c’est le Graal.

L’autre très bon point, c’est que toutes ces cartes sont vendues dans une seule boîte, au prix de 35 € environ. Une excellente nouvelle pour ceux dont la maxime serait « Attrapez-les toutes ». Dernier atout majeur : les règles n’ont quasiment pas changé en passant du jeu vidéo au jeu de plateau.
Même si l’éditeur propose quelques variantes (en solo, 2 contre 2…), une partie classique repose toujours sur l’affrontement entre deux armées (celles de Nilfgaard, des Royaumes du Nord, de Skellige, des Monstres ou des Scoia’tael) dont les cartes, disposées sur trois lignes de front différentes (mêlée, distance et siège), représentent les unités.

N’importe quel fan du Witcher peut donc acquérir le coffret tant désiré, filer dans la première taverne du coin et lancer un duel de Gwent en choisissant l’un des cinq decks déjà prêts à jouer. Sur ce plan, le produit de No Loading Games est une franche réussite qui frôle la perfection. Hélas, il y a tout de même des ombres au tableau.
Le juste prix ?
Pour commencer, soyons honnêtes : une boîte de jeu comprenant le matériel complet (cartes, plateau, jetons…) à seulement 35 € implique quelques sacrifices sur la qualité du produit. Le tapis de jeu est en papier et les jetons, la pièce de tirage au sort et le tableau de scores sont en carton. Il n’y a rien à reprocher à la réalisation de ces éléments, mais on aurait préféré avoir des versions un peu plus robustes, au moins en acrylique.

D’autant que, sur ce point, le Gwent officiel souffre de la comparaison avec certaines versions pirates, vendues sur Etsy, avec de magnifiques plateaux de jeu en bois et un prix nettement plus élevé, il faut l’avouer. Un tapis en néoprène, reprenant l’effet bois du plateau classique, a bien été prévu par l’éditeur, mais il est vendu à part pour une vingtaine d’euros, au même titre que les tapis personnalisés aux couleurs des différentes factions de l’univers du Witcher. Il existe même une version en bois, mais, pour l’instant, celle-ci n’a été disponible en prévente qu’à l’étranger, dans le cadre d’une édition de luxe, vendue plus de 200 $.

Peut-être finira-t-elle par arriver en France, car, même si Gigamic et No Loading Games proposent un produit appartenant à un type de jeux connus pour être de véritables gouffres financiers, ils capitalisent néanmoins sur la célèbre franchise.
Comme tout bon TCG, le Gwent débarque en boutique avec son lot de produits annexes. Outre les tapis, les amateurs pourront également s’offrir des protège-cartes personnalisés et, bien entendu, les fameux boosters, des sachets d’une dizaine de cartes aléatoires vendus 6 € environ.
Le Gwent pousse-t-il autant à l’achat que les autres TCG ?
C’est là que tous les amateurs de jeux de cartes – et leurs conseillers bancaires – commencent à suer. Car ils savent bien que ces petits sachets, au prix en apparence dérisoire, sont les prémices d’une collection de 3 257 864 cartes dont on ne sait que faire, qui ne valent plus grand-chose, mais qui ont coûté un « pognon de dingue », comme on dit. Cependant, le Gwent a trouvé une forme d’équilibre presque vertueuse pour nos porte-monnaie. En proposant directement les 436 cartes du jeu dans la boîte de base, il évite aux simples collectionneurs de faire d’autres achats.

Les seuls pour lesquels les boosters seront un complément indispensable, ce sont les compétiteurs qui voudront composer leurs decks sur mesure, en ajoutant quelques doublons de cartes présentes en un seul exemplaire dans la boîte initiale. Car ce qui fait le sel du Gwent, c’est que, derrière un système en apparence basique, avec cinq factions aux styles de jeu radicalement différents, il existe une multitude de combinaisons différentes pour s’adapter aux stratégies du joueur.
On peut ainsi miser sur les vampires de la faction des Monstres pour drainer la vie des unités adverses plutôt que de lancer des hordes de petites créatures sur le plateau, ou bien retirer les cartes « elfes » de son jeu de Scoia’tael au profit des cartes « nains » et ainsi sacrifier les effets magiques en misant sur la ténacité des guerriers de Mahakam.
C’est justement ce qui plaît aux fins stratèges et va les pousser à investir dans des boosters. Mais, même si ceux du Gwent ne contiennent qu’une dizaine d’éléments, No Loading Games a eu la bonne idée de proposer des boosters différents pour chaque faction. Ainsi, vous ne risquez pas de vous retrouver avec des cartes Nilfgaard inutiles alors que vous souhaitez développer votre deck Skellige. Pour les habitués des TCG, on pourrait presque parler de dépense maîtrisée.
De toute façon, ces considérations pécuniaires n’entreront pas en compte pour les fans. Les simples collectionneurs comme les véritables stratèges se sont déjà jetés sur les précommandes d’un jeu fidèle à l’univers qu’ils adorent et malgré tout abordable.
Les seuls qui restent à convaincre sont les nouveaux venus dans l’univers du Witcher ou des TCG, mais ils pourraient trouver dans le Gwent le produit parfait pour se lancer. Avec une boîte de base relativement accessible, comprenant déjà toutes les cartes du jeu et cinq decks prêts à jouer, ils ne trouveront pas mieux sur le marché. Quant à la popularité de la licence, elle leur garantira de toujours trouver d’autres joueurs prêts à les alpaguer au comptoir d’une taverne pour disputer une petite partie.