Critique

District noir : pourquoi ce jeu de société aurait-il dû gagner les As d’or ?

28 mars 2023
Par Michaël Ducousso
Dans le premier jeu de Spiral Editions, les joueurs s'affrontent en duel pour le contrôle de la ville d'Hoboken.
Dans le premier jeu de Spiral Editions, les joueurs s'affrontent en duel pour le contrôle de la ville d'Hoboken. ©Spiral Editions

Le tout premier jeu édité par les Français de Spiral a remporté un succès d’estime bien mérité qui le place déjà comme un des meilleurs hits ludiques de l’année.

District noir, c’est le perdant pas si malheureux des derniers As d’or. Nommé dans la catégorie reine, il s’est incliné face à Akropolis. Il est rentré à la maison sans trophée, mais le tout premier jeu de Spiral Editions peut s’enorgueillir d’être reparti la tête haute, sous les bravos du public. Déjà pressenti comme un challenger talentueux avant le Festival international du jeu, District noir a profité du salon pour dévoiler tout son potentiel à des visiteurs très vite conquis par ce petit titre qui se joue à deux.

Et c’est un sacré exploit. Car ce genre a longtemps fait figure d’exception dans un secteur où la majorité des visuels promotionnels vantaient les parties endiablées d’une famille idéale, ses quatre membres réunis autour d’une table de jeu. Cependant, le confinement a changé la donne. Ce temps, que les moins de 4 ans ne peuvent pas connaître, a permis aux chanceux confinés en amoureux de s’adonner à de nouveaux loisirs, en duo. District noir arrive donc à une époque où les jeux à deux ont la cote, surtout lorsqu’ils sont bien pensés, comme c’est le cas ici.

Jouer partout, tout le temps, sans se lasser

De prime abord, ce jeu de société est déjà très beau, avec son style graphique mêlant films noirs et art déco, plein de silhouettes sombres et de clairs-obscurs. On est à Hoboken, dans le New Jersey des années 1950 et on s’apprête à se lancer dans une guerre des gangs pour conquérir la ville.

Les magnifiques illustrations de Vincent Roché nous le font bien ressentir… même si finalement ça n’a aucune importance. En effet, si Disctrict noir mobilise une certaine esthétique pour plonger les joueurs dans une ambiance très cinématographique, cela n’a aucun impact sur le déroulé du jeu.

Les illustrations de Vincent Roché plongent les joueurs dans une ambiance de films de gangsters, pour le simple plaisir de profiter d’un jeu à l’esthétique irréprochable.©Spiral Editions

C’est du pur décor, mais du très beau décor. Et la beauté n’a pas besoin de justifications pour être appréciée. District noir séduit donc au premier regard, mais ce qui retient le joueur, c’est la mécanique mise en œuvre pour proposer des duels qui s’enchaînent rapidement et toujours avec la même intensité.

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C’est la grande qualité de ce petit jeu : on ne s’en lasse jamais. Facile à emporter partout et prêt à être dégainé dès qu’un petit quart d’heure de temps mort se profile, le titre de Spiral Editions est parfait pour les joueurs les plus frénétiques, comme pour les dilettantes en voyage. 

Petits coups bas entre gangsters

La promesse de parties rapides s’accompagne souvent de règles simples, ce qui est le cas, mais aussi, parfois, de la crainte de systèmes assez peu subtils. District noir évite cet écueil. Le concept de base est pourtant assez clair : une partie se joue en quatre manches de six coups.

Les joueurs démarrent avec cinq cartes en main et, à chaque tour, ils ont le choix entre poser une de leurs cartes pour former une frise au centre de la table, ou rafler les cinq dernières cartes de la frise (une action qui ne peut être réalisée qu’une fois par manche).

Pas besoin d’un plateau gigantesque et d’une kyrielle de pions pour s’amuser. Dans District Noir, quelques cartes suffisent pour jouer des parties pleines de coups bas.©Spiral Editions

À la fin de la manche, on en recommence une autre jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de carte à jouer. Alors, chacun compte les points qu’il a engrangés en récoltant des cartes et celui qui en a le plus remporte la partie. C’est tout bête. Sauf qu’il faut compter sur quelques petites nuances pour apporter un peu de rebondissements.

Certaines cartes offrent des bonus, d’autres infligent des malus ; ne comptent que les points des cartes dont on possède le plus d’exemplaires ; et trois cartes uniques permettent à elles seules d’offrir la victoire à qui s’en saisit.

Les règles de District noir peuvent être expliquées en moins d’une minute pour des parties d’un quart d’heure… et pourtant, vous allez avoir envie d’y jouer pendant des heures.

Cela signifie que, malgré un système assez simple, on peut gagner de diverses façons, mais aussi priver son adversaire d’une victoire quasi certaine, en étant un peu retors et en ayant un bon sens du timing. C’est ce qui fait le sel de District noir et transforme les joueurs en véritables stratèges.

Après tout ça, inutile de préciser que ce jeu était notre favori pour les As d’or 2023 et que l’on a été un peu déçus en découvrant le palmarès. Mais cette désillusion est largement compensée par la certitude de retrouver cette petite pépite ludique entre les mains de nombreux joueurs dans les mois à venir.

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Article rédigé par
Michaël Ducousso
Michaël Ducousso
Journaliste
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