Critique

Sloclap frappe fort et juste avec Sifu, parfait hommage au kung-fu

12 février 2022
Par Alexandre Manceau
Après Absolver, le studio parisien Sloclap fait son grand retour avec une petite pépite.
Après Absolver, le studio parisien Sloclap fait son grand retour avec une petite pépite. ©Sloclap

Attendu de pied ferme après un premier titre convaincant en 2017, le studio parisien rend cette fois hommage à cet art, et le fait bien.

Comme de nombreux genres cinématographiques, le film de kung-fu a connu son heure de gloire grâce à des stars comme Bruce Lee, Jackie Chan ou Jet Li. Du côté du jeu vidéo, nombreux sont les titres à avoir essayé de retranscrire la fureur, l’énergie et la beauté de cet art martial ancestral. En ce début d’année 2022, un nouveau challenger entre dans l’arène pour devenir la nouvelle référence du genre : Sifu.

Une ode à l’âge d’or du kung-fu et à l’art ancestral

Caché dans un des meubles de l’école de kung-fu Wuguan, le personnage principal voit son père être assassiné par un groupe d’assaillants. Cinq visages qui vont rester gravés dans la mémoire de cet enfant qui décide de s’entraîner le plus possible pour exercer sa vengeance le moment venu. Digne d’un film de kung-fu, voici le pitch qui attend les joueurs de Sifu, le dernier jeu vidéo de Sloclap. Après son premier titre, Absolver, en 2017, qui proposait déjà un système de combat assez poussé et lui avait permis de se faire un nom, le studio parisien est de retour avec un jeu disponible sur PS4, PS5 et PC sur l’Epic Games Store.

On débute en novice cette histoire de vengeance, qui durera toute une vie.

Pensé comme un hommage aux plus grands films d’arts martiaux, Sifu ne fait jamais honte à cette ambition. Après un prologue dans la peau du méchant, qui permet de mettre en place l’histoire et, surtout, de faire connaissance avec les touches principales, le jeu peut enfin commencer. Notre héros a tout juste 20 ans. Cela peut sembler un détail, mais l’on apprécie tout particulièrement le générique de début qui, en plus de ses sonorités « kung-fuesques », nous permet de jouer avec le combattant novice pour maîtriser les principales touches.

Histoire basique, mais concept aussi fulgurant qu’un coup de poing direct

Si le scénario est simple (vengeance, vengeance et vengeance), c’est tout simplement parce qu’il emprunte la voie si populaire du revenge movie. Le but est simple : enchaîner les adversaires, plus ou moins coriaces, jusqu’au boss et ainsi de suite, dans des environnements variés. Que cela se passe dans un couloir peu attrayant ou sur le toit d’un immeuble, les séquences de combats sont dynamiques et certaines évoquent des classiques du film d’action comme The Raid ou John Wick. Mais, outre la vengeance, Sifu est aussi une histoire d’apprentissage et, pour mettre en lumière cet aspect essentiel du kung-fu (et de la vie en général), le jeu de Sloclap tient une idée merveilleuse.

À mains nues ou avec un accessoire, enchaîner les coups n’a jamais été jouissif.

Si l’on commence l’aventure à 20 ans, c’est du haut de nos 70, 75 ans que l’on viendra à bout de l’histoire. En effet, chaque fois que la santé tombe à zéro, on revient à la vie en ayant vieilli d’autant d’années que de fois où l’on a été mis KO depuis le début de la partie. Et, puisque la difficulté est très vite présente dans Sifu, inutile de dire que le coup de vieux peut arriver très vite. Chaque fois que l’on passe une nouvelle dizaine d’années, le personnage est réanimé avec moins de santé, mais plus de dégâts. Par ailleurs, le titre de Sloclap prend une tournure RPG avec un arbre de compétences où il est possible de débloquer des surplus de santé ou de nouvelles compétences.

Un style dépaysant et parfaitement maîtrisé

Visuellement, le titre est également un voyage, le studio ayant opté pour un rendu « peinture » imprégné de la culture chinoise. Sur PlayStation 4, Sifu est loin d’être désagréable à regarder et l’on n’ose imaginer le même jeu sur PS5 ou PC, avec un affichage 4K à 60 images par seconde. Mention spéciale à la phase en 2D, lorsqu’il faut venir à bout de plusieurs adversaires dans un long couloir, qui peut rappeler une scène culte de la série Daredevil. On regrettera toutefois certains niveaux dans des espaces clos, la luminosité n’étant pas la plus présente dans Sifu, et une caméra vient parfois se fourrer dans des angles morts. Un point qui peut perturber le joueur en plein enchaînement et tout simplement gâcher la phase de jeu.

Les environnements sont variés et collent parfaitement au style « peinture », mais l’on regrettera une ambiance trop sombre.

Devenir un as du kung-fu demandera beaucoup de temps et de travail

Classique dans sa prise en main (une gâchette pour parer et différents boutons pour porter atteinte aux adversaires), le beat’em all est toutefois loin d’être facile à manier. Pour gagner en expérience et faire progresser son personnage, il va falloir enchaîner les combos. Autant ne pas y aller par quatre chemins : ils sont complexes, variés et demandent un certain temps avant de les maîtriser. Essentiel dans un art comme le kung-fu, le timing est également crucial dans Sifu. Que ce soit pour les esquives, les blocages et les contre-attaques, il est vital de parer à temps pour éviter de perdre trop de santé et de vieillir.

Mais, quel que soit l’amour que l’on peut avoir pour le challenge ou le sens du timing, inutile de le cacher : il faudra du temps pour terminer ce jeu. À la manière du kung-fu, qui s’apprend en plusieurs années, il faudra chuter encore et encore pour devenir un combattant hors pair. Attention toutefois à ne pas trop chuter, puisque le Game Over fera repartir le joueur à zéro ! Le message est simple : se précipiter ne servira à rien, mieux vaut prendre le temps de dompter son art. Un principe parfaitement respecté par le studio Sloclap.

Facilement accessible, le beat’em all de Sloclap demande toutefois pas mal de patience pour être correctement maîtrisé.

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Alexandre Manceau
Alexandre Manceau
Journaliste
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