La comédienne et réalisatrice publiera le 9 janvier un nouveau livre inspiré de son histoire. Elle y prolonge une démarche intime et politique, en écho à sa prise de parole sur les violences sexuelles et à sa réflexion sur la place des femmes dans l’industrie du cinéma.
Figure du cinéma français, Judith Godrèche s’apprête à faire son retour en librairie avec un nouvel ouvrage, intitulé Prière de remettre en ordre avant de quitter les lieux. Attendu le 9 janvier prochain aux éditions du Seuil dans la collection « Cadre rouge », le livre paraîtra avec un premier tirage de 40 000 exemplaires. Il vient prolonger la prise de parole de l’actrice, devenue l’un des visages les plus exposés du mouvement #MeToo en France.
Un travail de mémoire
Pensé comme un récit personnel, il prend la forme d’un travail de recomposition. Godrèche y rassemble souvenirs d’enfance, d’adolescence, documents personnels, dessins, archives, articles de presse pour tenter de donner du sens à son passé. Le titre évoque d’ailleurs ce geste de rangement intérieur, cette volonté de remettre de l’ordre avant de refermer une étape de vie.
Sans se présenter comme un manifeste, le texte s’inscrit dans la continuité de sa prise de parole publique. Il interroge la manière dont une enfant peut être confrontée trop tôt au monde des adultes, les mécanismes d’emprise et les traumatismes.
Ce nouveau livre dialogue en outre avec Point de côté, publié en 1995. Dans ce premier roman, déjà largement autobiographique, Godrèche racontait la relation d’une jeune femme avec un homme plus âgé. Le texte, discret à sa sortie, a depuis été relu à la lumière de ses prises de parole récentes tant il contenait déjà en creux une réflexion sur l’emprise et le consentement.
Sa trajectoire artistique
Révélée au début des années 1990, notamment par La désenchantée, l’actrice a construit une carrière singulière, entre cinéma d’auteur et projets plus populaires. Elle a travaillé avec de nombreux cinéastes. Sa série Icon of French Cinema prolonge cette démarche, en interrogeant avec ironie et lucidité les mécanismes de pouvoir, la fabrication des images et la place des femmes dans l’industrie culturelle.
En 2024, Judith Godrèche a déposé plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des faits qu’elle qualifie de viols et d’agressions sexuelles commis alors qu’elle était mineure. Ces procédures sont en cours. L’actrice a fait l’objet d’une mise en examen pour diffamation à la suite de certaines déclarations publiques.
Dans ce contexte, Prière de remettre en ordre avant de quitter les lieux s’inscrit comme un prolongement littéraire de son engagement. Le livre interroge et cherche à faire résonner des questions collectives sur la parole, l’enfance et les rapports de pouvoir.
