Décédé ce week-end à l’âge de 83 ans, Jean-Claude Mézières était le célèbre dessinateur de la série culte de bandes dessinées Valérian et Laureline, créée en 1967, qui a inspiré de nombreuses oeuvres de science-fiction.
En 1967 paraissait dans les pages du magazine Pilote la toute première aventure de Valérian : agent spatio-temporel – rebaptisé Valérian et Laureline en 2007 à l’occasion des quarante ans de la BD -cowboy de l’espace né de l’imagination de Jean-Claude Mézières et de son ami d’enfance Pierre Christin, scénariste de la série. Valérian et Laureline est encore aujourd’hui considérée comme l’une des plus mythiques bandes dessinées de science-fiction, au même titre que L’Incal de Moebius et Jodorowsky. Le couple iconique des deux agents spatio-temporels Valérian et Laureline, qui apparaîtra au total dans vingt-cinq albums quasiment tous mis en couleurs par Evelyne Tranlé, la soeur de Mézières (qui collabore également avec Fred, Cabu, Jean Giraud ou encore Albert Uderzo), marquera des générations d’auteurs et de réalisateurs. Certains dénoteront d’ailleurs dans le premier Star Wars (1977) de nombreux emprunts à Valérian – le design de certains vaisseaux, la cryogénisation de Han Solo dans la carbonite, la tenue de la princesse Leia au début du Retour du Jedi (1983), etc. – mais George Lucas, créateur de la saga intergalactique, ne répondra jamais aux courriers de Mézières.
Mais l’appétence de Mézières pour le cinéma se concrétise enfin au début des années 1990 lorsque Luc Besson lui propose de collaborer à la création des décors pour Le Cinquième Élement (1997), film de science-fiction désormais culte. Mézières créera, entre autres, les fameux taxis volants du film. Vingt ans plus tard, Luc Besson réalisera son rêve en adaptant la BD de Mézières et Christin au cinéma avec Valérian et la cité des mille planètes, le film français le plus cher de l’histoire (197 millions d’euros de budget) qui se soldera finalement par un échec critique et commercial précipitant EuropaCorp, société de production du réalisateur, dans la tourmente. Malgré le naufrage du film, Jean-Claude Mézières fut séduit par la fidélité du film à son oeuvre. Un rêve devenu réalité pour ce génie du dessin qui envisagea un temps de devenir lui-même cowboy, non pas dans l’espace, mais dans un ranche de l’Utah, au milieu des années 1960 : séjour à l’occasion duquel il croisa fortuitement la route de son ami d’enfance Pierre Christin, retrouvailles qui donneront naissance au monument de la SF qu’est Valérian et Laureline.
Le dernier ouvrage en date qui lui est consacré, L’Art de Jean-Claude Mézières (Dargaud), paru en septembre dernier, est un véritable « livre-document » invitant à découvrir les multiples oeuvres créées par le dessinateur pour la presse, la publicité, le dessin animé ou le cinéma.