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La petite fille au napalm : une paternité contestée ?

18 novembre 2025
Par Robin Negre
“The Stringer: The Man Who Took the Photo”.
“The Stringer: The Man Who Took the Photo”. ©Netflix

La célèbre photographie, prise supposément par le photographe de guerre Nick Ut, pourrait en réalité être de quelqu’un d’autre.

C’est l’une des photographies de guerre les plus célèbres de l’histoire. La petite fille au napalm, prise le 8 juin 1972 pendant la guerre du Vietnam, montre les victimes d’une attaque au napalm dans le sud du pays et, notamment, la douleur d’une petite fille brulée dans le dos. Attribué au photographe et reporter de guerre Nick Ut, le cliché a depuis fait le tour du monde, devenant l’une des plus célèbres images du conflit au Vietnam.

Seulement, si la paternité de la photographie La petite fille au napalm n’a jusque là jamais été contestée, un film documentaire passé par le festival de Sundance il y a un an a commencé à émettre de sérieux doutes concernant la participation de Nick Ut au cliché. Dans The Stringer: The Man Who Took the Photo, une enquête révèle en effet que la photo n’aurait pas été prise par le reporter, mais par un pigiste (un stringer) du nom de Nguyen Thanh Ngh.

Grâce à une reconstitution minutieuse des événements appuyée sur des archives et plusieurs témoignages – certains intervenants parlent pour la première fois –, le film a fait l’effet d’une déflagration dans le monde de la photographie et est à retrouver sur Netflix le 28 novembre. Et une nouvelle enquête vient confirmer les affirmations du documentaire.

La bande-annonce de The Stringer: The Man Who Took the Photo.

Une nouvelle analyse arrive à la même conclusion 

Depuis la diffusion à Sundance du documentaire, la question autour de la paternité du cliché fait débat. Un débat relancé dernièrement par la publication d’un article qui confirme les doutes émis dans le documentaire : Nick Ut n’a pas pris le cliché, il n’aurait même pas été en mesure de le faire.

Le photographe lyonnais Tristan Da Cunha a en effet étudié scrupuleusement les clichés de Nick Ut et ses différentes déclarations lors de la guerre du Vietnam. Spécialiste des photographies argentiques, Tristan Da Cunha affirme dans un rapport publié par Télérama que La petite fille au napalm a « été faite avec un Pentax. Or, Nick Ut n’en avait pas en main ce jour-là. »

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Pendant plusieurs mois, ce photographe passionné a étudié et analysé les vidéos et photos montrant Nick Ut pendant la guerre. Il a ainsi pu identifier les différents appareils dont s’est servi le reporter et aucun ne correspond au rendu de la photo. Il précise sa pensée : « Nous sommes en plein bombardement. Transporter un Nikon F muni d’un objectif 200 mm, très lourd, toute une journée est en soi déjà une épreuve, lui a déjà quatre appareils sur lui. Alors, pourquoi aurait-il subitement sorti un appareil de nulle part, qui en plus est moins bon que celui qu’il avait déjà autour du cou ? C’est aberrant. »

Cette nouvelle enquête, associée au long documentaire, confirme au-delà du doute que Nick Ut ne peut pas revendiquer la paternité de la photographie. La sortie de The Stringer: The Man Who Took the Photo dans quelques jours sur Netflix alimentera encore le débat. Jusqu’à ce que la vérité soit révélée ?

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