
Jusqu’à présent, on disposait surtout de données sur la fréquence à laquelle les Français remplacent leur smartphone. On sait désormais que c’est de loin le plus réparé de tous les appareils électriques et électroniques. Mais réparer son smartphone, est-ce rentable ?
Plusieurs études mettent en lumière le rythme auquel les consommateurs changent de smartphone : tous les deux à trois ans en moyenne selon l’Ademe, ce qu’elle juge trop fréquent. Pourtant, c’est un appareil qu’on fait aussi beaucoup réparer. Sur l’année 2024, le smartphone arrive en première position des équipements électriques et électroniques les plus réparés, loin devant le lave-linge et le lave-vaisselle, apprend-on dans le bilan annuel du fonds réparation des équipements électriques et électroniques publié par l’association CLCV (Consommation logement cadre de vie).
Ces données, qui concernent les réparations d’appareils hors garantie, émanent des éco-organismes Ecologic et ecosystem. En un an, presque 314 000 réparations éligibles au bonus réparation ont été effectuées sur des téléphones portables – c’est quasiment quatre fois plus qu’en 2023 : +369 % d’après l’étude ! La raison ? L’élargissement des conditions d’éligibilité à cette aide, qui comprend désormais la casse d’écran. Sachant que le nombre total de réparations – éligibles ou non – est beaucoup plus important que cela : en 2019, avant le lancement du bonus, l’Ademe estimait déjà que plus de 2 017 000 téléphones portables avaient été réparés hors garantie.

Quelles pannes fait-on le plus réparer ?
Si l’on en croit ce bilan, les pannes électroniques sont les plus fréquentes : elles représentent presque 53 % des pannes « aidées » prises en charge en 2024, suivies par les casses d’écran, à hauteur de presque 32 %. À eux seuls, ces deux types de pannes représentent plus de 80 % des interventions effectuées avec le bonus en 2024. Les problèmes de connectivité (wifi, Bluetooth) arrivent loin derrière (environ 6 %).
Combien ça coûte ?
Intéressant : cet observatoire de la CLCV suit les tarifs des réparations. Il distingue les prix de celles liées à une casse d’écran et les autres. La casse d’écran fait partie des interventions nécessitant des pièces détachées (ce qui est le cas de 68 % des réparations de smartphones ouvrant droit au bonus), ce qui pourrait expliquer leur coût plus important. En effet, le prix de la réparation s’élève à 133,82 € TTC en moyenne. Pour les autres pannes, le coût moyen est moindre : 89,26 € TTC.

Le bonus réparation : dans quel cas y avez-vous droit ?
Ces prix tiennent compte du bonus réparation. Dans le cas des téléphones portables, il est de 25 €, directement retranchés du montant total de la facture de réparation. Pour rappel, pour y prétendre, il faut faire appel à un professionnel labellisé QualiRépar, qu’on peut facilement trouver depuis le site d’un des éco-organismes, Ecologic ou ecosystem. Il faut également que la panne soit éligible – ce qui est le cas de la casse d’écran depuis l’année dernière ; au lancement du dispositif fin 2022, cette réparation ne donnait pas droit au bonus.

Dans son espace plaidoyer, à l’occasion des deux ans du bonus réparation, l’association HOP a fait un point sur les atouts du dispositif et ses axes d’amélioration. Parmi ces derniers, elle indique que « certain·es acteur·ices labellisé·es refusent l’accès au bonus si vous en avez profité il y a moins de trois mois. Dommage donc si un accident d’écran cassé s’abat sur vous plus d’une fois sur cette période, par exemple ». Les éco-organismes étant en charge de piloter le fonds réparation, nous nous sommes renseignés auprès d’ecosystem, qui nous a assuré que cette pratique était interdite. Dans l’exemple cité, il n’y a pas de limite ni de délai : si on brise à nouveau son écran quelques semaines après une réparation, on peut à nouveau bénéficier du bonus. Et s’il s’agit d’une panne hors casse, les réparations sont garanties trois mois minimum. ecosystem nous précise d’ailleurs que le professionnel n’a aucun intérêt à refuser, puisque le montant du bonus lui est remboursé par les éco-organismes.
Réparer son smartphone, est-ce que ça vaut le coût ?
Si l’on en croit les chiffres publiés par l’association CLCV dans son étude indépendante, réparer son smartphone vaut généralement le coup. Pour l’affirmer, elle s’appuie sur des calculs afin d’évaluer la viabilité économique de la réparation. L’indice réparation représente la part moyenne prise en charge par le bonus par rapport au coût total d’une réparation. Le dispositif global du fonds réparation vise à ce que cette part couvre au moins 20 % (source : décret de 2020 sur la responsabilité élargie des producteurs). Dans le cas du téléphone portable, l’objectif est tenu, puisque l’indice réparation s’élève à 21 %.

L’étude prend également en compte le prix du neuf, qui est de 306 € en moyenne dans le cas du téléphone portable, face à une facture de réparation de 121 € en moyenne. Plus le rapport entre prix neuf et prix de la réparation est bas (c’est l’indice achat), plus réparer est rentable. Dans le cas du smartphone, cet indice est de 31 %. Sachant que le seuil « psychologique » au-delà duquel la majorité des consommateurs préfèrent racheter plutôt que réparer est de 33 % (défini par l’Ademe), l’objectif visé est atteint.
Naturellement, il s’agit de moyennes. Chacun arbitrera au cas par cas, en fonction du prix de son appareil, de l’âge de ce dernier, de ses propres besoins qui peuvent avoir évolué… Si le smartphone se fait vieux, il faudra aussi avoir en tête les possibilités de réaliser des mises à jour pour le maintenir à niveau et anticiper une potentielle obsolescence logicielle.

Même si vous ne souhaitez pas faire réparer votre appareil, il a peut-être encore de la valeur. Vous pouvez envisager de le revendre auprès d’un reconditionneur ou d’en faire don. Les éco-organismes Ecologic et ecosystem proposent des solutions de collecte pratiques, gratuites et sans même bouger de chez soi. Elles se nomment respectivement Téléphone solidaire et Je donne mon téléphone. Il suffit d’imprimer une étiquette prépayée à coller sur une enveloppe dans laquelle on expédie le téléphone. Des acteurs de l’économie sociale et solidaire partenaires le remettent en état et le revendent au prix le plus juste.