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Pourquoi l’issue du procès de Meta est capitale pour Instagram et WhatsApp

15 avril 2025
Par Pierre Crochart
Le PDG de Meta a été averti personnellement sur les dangers de ses plateformes.
Le PDG de Meta a été averti personnellement sur les dangers de ses plateformes. ©Primakov / Shutterstock

Attendu depuis 2020, le procès de Meta s’est ouvert hier aux États-Unis, et pourrait redéfinir la face de l’entreprise aux multiples casquettes.

Temps fort du calendrier judiciaire d’outre-Atlantique, le procès intenté par la Federal Trade Commission (FTC) à Meta, accusé d’avoir racheté Instagram en 2010 et WhatsApp en 2014 afin d’écraser la concurrence, met en jeu l’empire de Mark Zuckerberg. Si les arguments de la FTC sont jugés valides, l’entreprise pourrait être contrainte de se séparer de ces deux réseaux sociaux, parmi les plus utilisés dans le monde.

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Que reproche-t-on à Meta ?

L’entreprise conceptrice de Facebook est accusée par la FTC d’avoir acquis Instagram pour un milliard de dollars en 2010 et WhatsApp pour 19 milliards de dollars en 2014 non pas par volonté de développer son activité, mais simplement pour prévenir l’émergence d’un concurrent susceptible de le faire vaciller.

Pour faire entendre son raisonnement, la FTC a notamment produit des preuves écrites, des e-mails, accréditant clairement ce scénario. On peut notamment lire un échange de 2012 dans lequel Mark Zuckerberg s’inquiète de « l’impact potentiel » d’Instagram, qualifié « d’effrayant ». Raison pour laquelle, écrit-il, « nous [Meta] devrions envisager de payer beaucoup d’argent ».

On peut dire que le chef d’entreprise a eu le nez creux. 13 ans plus tard, Instagram compte deux milliards d’utilisateurs et d’utilisatrices, soit un petit milliard de moins que Facebook. WhatsApp est, de son côté, la messagerie privée la plus utilisée dans le monde, avec également plus de deux milliards de connexions par mois.

Que risque vraiment Meta ?

Le procès s’est ouvert hier, et il faut logiquement s’attendre à un feuilleton judiciaire acharné. En creux, Meta risque purement et simplement de devoir se séparer d’Instagram ou de WhatsApp, voire des deux dans le pire des cas. Une décision à laquelle l’entreprise de Menlo Park pourrait faire appel, retardant encore la scission en différentes entités.

La FTC paraît confiante et sûre de son argumentaire. Elle se trouve par ailleurs rassérénée par la victoire obtenue dans un dossier analogue l’an dernier à l’encontre de Google. Si cette dernière échoue en appel, elle devra se séparer de Chrome, son navigateur web – le plus utilisé, et de loin, dans le monde.

Mais la défense de Meta est bien rôdée, et fait notamment valoir le fait que cela fait longtemps que ses applications n’entrent plus dans la catégorie des « réseaux sociaux personnels » dans laquelle la FTC veut absolument faire rentrer Meta pour invalider l’achat d’Instagram. Meta est d’un avis contraire, s’estimant plus proche de YouTube et de TikTok, soit des plateformes de divertissement. Par ailleurs, l’un des boucliers brandis par la défense est que c’est la FTC elle-même qui, en 2010 et 2014, avait donné son accord au rachat des entreprises qui posent aujourd’hui problème.

Le verdict, qui sera rendu par le juge James Boasberg sans l’intervention d’un jury, est attendu dans les mois à venir.

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Article rédigé par
Pierre Crochart
Pierre Crochart
Journaliste