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Violences et secteur culturel : 3 choses à retenir du rapport

10 avril 2025
Par Lisa Muratore
La commission parlementaire dans le monde de la Culture a rendu son rapport.
La commission parlementaire dans le monde de la Culture a rendu son rapport. ©Belish/Shutterstock

La commission parlementaire sur les violences dans le secteur de la Culture a rendu son rapport. Voici ce qu’il faut retenir de cette publication, on l’espère, historique.

Ce 9 avril, la commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité a publié son rapport. Présidée par la députée Sandrine Rousseau, cette enquête visait à faire un état des lieux des violences commises dans le monde de la Culture, mais aussi à identifier « les mécanismes et les défaillances qui permettent ces violences » afin d’établir la responsabilité des professionnels du secteur, selon le site officiel de La République française, Vie Publique.

Pour cela, et durant de longues semaines, la commission a recueilli la parole des victimes afin de mettre en lumière un système qui n’a pas hésité « à mettre en marge les victimes, à briser des vies, à effacer des carrières ou encore à déligitimer leur mémoire », comme le rappelait Sandrine Rousseau sur le plateau de l’émission Quotidien.

Quels sont les constats de la commission ?

Depuis sa publication, plusieurs pointent un rapport « accablant ». Au terme de six mois d’enquête et de 85 auditions, soit plus de 118 heures d’échanges avec 350 professionnels auxquels s’ajoutent des centaines de témoignages reçus depuis le mois de novembre — comme le souligne Le Monde — la commission d’enquête parlementaire a notamment qualifié les violences examinées de « systémiques, endémiques, et persistantes ». Un constat qui s’appuie sur une étude concrète d’un système nauséabond qui repose sur des manœuvres de silenciation et des menaces de représailles envers les victimes ou témoins, alors que la parole se fait encore rare.

« Il est important maintenant que le monde politique s’en empare et que plus personne ne puisse dire : on ne savait pas. »

Judith Godréche
France Info

Au cours de son enquête, la commission a également mis en lumière plusieurs facteurs favorisant ces violences dans les milieux spécifiques de la Culture tels que la hiérarchisation et les postes d’autorité, la vulnérabilité des victimes, notamment lorsqu’elles sont jeunes, les horaires tardifs, le statut précaire des intermittents du spectacle, mais aussi le recours à des techniques d’apprentissage fondées sur la maltraitance.

Quelles sont les mesures prises ?

Constituée en 2024, avant d’être interrompue à la suite de la dissolution de l’Assemblée Nationale, puis remise à l’ordre du jour à l’autonome dernier, la commission parlementaire a finalement émise plusieurs recommandations. Au nombre de 86, elles ont pour but d’endiguer ce « fléau ».

Encadrement des scènes d’intimité et des castings, obligation d’un coordinateur d’intimité sur les tournages impliquant des mineurs, l’automatisation d’une enquête en cas de plainte ou encore l’obligation aux employeurs de signaler les faits de violences ou harcèlement sexuel portés à leur connaissance, font notamment partie des nombreuses mesures évoquées par le rapport.

Quel avenir pour les recommandations de la commission ?

Simples recommandations, elles auront toutefois besoin, à l’avenir, d’une action politique forte pour être appliquées légalement dans les coulisses d’une industrie soumise à l’omerta. Judith Godrèche qui avait été entendue par la délégation aux droits des enfants et dont le témoignage a mené à la constitution de la commission a déclaré au micro de France Info : « Il est important maintenant que le monde politique s’en empare et que plus personne ne puisse dire : on ne savait pas. Ces propositions doivent se traduire en loi, en législation, qu’elles ne soient pas rangées dans les bureaux de l’Assemblée Nationale ». De son côté, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a fait savoir par une source gouvernementale qu’elle considérait ces questions comme « une priorité ».

Plusieurs personnalités de la Culture ont pris la parole suite à la publication du rapport ce 9 avril. C’est le cas de la Présidente du Festival de Cannes, Iris Knobloch, qui à l’occasion de la conférence de presse dévoilant la Sélection Officielle, a rappelé le rôle et l’importance de ce rendez-vous incontournable dans la prise en compte de la parole des victimes et l’évolution de notre société. La veille, Sandrine Rousseau avait appelé le festival à être « le lieu du renversement des mentalités » dans le cinéma, quelques jours seulement après les accusations d’agression sexuelle entourant le cinéaste, Paul Schrader (Taxi Driver, Oh Canada), durant le Festival de Cannes 2024.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste