
Présentée en compétition internationale à Series Mania, Hal & Harper déploie un coming-of-age sensible, porté par un casting percutant. Critique.
Il y avait comme un air de Sundance (festival honorant le cinéma indépendant américain) à Series Mania. Cooper Raiff, prodige du 7e art outre-Atlantique, a présenté sa première création pour le petit écran, Hal & Harper. Sélectionnée en compétition internationale, la série filme la relation fusionnelle d’un frère et d’une sœur forcés de grandir trop vite face à la détresse de leur père, qui aujourd’hui a refait sa vie et attend un enfant avec sa jeune compagne. La naissance de ce bébé va d’ailleurs tout chambouler pour ces personnages et les obliger à replonger dans leur passé, entre gros moments de déprime et coming-of-age sensible.
Minisérie imaginée en huit épisodes, Hal & Harper s’emploie à montrer à travers une mise en scène humaniste le chamboulement de cette famille marquée par le deuil. Plans serrés, esthétique épurée et caméra embarquée sont les ingrédients de cette pépite tout droit venue du cinéma indépendant californien. La série ne manque pas non plus d’humour et se révèle particulièrement rythmée grâce aux conversations franches de Hal et de Harper.
Photo de famille
Cooper Raiff, qui officie également en tant que showrunner et scénariste, incarne Hal, un étudiant flemmard qui à chaque difficulté trouve refuge chez sa grande sœur, Harper, incarnée par la brillante Lili Reinhart. En interprétant une trentenaire à la dérive désireuse d’en connaître plus sur son passé, la star de Riverdale (2017-2023) dévoile une palette de jeu saisissante et prouve qu’elle peut aller au-delà du carcan imposé par la série Netflix de teenagers.
Ensemble, les deux acteurs forment un duo aussi émouvant que drôle, plein de sincérité face à un Mark Ruffalo puissant. L’acteur, dernièrement à l’affiche de Mickey 17, revient à un registre moins fantasque et absurde en incarnant un père de famille brisé. Si son interprétation frôle parfois le mélodramatique, sa partition face à la géniale Betty Gilpin offre une dynamique intéressante. Incroyable catcheuse dans Glow (2017-2019), l’actrice américaine n’hésite d’ailleurs pas à nous mettre des uppercuts dans le cœur à chaque scène qu’elle partage avec le reste du casting ; un véritable atout pour la série.
Fragmentations
Copper Raiff peut, en effet, compter sur une direction d’acteurs impeccable, pleine d’humanité, malgré une narration éclatée. Celle-ci apparaît parfois déconnectée. Si on sent l’intention du réalisateur de montrer à travers sa mise en scène les fractures de ses personnages, le récit fragmenté entre passé et présent peut parfois perdre le spectateur. Ainsi, et malgré une inventivité indéniable, le showrunner semble avoir du mal à mettre en place les codes de son récit.
Bien que le « subterfuge » pour montrer le coming-of-age trop rapide de Hal et de Harper (les acteurs adultes évoluent au milieu de jeunes enfants de primaire) soit un élément saisissant de la mise en scène, il manque parfois de fluidité et apporte quelques moments de flottement à la série.
Ceci étant dit, Hal & Harper est une petite pépite. Sa présentation en compétition internationale au festival Series Mania apparaît comme une respiration qui rend hommage au petit écran indépendant. Porté par l’interprétation habitée de sa distribution, il en ressort un portrait familial saisissant et vrai. Une minisérie sur la codépendance d’un frère et d’une sœur, mais surtout un moment suspendu qui apporte une touche de poésie à la sélection.