L’Éclaireur s’est entretenu avec les deux réalisateurs et producteurs de la série événement de ce début d’année, Aaron Moorhead et Justin Benson.
La première série Daredevil est une référence en matière d’adaptation de comics. Quel était le challenge derrière Born Again, entre nécessité de rester fidèle à l’essence de l’original et réinvention de l’univers ?
Justin Benson : Nous sommes de très grands fans de la série Netflix. Notre coordinateur de cascades et réalisateur de la seconde unité, Philip Silvera, a travaillé sur les deux productions et il était sans doute la personne la plus importante en termes de respect à la fois de la série originale et des comics Daredevil, par rapport à ce que nous voulions faire avec Born Again.
Aaron Moorhead : Cette série est vraiment un mélange du comics Born Again et des très nombreuses autres histoires de Daredevil. Elle se situe dans la continuité de la production originale de Netflix et garde cette même ambiance, mais l’intrigue prend néanmoins une direction différente dès le premier épisode.
Les Daredevil font partie des meilleurs comics Marvel depuis plus de 40 ans. Quel rapport entretenez-vous avec ces albums ?
J. B. : Quand j’étais assez jeune, l’un des premiers comics que j’ai lus était The Man Without Fear de Frank Miller [qui réinvente la jeunesse et les origines de Daredevil, ndlr]. Je me souviens aussi de la découverte du Born Again de Frank Miller. Pour moi, c’était l’époque des lectures de The Dark Knight Returns ou du Watchmen d’Alan Moore et je pense que, si l’on suit cette tendance des comics sombres et matures de l’époque, on revient toujours sur le culte Daredevil: Born Again de Miller !
Le casting est encore une fois incroyable. Comme vous le disiez, la série est à la fois familière et nouvelle. Comment dirige-t-on Charlie Cox et Vincent D’Onofrio, qui connaissent si bien leur personnage, lors du tournage ?
A. M. : On s’est nous-mêmes posé la question ! Que dire à Vincent D’Onofrio qu’il n’a pas déjà entendu auparavant et qu’il a besoin d‘entendre ? [Rires] Puis on a réalisé assez rapidement, lors des conversations et des répétitions, qu’on devait saisir la manière dont les personnages s’intégraient dans chaque scène. La réponse est généralement toujours la même, mais, une fois que l’on comprend qui sont ces personnages en leur for intérieur, on saisit pourquoi les acteurs vont dans telle ou telle direction lors du tournage.
Notre travail consiste à capturer ces moments de jeu. Parfois, on doit aussi leur rappeler l’intention, car on est tous des êtres humains, sur un plateau, avec beaucoup de distractions, de la lumière, des techniciens… Mais, dans l’ensemble, il s’agit toujours de revenir à ce même postulat : “Qui sont profondément Matt Murdock et Wilson Fisk ?”
J. B. : Ça me fait penser à une blague que nous répétait régulièrement Owen Wilson sur le plateau de Loki. Il avait l’habitude de dire : “Mon travail est de créer la lumière. Ton travail est de la capturer !” [Rires] Il plaisantait, mais, en écoutant Aaron, je me suis dit qu’Owen avait raison !
A. M. : C’est exactement ça ! On doit saisir d’où vient la “lumière” et la capturer.
Daredevil: Born Again est diffusée chaque mercredi sur Disney+.
