La plateforme dégaine ce 23 octobre son adaptation ambitieuse du très populaire jeu de société Loups-Garous de Thiercelieux. Frank Dubosc, Jean Reno et Suzanne Clément incarnent les membres d’une famille soudainement téléportée au cœur de l’œuvre, en plein Moyen-Âge.
« Le village s’endort… Les loups-garous se réveillent ! » Combien de fois avons-nous entendu cette phrase chuchotée, non sans malice, par le maître du jeu ? Imaginé par Philippe des Pallières et Hervé Marly en 2001, ce jeu de société dont le but est d’identifier et de tuer les loups-garous est devenu un véritable phénomène culturel, aussi bien dans les cercles ludiques que dans les rassemblements familiaux. Véritable icône des soirées conviviales, il serait aujourd’hui le jeu français le plus vendu au monde (environ 450 000 exemplaires vendus par an selon Ouest-France).
S’inspirant de ce succès, l’univers de Loups-Garous a déjà connu diverses adaptations, en manga, jeux vidéo ou encore en livres. Mais cette fois, c’est à l’écran que les spectateurs sont plongés dans l’intrigue de ce village médiéval hanté par ces créatures, dans une œuvre qui se veut à la fois divertissante et immersive.
Après une première adaptation sous la forme d’une téléréalité pilotée par Panayotis Pascot et Fary sur Canal+ (le 11 octobre dernier), Loups-Garous débarque sur Netflix sous la forme d’un film, avec une visée clairement familiale. Le réalisateur François Uzan, connu pour Family Business et Lupin, s’attaque à ce projet, livrant une comédie légère qui oscille entre effroi et humour, mais qui peine malheureusement à convaincre.
Clichés en série
Portée par une idée initiale du producteur Clément Miserez, l’œuvre semble être davantage une copie maladroite du célèbre Jumanji qu’une véritable réinvention de l’univers du jeu. Fortement inspiré du film culte avec Robin Williams, Loups-Garous narre les péripéties d’une famille dysfonctionnelle, projetée en 1497, qui doit s’unir pour revenir à son époque. Seule condition pour rentrer chez eux : identifier et éliminer tous les loups-garous du village.
Malheureusement, le film tombe dans des clichés trop prévisibles. Chaque membre de la famille incarne un archétype usé. Le père, incarné par Franck Dubosc, est un professeur de musique légèrement raté, incapable de fédérer sa famille autour de lui, tandis que son couple avec Suzanne Clément semble en bout de course. La relation tendue avec son propre père, joué par Jean Reno, ajoute une couche de prévisibilité, ce dernier jouant le rôle d’un grand-père amnésique avec une aversion pour la technologie.
Quant aux enfants, ils s’enfoncent dans des stéréotypes : le gamin aux cheveux hirsutes et aux ongles noirs en est presque drôle, tant il est une caricature de l’adolescent introverti. Et naturellement, l’aînée est une influenceuse rebelle, tandis que la benjamine est scotchée à son iPad toute la journée.
Un divertissement familial à l’univers fidèle
Si le scénario manque cruellement d’originalité, l’effort artistique déployé dans la conception des costumes et des décors mérite, lui, d’être salué. Les costumes, réalisés par l’Atelier 69, restituent avec soin l’univers médiéval, tout en restant fidèles à l’imagerie des créatures mythiques. Le village médiéval, recréé dans les célèbres studios Barrandov à Prague, offre quant à lui un cadre immersif qui plongera sans doute les plus jeunes dans l’action.
Un autre aspect intéressant est la manière dont chaque membre de la famille développe un pouvoir qui symbolise ses failles personnelles. Le grand-père amnésique se voit doté d’une mémoire et d’une force surhumaines, tandis que l’aînée influenceuse découvre la force de l’invisibilité.
Ces métaphores, bien que grossières, tentent de souligner une morale simple : chaque individu, aussi imparfait soit-il, a un rôle à jouer au sein d’une famille, surtout face à l’adversité. Une leçon bienveillante qui, malgré les faiblesses du scénario, apporte une touche de positivité à un film qui manque souvent de profondeur.
Loups-Garous s’inscrit dans la lignée des comédies familiales sans grande prétention. Bien qu’il emprunte beaucoup à d’autres œuvres et se repose sur des ficelles narratives prévisibles, il trouvera peut-être son public parmi les amateurs du jeu original et les familles en quête de divertissement léger. Malgré un scénario et un jeu d’acteurs en demi-teinte, l’univers visuel travaillé et l’humour bon enfant permettent au film d’offrir une expérience divertissante. Une œuvre qui, si elle ne marquera pas les esprits, réussira à faire sourire les plus jeunes.