Depuis le 13 novembre, un compte Twitter fait des émules et amuse la galerie.
Depuis quelques semaines, une tendance fait fureur sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, et désormais aussi sur Tik Tok : la « yassification ». Ce succès est lié au compte YassifyBot lancé sur cette plateforme le 13 novembre dernier, et qui comptait 147 000 abonnés au 29 novembre. Le compte publie des images qui ont été « yassifiées », soit auxquelles plusieurs filtres de beauté ont été appliqués pour rendre une célébrité, un personnage de fiction, de la pop culture ou encore une œuvre d’art plus glamour, plus en phase avec les canons de beauté contemporains dominants (joues saillantes, lèvres ultrapulpées, cils XXL, perruque, etc.). Des centaines de photos retouchées, exagérées et frôlant souvent l’absurde, ont ainsi été partagées sur le réseau social : Bernie Sanders, Timothée Chalamet, Madame Doubtfire, l’elfe Dobby de Harry Potter, le portrait La Jeune Fille à la perle de Johannes Vermeer… Les mèmes humoristiques récoltent souvent plusieurs milliers de like et quasiment autant de partages.
Bien que le nom du compte laisse à penser qu’il s’agit d’un bot (agent automatique), c’est belle et bien une personne qui se cache derrière. Il a en effet été créé par un étudiant en art de 22 ans connu sous le pseudonyme de Denver Adams. Il a été inspiré par un mème de Toni Collette où le visage de l’actrice criant dans le film d’horreur Hérédité est transformé en version plus glamour.
Des images retouchées avec l’application FaceApp
Pour retoucher les images, Denver Adams utilise l’application FaceApp qui se sert de l’intelligence artificielle. Ce processus ne prend que quelques minutes selon lui. Il suffit de faire passer plusieurs fois le visage d’une personne sur l’application pour la rendre plus glamour. Lancée en 2017 par l’ingénieur russe Yaroslav Goncharov, FaceApp a pourtant été accusée de racisme, notamment avec l’un de ses filtres censés rendre les utilisateurs « sexy » qui blanchit la peau des personnes de couleur. Un problème auquel a été confronté Denver Adams, comme il l’a expliqué au magazine Teen Vogue.
Concernant la « yassification », l’étudiant en art a attribué son succès à l’aspect ridicule des images : « Je pense que plus c’est ridicule, plus les gens trouvent ça drôle ». Il estime que cette tendance des mèmes met en lumière à quel point cette technologie d’intelligence artificielle frise parfois le ridicule, tout comme la retouche excessive de photos sur les réseaux, et comment elle permet en un clic de transformer des visages en « quelque chose d’aussi artificiel ».
Le mot « yassification » est populaire au sein de la communauté LGBTQIA+. Il tire son origine de l’expression « yass » ou « yaass », pour « yes », soit une manière plus appuyée et exgarée de dire « oui ». Celle-ci serait devenue populaire à la suite d’une vidéo d’un fan de Lady Gaga en 2013, mais aussi grâce à la série Broad City. Face à l’ampleur du phénomène, le terme « yassify » a rejoint le Urban Dictionnary le 16 novembre dernier, avec la définition suivante : « yassifier consiste à améliorer quelqu’un ou quelque chose ».