Si le comics aborde régulièrement des thématiques sombres et matures, il arrive aussi qu’il permette aux auteurs de se lâcher et d’offrir de beaux moments d’humour en BD. Pour célébrer la journée mondiale du rire, voici une sélection de bandes dessinées américaines qui devraient vous arracher quelques éclats de rire.
Quoi de mieux qu’une bonne comédie pour célébrer cette journée internationale ? Pas de films ou de séries TV au menu, mais des comics largement reconnus pour leur humour, offrant un moment de légèreté plus que bienvenu. Une comédie policière farfelue, des obscénités pleines d’imagination, de l’humour de situation… Il y en a pour tous les goûts !
| The Fix, de Nick Spencer
Roy et Mac sont deux policiers corrompus qui n’hésitent pas à s’embarquer dans des combines improbables dès qu’une liasse de billets est en jeu (comme se tirer dans la main pour être affecté aux douanes de l’aéroport et laisser passer les colis des cartels). Mais, à force de multiplier les plans hasardeux, les problèmes vont vite arriver.
Nick Spencer écrit ici un polar au ton très décalé autour de deux bras cassés qui enchaînent les situations improbables, ce qui n’est pas sans rappeler certaines œuvres hollywoodiennes. Le scénariste s’est fait une spécialité d’écrire ce genre de personnages un peu losers, notamment chez Marvel (Astonishing Ant-Man, Superior Foes of Spider-Man).
Il faut également saluer le travail rudement efficace du dessinateur Steve Lieber et les belles couleurs de Ryan Hill qui animent ce Los Angeles. Le comics est disponible en trois tomes chez Urban Comics. Et mention spéciale à Bretzel, le chien renifleur de drogue qui devient la mascotte de la série.
| I Hate Fairyland, de Skottie Young
Transportée dans le royaume magique de Fairyland quand elle était petite, Gertrude en a marre, car elle cherche à s’échapper… depuis 30 ans. Bloquée dans son corps d’enfant, sa santé mentale en a pris un coup et elle va semer la panique dans le royaume.
Véritable coup de cœur, cette série est un immense défouloir. Le contraste entre la violence graphique et l’esthétique féerique et enfantine est maîtrisé, symbolisé par cette fillette à l’allure innocente qui ne cesse d’imaginer de nouveaux jurons toujours plus créatifs. Les personnages sont tous plus réussis les uns que les autres et les introductions des numéros sont très drôles.
Skottie Young, connu pour ses couvertures version enfant des personnages Marvel, livre l’une des séries comiques les plus réussies de ces dernières années. Urban Comics a édité la série en France en deux intégrales et sa suite arrive en librairie en juin.
| Tony Chu détective cannibale, de John Layman
Dans cet univers, la consommation de volaille est interdite après la grippe aviaire. Intervient alors l’inspecteur Tony Chu qui lutte contre le trafic de poulet grâce à sa capacité particulière : il est cibopathe. Quand il mange un aliment, il peut tout savoir de celui-ci. Auparavant, il était d’ailleurs détective, jusqu’à ce qu’on le surprenne à utiliser son don sur un cadavre pendant une enquête…
L’univers complètement loufoque de la série est l’une de ses forces. On sent que les auteurs se font plaisir et aiment les personnages qu’ils ont créés. Le trait très cartoon du dessinateur colle à l’ambiance délirante du récit et rend les personnages très expressifs.
Si la série devient plus sombre et finit par s’essouffler un peu, Tony Chu n’en reste pas moins une grande réussite, récompensée par deux Eisner Awards (les Oscars du comics) à ses débuts. Delcourt a édité la bande dessinée en trois intégrales baptisées Tony Chu : édition gargantuesque. Un spin-off en deux tomes, Safrane Chu, est aussi disponible.
| Hawkeye, de Matt Fraction
Clint Barton est un Avenger chevronné, mais que fait-il quand il ne sauve pas le monde avec Captain America et compagnie ? Le comics nous plonge dans le quotidien d’Hawkeye : ses problèmes de voisinage, ses galères avec la gent féminine, l’adoption de son chien Lucky, sa surdité ou sa colocation avec Kate Bishop, héroïne avec laquelle il partage son nom de code.
Avec cette série, Matt Fraction a ouvert la voie chez Marvel à des comics qui s’éloignent des blockbusters super-héroïques. Présenter Clint Barton sous un angle plus humain a permis aux lecteurs de s’identifier à lui comme rarement auparavant.
Au-delà du fond, la forme a aussi apporté une fraîcheur nouvelle à un comics Marvel avec un storytelling inhabituel et des épisodes autocontenus conceptuels (dont un raconté du point de vue du chien). Sans oublier l’excellence de la partie graphique, assurée en grande partie par David Aja, dont les découpages débordent de créativité et de justesse. Nommée pour plusieurs prix à travers le monde (dont Angoulême), la série est disponible en une intégrale chez Panini Comics sous le nom Hawkeye par Fraction et Aja.
| Sex Criminals, de Matt Fraction et Chip Zdarsky
Suzie et Jon ne se connaissent pas, mais ils partagent un étrange secret : quand ils ont un orgasme, le temps s’arrête. Alors, quand ces deux solitaires se rencontrent, ils décident d’utiliser leur don pour braquer une banque et sauver la bibliothèque de Suzie.
Derrière ce pitch sulfureux, on retrouve de nombreuses séquences très drôles. Matt Fraction, encore lui, et Chip Zdarsky y parlent de sexe très librement et l’humour est évidemment très grivois par moments. Mais, au fil des numéros, l’intrigue et les personnages prennent en épaisseur, sans perdre l’absurdité du concept.
Gage de qualité, Sex Criminals a notamment reçu l’Eisner Award de la meilleure nouvelle série à son lancement. Malheureusement, son édition française est incomplète : Glénat Comics a sorti les trois premiers tomes avant d’abandonner la publication. Ils sont trouvables en occasion et, pour les lecteurs anglophones, il existe six albums et une intégrale en VO. Une adaptation en série TV est en développement chez Prime Video, une réédition pourrait donc finir par voir le jour.