Entretien

Noémie Schmidt : “Ce qui est génial dans le true crime, c’est que la réalité dépasse la fiction”

09 avril 2024
Par Agathe Renac
“Anthracite : le mystère de la secte des Écrins” est disponible depuis le 10 avril sur Netflix.
“Anthracite : le mystère de la secte des Écrins” est disponible depuis le 10 avril sur Netflix. ©Netflix

Intrigante, drôle et surprenante, la nouvelle série de Netflix est très efficace. Anthracite : le mystère de la secte des Écrins nous plonge dans un petit village des Alpes touché par des meurtres et des disparitions inquiétantes. Inspirée du genre populaire du true crime, elle captive ses spectateurs dès le premier épisode et nous fait frissonner avec ses histoires de secte et ses secrets de famille. Le show est notamment porté par le rappeur Hatik et l’actrice Noémie Schmidt, qui se sont prêtés au jeu de l’interview pour L’Éclaireur.

Hatik, on vous connaît surtout en tant que rappeur et pour votre rôle dans la série Validé. Noémie, vous êtes déjà très identifiée sur le petit et grand écran et vous avez incarné des personnages très différents. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce projet d’Anthracite ?

Noémie Schmidt : Anthracite, c’est une histoire de secte et de true crime. J’adore ce genre, ce mélange de documentaire, de vidéos d’archives et d’images actuelles. J’ai eu un coup de cœur pour mon personnage qui est très vraiment moderne, avec son côté décalé, geek, kawaii et passionnée de web sleuthing. Elle est complexe, intéressante et vraiment trop drôle à jouer. Elle s’éloigne complètement des héroïnes que j’ai pu interpréter, donc c’était un gros challenge, mais j’étais hyper contente d’être avec elle pendant quatre mois.

Hatik : Dès la lecture du scénario, je me suis dit que cette série était originale et qu’elle ne rentrait pas dans les clichés habituels du paysage audiovisuel français. C’était bien écrit, prometteur en termes de réalisation, l’évolution de mon personnage m’intéressait beaucoup… J’avais vraiment très envie de faire partie de ce projet. Tous les signaux étaient au vert, d’une certaine façon.

Jaro et Ida sont des personnages complexes et marquants. Vous reconnaissez-vous en eux ?

N. S. : Pas du tout !

H. : Moi non plus. Que ce soit Noémie ou moi, on est plutôt différents de nos personnages.

N. S. : Par exemple, je suis plus à l’aise dans la vie réelle que dans la vie numérique, et je n’ai pas autant souffert qu’Ida. Elle a une vie très compliquée et difficile, elle est malade, elle a une famille abîmée… Je pense avoir clairement plus de privilèges qu’elle.

H. : Je pense que je peux me retrouver dans l’hypersensibilité de Jaro, même si elle ne se manifeste pas de la même manière chez moi. En revanche, j’ai été un peu plus malin dans mon parcours de vie.

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N. S. : Tu le trouves un peu pataud ?

H. : Il ne fait que des mauvais choix ! Il devient papa, puis il fait de grosses bêtises, il perd la garde de sa fille…

N. S. : Comment t’aurais réagi, toi, durant la fête de l’hiver ? Tu leur aurais dit de partir ? [À ce moment de la série, la fille et l’ex de Jaro lui rendent une visite surprise, alors qu’il est en danger, ndlr]

H. : Tu ne sais pas ce qui va arriver, mais tu peux leur expliquer clairement la situation. Après, le problème, c’est que plus tu vas leur en parler, plus elles vont te prendre pour un fou.

N. S. : Moi, j’ai beaucoup d’empathie pour Jaro.

H. : C’est clairement un personnage qui crée de l’empathie.

La série parle du phénomène de true crime, dont Ida est complètement fan. Quel fait divers vous fascine le plus ?

N. S. : Sans aucun doute l’histoire de la secte de Rajneesh. Leur gourou a écrit plusieurs bouquins. Au départ, ils étaient en Inde, puis ils ont tous migré à Portland, dans l’Oregon. J’ai adoré Wild Wild Country, qui est une série super intéressante qui revient sur toute cette histoire. À certains moments, tu as presque envie de faire partie de cette secte (rires). Évidemment, je me dis que je dois me tenir à distance des prophètes, mais en même temps, je peux aussi avoir une forme d’amour pour ces figures – comme Bob Marley. C’est bizarre, mais si j’avais pu le suivre ou le rencontrer, je pense que j’aurais pu être attirée par ce genre de personnalité.

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H. : Pour le coup, je ne suis pas du tout attiré par le true crime. Je n’en regarde pas, mais je le subis beaucoup à la maison et je connais beaucoup d’histoires malgré moi (rires) !

N. S. : Ce qui est génial dans le true crime, c’est que la réalité dépasse la fiction. Les histoires les plus folles sont des histoires réelles. C’est fou.

Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs de tournage ?

H. : La sieste, par terre, dans la loge. J’en ai fait beaucoup.

N. S. : Je pense que je connais ton pire souvenir ! Il était 21 heures, on avait fait des heures et des heures de tournage, et ils étaient encore en train d’enlever tes blessures. T’étais vraiment, méga, au fond du trou.

H. : J’ai eu beaucoup de moments au fond du trou (rires).

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N. S. : Il était au bord du gouffre (rires) ! Franchement, j’étais ultra en empathie avec toi. Il passait quatre heures à attendre qu’on lui enlève le maquillage qu’on avait déjà mis quatre heures à lui mettre. C’était le dernier sur le tournage. Je suis partie en mode : “Saluuut… À demain…”. En ce qui concerne le meilleur souvenir, j’ai adoré toutes les séquences dans la montagne, dans la grotte, les cascades et les bagarres.

H. : C’est surtout le climax de la série ! Il faut tout envoyer en termes d’acting, c’était un vrai challenge.

Votre duo fonctionne très bien à l’écran. Comment s’est déroulé cette collaboration ?

H. : On s’est rencontré sur le tournage. On ne s’est pas vraiment beaucoup parlé au début, mais ça s’est fait naturellement.

N. S. : On était tous les deux dans notre bulle : moi dans celle d’Ida, lui dans celle de Jaro.

H. : La première fois qu’on s’est vus, elle était encore en train d’apprendre des textes qu’elle bossait depuis plusieurs semaines. Elle avait des pavés énormes à mémoriser. Le contraste entre nos dialogues m’a fait rire. Je lui ai dit : “Ah oui, t’as des romans ! Moi ? Bah j’apprends pas mes textes.” J’arrive le jour J, je le lis le script, et je joue. Il y avait une vraie différence dans nos manières de travailler, mais en même temps, c’est logique. Elle devait se souvenir d’énormément de dialogues. Parfois, elle avait un milliard de phrases et je lui répondais deux mots, genre : “Mais t’es malade”, “Mais t’es folle”. Pour moi, tout se jouait dans ma réaction et dans mon jeu. C’était un plaisir de travailler avec elle, c’est une bonne vivante. À la limite, je pense que c’est plus difficile de s’adapter à une personne comme moi. Je suis un peu grognon. Parfois, les gens doivent se dire : “J’ai pas trop envie d’aller vers lui”, mais ça dépend du jour et de l’heure. À sept heures du mat, il faut me laisser tranquille (rires).

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Article rédigé par
Agathe Renac
Agathe Renac
Journaliste