Critique

Métal, Diabolus in musica : que vaut la nouvelle exposition à la Philharmonie de Paris ?

07 avril 2024
Par Lisa Muratore
Affiche de l'exposition “Métal, Diabolus in Musica” à la Philharmonie de Paris.
Affiche de l'exposition “Métal, Diabolus in Musica” à la Philharmonie de Paris. ©La Philharmonie de Paris

L’Éclaireur s’est rendu à la nouvelle exposition de la Philharmonie de Paris pour découvrir Métal, Diabolus in Musica. Une véritable plongée dans un monde passionnant et symbolique.

Rentrer dans l’exposition Métal à la Philharmonie de Paris, c’est comme rentrer sur la scène d’un concert de hard rock. Un grand écran nous accueille telle une vraie rock star, et l’on entend au loin résonner les riffs des guitares. On pénètre ainsi dans ce temple du rock en voyageant, tout d’abord, à travers ses débuts avec les mythiques Black Sabbath, Led Zeppelin et Deep Purple. Affiches inédites, couvertures d’album et film-concert nous lancent dans une ambiance électrisante, au cœur des années 1960.

L’aspect rétro qui se dégage dès les premiers pas dans l’espace introductif nous plonge directement dans l’atmosphère de l’exposition, alors que les reliques exposées sont fascinantes. On comprend au vrombissement des guitares, aux percussions de la batterie et à la rythmique de Whole Lotta Love de Led Zeppelin qu’une révolution musicale mais aussi artistique est en marche.

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Le métal pour tous

Car c’est tout le but de l’exposition Métal : montrer comment ce genre musical, souvent considéré comme une contre-culture, a puisé dans l’histoire, la littérature, la religion, ou encore la science-fiction. Corentin Charbonnier, l’un des commissaires de l’exposition, est d’ailleurs revenu sur la raison d’être de ce rendez-vous artistique unique en France : « Nous voulions tracer l’histoire de cette culture avec les groupes afin de comprendre comment est né l’esthétique du métal. Nous voulions le mettre en lien avec des créations contemporaines tout en expliquant comment le métal va chercher dans le classique. »

Tout l’intérêt de l’exposition est, en effet, de montrer que le métal n’est pas une niche faite par des métalleux pour les métalleux, mais que c’est une culture référencée, et riche, accessible à toutes et tous. Le second commissaire de l’exposition, Milan Garcin, a souligné sur ce point : « Nous ne voulions pas penser le métal comme une musique mais comme une culture qui comprend des sous-styles. Nous avons pensé l’exposition en global vis-à-vis d’un rapport à la musique mais aussi de l’esthétique. »

Un exosquelette alien côtoie ainsi des peintures classiques reprises sur des pochettes d’albums ainsi que des costumes de scène tirés de l’opéra, ou encore des masques inspirés par la mythologie diabolique. Par ailleurs, les visiteurs pourront découvrir « des chapelles » — un nom soulignons-le très bien trouvé par rapport au thème de l’exposition — célébrant les variétés de métal, mais aussi des reliques exclusives fournies spécialement pour l’exposition par la collection du Hard Rock Café et le Rock and Roll Hall of Fame.

De la guillotine utilisée par Alice Cooper sur scène, aux guitares (heroes) les plus mythiques en passant par la reconstitution d’un salon de métalleux rempli de vinyles — symbole de l’importance de la collection au sein du mouvement — l’exposition mélange goodies de pop culture et leur lien avec les références esthétiques et gothiques.

Une exposition pointue mais accessible

Pour autant, le rapport est parfois difficile à percevoir. Il est ainsi davantage présenté au visiteur plutôt qu’explicatif. Mais ce dernier ne sera pas venu pour rien à la Philharmonie car l’exposition permet d’en apprendre davantage sur les différents genres de métal, malgré un vocabulaire parfois pointu et technique qui devrait surtout résonner auprès des adeptes du genre et les fins connaisseurs musicaux.

Pour autant que les néophytes se rassurent grâce à une scénographie impressionnante bercée par Dream on d’Aerosmith, Thunderstruck d’ACDC, ou encore Welcome to the Jungle des Gun N’ Roses, ils pourront à la fois retrouver les ténors du genre, tout en découvrant des pans inédits de la culture métal.

On se balade ainsi entre chaque partie en secouant la tête et en fredonnant quelques paroles. Une visite complètement immersive qui nous en apprend également sur la place du genre en France, mais qui revient aussi sur l’engagement et les controverse liées à son histoire et son style.

Affiche de l’exposition Métal, Diabolus in Musica à la Philharmonie de Paris. ©Philharmonie de Paris

Métal offre un large panorama sur le mouvement musical et artistique. À travers une scénographie amusante, un travail de recherche pharamineux et une reconstitution excellente, l’exposition de la Philharmonie nous embarque dans un monde passionnant pour déconstruire les clichés qui l’entourent et nous en apprendre surtout sur sa richesse et son effervescence depuis plus de 60 ans.

En parlant d’effervescence d’ailleurs, le clou du spectacle propose une vue 360e dans un véritable pogo au cœur du festival Hellfest. Nous voici plongés au sein d’un joyeux bouillonnement humain, musical et artistique : trois éléments qui résument parfaitement l’exposition de la Philharmonie de Paris à découvrir jusqu’au 29 septembre 2024.

Métal, Diabolus in Musica à la Philharmonie de Paris du 5 avril au 29 septembre 2024. Billetterie par ici.

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Article rédigé par
Lisa Muratore
Lisa Muratore
Journaliste