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5 bonnes raisons de se mettre à la littérature québécoise

12 avril 2024
Par Pauline Gabinari
Lac Jacques-Cartier.
Lac Jacques-Cartier. ©Alice Triquet

À l’occasion du Salon du livre de Paris, du 12 au 14 avril 2024, qui mettra à l’honneur le Québec, L’Éclaireur revient sur cinq raisons de découvrir cette littérature venue d’outre-Atlantique.

Festival du livre de Paris, Étonnants Voyageurs, Festival de la bande dessinée d’Angoulême… Cette année, le Québec est à l’honneur aux quatre coins de l’Hexagone. Mais pour quelle raison au juste ? Attache ta tuque, on t’explique pourquoi !

1 Le style décalé de ses auteurs de polars

Après l’explosion des polars nordiques, c’est outre-Atlantique qu’on se décide à parler de meurtres. Et quoi de mieux que les immenses forêts et les lacs aux profondeurs abyssales pleins de secrets d’un territoire trois fois plus grand que la France pour cacher un corps ? Véritable phénomène dans la Belle Province, les auteurs explorent ces espaces sauvages ou jungles urbaines avec une plume bien particulière, celle de la langue québécoise. Une écriture qui se déploie alors autour d’histoires décalées, où le scénario va souvent au-delà de l’enquête pour offrir un regard mi-amusé mi-critique sur les frasques boursouflées des relations humaines. Nos préférés ? Les meurtres d’André Marois faits de soucis entre voisins et de petites obsessions qui finissent en acharnement avec, à la clé, de bonnes idées pour relancer le tourisme dans sa ville !

Coup de cœur : La Sainte Paix, d’André Marois, Héliotrope.

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2 Une occasion parfaite pour découvrir la littérature de fragments

Aficionados des écritures du doute et des réflexions par petites touches, la littérature de fragments est faite pour vous. Un peu à la manière impressionniste, elle tente de raconter à travers un genre hybride, fait de poésie, de récit et de morceaux d’essais, une histoire sensible, souvent intime. C’est une écriture de résistance qui prône la multitude plutôt que la pensée unique. Pour beaucoup, il s’agit aussi d’une nouvelle façon de penser, en dehors des cases et des rayonnages des librairies. Au Québec, cette manière d’écrire s’est développée ces dernières années en parallèle d’autres mouvements refusant les étiquettes comme la pensée queer ou non-binaire. On peut la découvrir dans des bars à Montréal durant des lectures ou des performances, ou bien, pour ceux qui voyagent à travers les livres, ouvrir les merveilleux textes de Naomi Fontaine, Valérie Forgues ou encore Jacob Wren.

Coup de cœur : Un choix d’amour, de Valérie Forgues, Triptyque.

3 L’oralité des textes qui n’existe pas ailleurs

S’il y a bien un pays où l’on écrit comme on parle, c’est au Québec (ou en tout cas dans la littérature contemporaine québécoise, vers laquelle on vous encourage vivement à vous diriger). Langue affranchie du parisianisme auquel elle a longtemps dû s’adapter, le québécois éclot depuis quelques années à coups de « Esti », « Es-tu correcte ? » et « cellulaire ». On la retrouve aussi dans la présence de termes anglais directement venus d’autres provinces canadiennes et de la proche frontière nord-américaine. Un mélange particulièrement revigorant, creuset de cultures, sans effet de manches linguistiques ou formules ampoulées. 

Coup de cœur : La Version qui n’intéresse personne, d’Emmanuelle Pierrot, Le Quartanier 

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4 La puissance des autrices féministes québécoises

Au Québec, plus personne ne dit « un auteur » pour désigner une femme qui écrit : on ne mégenre pas une femme car elle est écrivaine. De même, l’écriture inclusive n’est plus vraiment un débat. Elle est devenue un outil de travail comme un autre. C’est un peu de cette trempe qu’est la pensée féministe au Québec : avancée et surplombante. D’ailleurs, si Virginie Despentes avait une sœur, elle serait sans conteste québécoise. Car la littérature féministe québécoise tient aussi de la colère, elle grogne, ne se tait pas, elle est « enflammée » comme dirait Martine Delvaux, l’une des figures de proue du mouvement. Elle brûle tant qu’elle nous arrive en France de façon assez avant-gardiste avec des ouvrages sur l’industrie cosmétique (Maquillée, Daphne B, Grasset), l’entre-soi masculin (Boys Club, Martine Delvaux, Payot) ou encore la sexualité (Putain, Nelly Arcan, Seuil). 

Coup de cœur : Les Filles en série, de Martine Delvaux, Les Éditions du remue-ménage (nouvelle édition revue et augmentée de 2018)

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5 La littérature autochtone, à lire de toute urgence si vous ne savez pas ce que c’est !

Sur le devant de la scène avec des best-sellers comme Kukum de Michel Jean, la littérature autochtone apparaît comme une richesse de plus dans les rayons des librairies. Pour comprendre un peu mieux d’où elle vient, il faut se diriger au Nord, à cheval sur plusieurs territoires, immenses espaces souvent entre neige et toundra. Le Canada compte trois catégories de peuples autochtones : les Premières Nations, dont les Innus font partie, les Métis et les Inuits. Les Inuits vivent entre le Groenland, la Sibérie et la région du Nunavik, au nord du Québec. Les Innus, eux, se trouvent uniquement au Canada, majoritairement sur le territoire québécois. Langues orales, l’inuktitut et l’innu-aimun n’ont que tardivement été transcrites à l’écrit. Résultat : les textes sont portés par une grande liberté de forme et une attention particulière aux sons des mots. On conseille, pour commencer, les plumes de grandes poétesses comme Joséphine Bacon ou Rita Mestokosho. 

Coup de cœur : Une fois de plus, de Joséphine Bacon, Mémoire d’encrier

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Salon du livre de Paris, du 12 au 14 avril 2024 au Grand Palais Éphémère.

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