Avec le premier volume de No Manga, No Life, l’auteur japonais nous propose d’entrer dans les coulisses de son travail.
Tokyo, années 1980. Dès son arrivée dans l’industrie, un artiste s’affranchit des codes classiques du manga. Son nom ? Minetaro Mochizuki. Son œuvre parvient à faire voyager ses lecteurs dans les tréfonds de l’âme humaine et la noirceur de sa psychologie. Son titre phare, Dragon Head (qui a eu droit à une adaptation cinématographique de qualité en 2003), montre la capacité du mangaka à imaginer des récits poignants qui oscillent entre le cauchemar et la réalité, et de révéler les tourments intérieurs et les peurs les plus profondes de ses personnages.
Depuis les années 2000, son style graphique s’est épuré et l’obscurité de la psyché humaine qu’il aime tant explorer a parfois été reléguée au second plan. Mais il ne faut pas croire pour autant que Mochizuki a laissé de côté son envie de mettre en lumière les ténèbres qui s’agitent en chacun de nous.
L’homme derrière les mangas
Depuis presque dix ans, Le Lézard Noir met ses œuvres en lumière. D’abord avec Chiisakobe, un récit de survivant à la croisée des genres où l’apparente légèreté révèle des thématiques bien plus profondes comme le deuil, mais aussi avec une poésie du quotidien propre aux œuvres les plus récentes de son auteur. L’éditeur a ensuite adapté en manga L’Île aux Chiens de Wes Anderson, dont le personnage Richie Tenenbaum semble avoir grandement influencé le design du héros de Chiisakobe. Son nouveau récit autobiographique, No Manga, No Life, s’inscrit dans cette lignée.
À la façon d’un roman à clé, Minetaro Mochizuki se crée un double littéraire appelé Mochitarô Minezuki. Devenu lui aussi mangaka dès son plus jeune âge, il est confronté à un manque d’inspiration qui frôle l’existentialisme. Ses projets s’enchaînent, mais ne mènent jamais à rien. Cette succession d’échecs le pousse à se demander s’il ne devrait pas raconter ce qu’il vit : la page blanche et l’angoisse introspective qui va avec. Lorgnant plus souvent du côté de l’humour, ce manga livre aussi une exploration intime du quotidien de père de famille de l’auteur, et s’intéresse à celles et ceux qui ont influencé son travail.