C’était le 34e et dernier tome de L’Attaque des Titans. Et, encore une fois, la saga eldienne a réservé son lot de surprises. Critique garantie sans spoiler.
C’était le manga incontournable de ces dernières années. D’abord, parce qu’il a cartonné durant le confinement en France : les éditions Pika ont enregistré une augmentation de 40 % de leurs ventes en ligne durant cette année singulière. Mais surtout à travers son thème principal, drôle d’écho à la période traversée : L’Attaque des Titans, c’est avant tout un peuple confiné entre des murailles et menacé par des forces inconnues, des géants mangeurs d’hommes. Alors, après 139 chapitres de suspense, de retournements de situations, de combats tridimensionnels, de nuques coupées, et plusieurs millions d’albums vendus au Japon, aux États-Unis et en France, c’est peu dire que la fin des aventures d’Eren, Armin et Mikasa était attendue au tournant.
Du storytelling, des flashbacks maîtrisés et un dernier combat épique
Ce n’est pas nouveau : la profondeur du dessin et la finesse du trait ne sont pas les qualités premières de Hajime Isayama. En revanche, le mangaka de L’Attaque des Titans est largement reconnu pour son inventivité scénaristique. Au cours des 33 précédents tomes au cœur de l’Empire d’Eldia, il a prouvé son sens du détail. Rien n’a été laissé au hasard. Tous les petits indices disséminés ici et là servent un dessein futur. Et ce dernier tome y met un point final. Les histoires de chaque personnage, principal et secondaire, les mystères, les secrets, les nombreux flashbacks, ont tous été pensés en amont et viennent sublimer un final à l’image de la saga : géant.
Après une dernière bataille inévitable et épique, tous les arcs narratifs trouvent leur terme, toutes les questions en suspens leur réponse. Que ce soit la nature de la relation entre Eren Jäger et Mikasa, la quête de vérité d’Armin, l’histoire du monde dans lequel cohabitent difficilement peuple Mahr et empire d’Eldia, la volonté profonde d’Ymir, les secrets du titan originel ou encore le sort réservé à la famille d’Annie… Les fans de la saga seront repus. Seule ombre au tableau : les dialogues redondants, qui hachent et encombrent les scènes de combat. Les personnages s’appellent les uns les autres quasiment une case sur deux et ça peut parfois être agaçant.
Des retournements de situation et une fin ouverte
Les rebondissements sont la marque de fabrique d’Isayama. Durant les 33 précédents tomes de L’Attaque des Titans, le lecteur est souvent partagé : les héros d’hier ne sont pas aussi purs qu’on le pensait, les ennemis sont plus humains qu’au premier abord. Bref, rien n’est ni tout blanc ni tout noir. Tout est question de point de vue, comme dans toute guerre, comme dans toute histoire avec un grand H. C’est le cas également pour ce dernier épisode. Le manga se termine par une série de dessins sans dialogue laissant le lecteur à sa propre conclusion. La morale est sujette à interprétation et dépend de la sensibilité de chacun, fidèle jusqu’au bout à l’ADN de L’Attaque des Titans.
En somme, c’est un dernier tome globalement réussi. Il remplit en tout cas le difficile rôle d’un épilogue : des explications cohérentes, réalistes, respectant l’univers dans lequel les fans sont plongés depuis maintenant une décennie. Le premier tome est sorti en 2009 et Eren Jäger a bien grandi depuis qu’un titan a dévoré sa mère sous ses yeux. Et même s’il est toujours difficile de dire au revoir à une œuvre à laquelle on s’est attaché si longtemps, il est toujours plus simple de le faire quand la conclusion est satisfaisante. Alors, adieu Eren, Mikasa et Armin !