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Pour Frances Haugen, l’Europe a « une occasion unique de créer de nouvelles règles pour notre monde en ligne »

09 novembre 2021
Par Kesso Diallo
La lanceuse d’alerte continue de faire trembler le réseau social. Elle sera entendue par l’Assemblée nationale le 10 novembre.
La lanceuse d’alerte continue de faire trembler le réseau social. Elle sera entendue par l’Assemblée nationale le 10 novembre.

En tournée médiatique et politique cette semaine, la lanceuse d’alerte a été entendue par le Parlement européen le 8 novembre.

Une loi avec le potentiel de devenir une « référence mondiale ». C’est ainsi que Frances Haugen voit la législation sur les services numériques (DSA) de l’Union européenne (UE), en cours de discussion au Parlement. La lanceuse d’alerte à l’origine des Facebook Files a échangé avec les eurodéputés à l’occasion d’une audition ce 8 novembre. Lors de cette rencontre, elle a donné son avis sur cette future loi, visant notamment à mieux protéger les consommateurs et leurs droits fondamentaux en ligne. L’ancienne employée de Facebook – désormais rebaptisé Meta – considère que cette loi « peut fixer les normes mondiales en matière de transparence, de contrôle et d’application », à condition que ces règles soient « solides ».

Au cours de cet échange, les questions des parlementaires ont notamment porté sur la manière de rendre les plateformes plus responsables, mais aussi sur la réglementation des contenus illégaux et préjudiciables et les outils de modération du groupe californien.

Des suggestions pour le projet de régulation européen

Frances Haugen a incité les élus à « demander dans le DSA des chiffres par pays ou par langues » concernant le nombre d’employés chargés de la modération ou du suivi des élections, ou encore celui des contenus retirés. Les Facebook Files ont en effet révélé que l’entreprise manque d’effectifs qualifiés pour assurer la modération de ses contenus dans les pays en conflit, mais aussi que cela affecte la capacité des systèmes de modération automatique.

La lanceuse d’alerte estime également que la société pourrait faire « beaucoup plus » pour rendre ses algorithmes plus sûrs face à la désinformation et au déclassement des contenus préjudiciables. Dans ce cadre, elle a notamment évoqué des limites concernant le nombre de fois où un contenu peut être partagé ou une modération mutuelle des utilisateurs plutôt qu’une modération à l’aide de l’intelligence artificielle. Les algorithmes du réseau social ont effet fait l’objet de multiples changements, générant des conséquences indésirables, à l’image de la modification effectuée en 2018 sur le système du fil d’actualité ayant abouti une optimisation des publications clivantes.

Enfin, cette audition a été l’occasion pour Frances Haugen de réitérer ses accusations, selon lesquelles Meta fait passer le profit avant la sécurité des utilisateurs et nuit à la santé mentale des enfants avec Instagram. Des affirmations que l’entreprise américaine continue de contester, arguant que des milliards de dollars sont investis pour lutter contre la désinformation et la haine en ligne. De son côté, la Slovénie, présidant l’UE jusqu’à la fin de l’année, souhaite adopter une position commune sur le DSA et le Digital Markets Act – portant sur les marchés numériques – lors d’une réunion le 25 novembre prochain. Le Parlement européen, lui, mise plutôt sur un compromis d’ici début 2022.

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste