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Comment la désinformation liée à l’avortement prospère sur les réseaux sociaux

18 janvier 2024
Par Kesso Diallo
La diffusion de fausses informations liée à l'avortement est facilitée par plusieurs éléments.
La diffusion de fausses informations liée à l'avortement est facilitée par plusieurs éléments. ©NeydtStock / Shutterstock

Un rapport de la Fondation des femmes et l’Institute of Strategic Dialogue alerte sur le rôle des réseaux sociaux dans la propagation des contenus anti-avortement.

Un rapport inquiétant à l’occasion des 49 ans de la promulgation de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Publiée mercredi, cette étude a été réalisée par la Fondation des femmes et l’Institute for Strategic Dialogue (ISD), un think tank spécialisé dans la désinformation et les mouvements extrémistes. Elle met en garde contre la prolifération des contenus anti-avortement sur les réseaux sociaux et souligne le rôle de ces plateformes qui, en permettant leur diffusion, menacent le droit à l’IVG. 

Fausses informations, affirmations trompeuses et contenus choquants

Dans le cadre de cette étude, la Fondation des femmes et l’ISD se sont concentrés sur Facebook, Instagram, X (ex-Twitter) et YouTube. Ils ont constaté que « la mobilisation anti-avortement se présentait essentiellement sous la forme de fausses informations, d’affirmations trompeuses sur l’avortement et de contenus choquants et dissuasifs »

« Une grande partie de ce contenu semble destiné à décourager les utilisateurs de recourir à l’avortement et à semer le doute sur la sécurité des traitements médicaux utilisés lors d’un avortement », notamment avec « de nombreuses affirmations trompeuses sur la souffrance présumée du fœtus avorté, sur les effets secondaires de l’IVG et des descriptions erronées de la procédure d’IVG », indique le rapport. 

Une diffusion de fausses informations facilitée

La diffusion de ces fausses informations est facilitée par plusieurs éléments, dont l’absence de normes transparentes et communes à tous les grands réseaux sociaux. « Seul YouTube dispose de règles claires pour lutter contre certains types de fausses informations sur l’avortement », souligne le rapport. Non seulement les chercheuses ont découvert des contenus enfreignant les règles de ces plateformes en matière de désinformation sanitaire, mais elles ont également « constaté que, dans certains cas, les politiques existantes n’étaient pas appliquées de manière cohérente ou adéquate, en particulier en ce qui concerne les contenus en langue française ».

Sur YouTube, des utilisateurs, dont des mineurs, se sont vu recommander des contenus de désinformation, choquants et dissuasifs sur l’avortement alors qu’ils n’avaient pas regardé de vidéos sur le sujet. De même sur Instagram, les algorithmes de la plateforme ont recommandé des Reels comprenant de fausses informations sur l’avortement à des utilisateurs n’ayant pas visionné des contenus anti-IVG. « Un cinquième des Reels les plus recommandés à propos de l’avortement contenait des informations trompeuses sur la procédure, et les comptes les plus recommandés dans les Reels étaient liés à la mouvance tradwife », précise l’étude. Né aux États-Unis, ce mouvement informel promeut un rôle « traditionnel » et largement domestique pour les femmes.

À cela s’ajoute des contenus dissuasifs créés par des pages anti-avortement mais se présentant comme des pages d’information neutre ou en faveur de l’IVG, qui étaient les publications les plus partagées sur Facebook et Instagram. La Fondation des femmes et l’ISD révèlent par ailleurs que leur maison mère, Meta, a gagné environ 43 750 euros grâce aux 199 publicités anti-avortement publiées sur Facebook entre mai 2022 et juin 2023.

Face à ces découvertes, ils recommandent aux plateformes de veiller à ce que leurs politiques soient appliquées de manière cohérente, de les renforcer pour mieux lutter contre la diffusion de contenus choquants, mais aussi de s’assurer qu’elles soient appliquées aux nouvelles fonctionnalités, comme les Reels d’Instagram et les Shorts de YouTube.  

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Article rédigé par
Kesso Diallo
Kesso Diallo
Journaliste