Selon un rapport commandé par les eurodéputés Les Verts, la France utilise cette technologie, notamment dans le cadre de projets de « safe city ».
La reconnaissance faciale se généralise en Europe. C’est ce qu’indique un rapport coécrit par cinq chercheurs et commandé par le groupe politique Les Verts du Parlement européen. 11 pays de l’Union européenne (UE) ont ainsi déployé ce type de technologie : l’Autriche, la Finlande, l’Allemagne, la Hongrie, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovénie, les Pays-Bas et… la France. Ils l’utilisent principalement à titre expérimental et à des fins judiciaires, à l’image de l’Allemagne, où la police de Hambourg s’est servie d’un logiciel lors des manifestations contre le sommet du G20 en 2017 pour déterminer le comportement ou encore l’engagement politique des individus.
L’objectif des chercheurs, avec ce rapport, est d’établir un état des lieux de l’utilisation des technologies d’identification biométrique à distance – dont la reconnaissance faciale fait partie – dans l’UE. Ils y évoquent aussi le risque que ces systèmes deviennent des outils de surveillance de masse, s’ils ne sont pas juridiquement encadrés.
Les projets « safe city » en France
En France, la reconnaissance faciale est particulièrement utilisée dans le cadre de projets « safe city » (ville sûre) lancés dans plusieurs villes. Parmi elles, Nice fait office de leader national en termes d’expérimentations. D’après le rapport, plus de 1 962 caméras de surveillance y ont été déployées depuis 2010. Le premier test a été mené du 16 février au 2 mars 2019 lors du Carnival de Nice, pour évaluer la pertinence et la fiabilité du logiciel développé par l’entreprise Anyvision. Lors de cette simulation, les visages recueillis grâce à des images de vidéosurveillance des foules assistant au carnaval ont été associés à un ensemble de bases de données fictif pour reconnaître une personne recherchée. 50 bénévoles avaient été recrutés pour constituer le jeu de données et les passants, informés du test en cours, ont été invités à porter un bracelet s’ils consentaient à être filmés.
En février 2019, un autre projet de reconnaissance faciale a été testé dans deux lycées à Nice et à Marseille, où des portiques ont été installés à l’entrée des établissements pour accorder ou interdire l’accès aux élèves. Le but était d’assister le personnel des lycées assurant l’accueil et de lutter contre l’usurpation d’identité. Ces expérimentations ont finalement été déclarées illégales par un tribunal de Marseille, qui estimait notamment que « de tels traitements biométriques étaient disproportionnés par rapport aux finalités poursuivies ».
Face à cette généralisation des expériences au sein de l’UE, les chercheurs recommandent une interdiction du « déploiement à la fois aveugle et “ciblé” de l’identification biométrique à distance dans les espaces publics ». Une recommandation susceptible d’être prise en compte par le Parlement européen, qui a récemment voté un moratoire sur le développement des systèmes de reconnaissance faciale destinés à l’identification à des fins répressives.