Dans son dernier rapport, la Fédération Française des Télécoms dresse un bilan inquiétant de l’explosion du trafic Internet dans l’Hexagone.
Une augmentation exponentielle, qui concerne aussi bien les connexions réalisées depuis un ordinateur qu’un smartphone, et dont les responsables seraient tout trouvés : les géants du Web, et les plateformes de contenus par abonnement comme Netflix.
La consommation data en France multipliée par cinq d’ici à 2030
Les Françaises et les Français consomment de plus en plus de données chaque année, et la tendance s’est nettement accélérée depuis les confinements de 2020. C’est en substance ce que l’on peut tirer du dernier rapport de la Fédération Française des Télécoms, qui vient de publier son bilan pour l’année 2023.
On apprend via l’étude (réalisée par le cabinet Arthur D. Little) que la consommation de données annuelles par utilisateur croît d’environ 26% par an. En 2022, un Français ou une Française moyenne consommait 11 Go de données mobiles par mois. Aujourd’hui, c’est 14,3 Go. Si l’on prend en compte la consommation de données fixes (via son routeur, à domicile), nous parlons de 200 Go mensuels.
D’après l’étude, si la tendance se poursuit (et rien ne laisse entendre le contraire), un foyer moyen pourrait bien consommer jusqu’à 1035 Go, ou 1,03 To, de données par an d’ici à 2030. Une multiplication par cinq que les opérateurs ne seraient, en l’état, pas en mesure d’absorber avec les infrastructures actuelles.
Les GAFAM pointés du doigt
Les responsables, d’après la FTT, sont tout trouvés. Il s’avère que l’écrasante majorité du trafic Internet français est capté par cinq entreprises : Amazon, Meta, Google, Netflix, Apple, Microsoft et Disney. Des géants du web, proposent tous, à leur mesure, des services de contenus par abonnement (Prime Video, Apple TV+, Game Pass, etc).
Aussi, pour la FTT, il est grand temps que ces mastodontes passent à la caisse. « Je rappelle souvent que 5 acteurs mondiaux génèrent plus de la moitié de l’augmentation nette du trafic sur les réseaux mobiles – alors qu’ils ne contribuent pas à leur financement, déclare Nicolas Guérin, président de la FTT. Ces acteurs pourraient, si on les incitait davantage, introduire plus de sobriété dans l’émission, la consommation et le stockage de leurs contenus. La pandémie a prouvé que c’était faisable [plusieurs acteurs de SVOD avaient pris des mesures pendant les confinements pour réduire la consommation de datas, ndlr] ».
Une déclaration forcément accueillie de manière glaciale par les intéressés qui, pour l’heure, bottent en touche. Une situation qui évoque directement celle de la plateforme Twitch en Corée du Sud ces dernières semaines. Devant l’ampleur des données consommées par la plateforme dans le pays, le gouvernement a taxé davantage Twitch (propriété d’Amazon). Dans un communiqué publié début décembre, Twitch annonçait fermer ses services en Corée du sud le 27 février 2024. La France prendra-t-elle le risque de froisser les géants du Web ? Rien n’est moins sûr.