La marque à la pomme ne s’attendait sans doute pas à ce genre de retournement à quelques jours des fêtes de fin d’année, mais la situation est grave.
Le plus gros fabricant de montres connectées au monde est acculé. Une situation qu’Apple pensait probablement évitable est finalement en train de lui gâcher les fêtes. En effet, les Apple Watch Series 9 et Apple Watch Ultra 2, soit les deux derniers modèles lancés par le constructeur, viennent d’être tout bonnement retirés de la vente aux États-Unis. En cause, une histoire de brevets. Explications.
Un différend concernant un brevet avec Masimo
C’est une véritable bataille judiciaire qui s’entame entre Apple et Masimo. Ce groupe californien spécialisé dans les technologies d’e-santé accuse l’entreprise de Cupertino d’avoir violé l’un de ses brevets concernant une fonctionnalité de mesure du taux d’oxygène dans le sang (SP02). Une fonction présente dans les Apple Watch depuis 2020.
Une première décision rendue par la Commission du commerce international (ITC) des États-Unis donne raison à Masimo, et Apple a annoncé lundi 18 décembre dernier que les modèles intégrant cette fonctionnalité (soit toutes les montres connectées actuellement vendues sur son site à l’exception de l’Apple Watch SE) sont retirées de la vente jusqu’à nouvel ordre. Une situation qui n’est pas sans rappeler le retrait de la vente des iPhone 12 il y a quelques mois en France pour des raisons d’émissions trop importantes.
Mais le timing est particulièrement crucial ici, et Apple doit ainsi voir s’envoler des centaines de milliers de dollars de bénéfices associés aux fêtes de fin d’année. La firme s’est toutefois laissé quelques jours pour espérer limiter la casse : les Apple Watch Series 9 et Apple Watch Ultra 2 restent commercialisées jusque demain, 21 décembre, sur sa boutique en ligne, et jusqu’au 24 en magasin.
L’administration Biden prête à intervenir ?
Ce retrait, inédit et soudain, ne concerne en revanche que le marché américain, rassure Apple. Il reste possible de s’offrir ces montres dernier cri en France, et dans tous les autres pays du globe. Pour autant, l’entreprise a la dent dure à l’encontre de Masimo, et l’accuse « d’avoir indûment tenté d’utiliser l’ITC pour empêcher des millions de consommateurs américains d’avoir accès à un produit qui pourrait leur sauver la vie, tout en faisant de la place pour sa propre montre qui copie celle d’Apple. »
Alors que Masimo, de son côté, s’est félicité de voir que « même l’entreprise la plus puissance du monde doit respecter la législation protégeant le droit de propriété intellectuelle », les ingénieurs d’Apple travaillent d’arrache-pied pour modifier les algorithmes de mesure du SP02 afin de se blanchir dans l’affaire qui l’oppose à Masimo. Infaisable, estime l’intéressé, qui affirme qu’Apple devra procéder à des modifications matérielles dans ses montres, laissant planer la menace d’un retour massif des produits incriminés.
Mais Apple a potentiellement un autre atout dans sa manche. Techniquement, l’administration Biden pourrait opposer un véto à ce procès et ainsi blanchir l’entreprise de Tim Cook. Une décision qui serait vue comme partiale, et particulièrement délicate dans le contexte d’un pays aussi attaché au respect de la propriété (qu’elle soit intellectuelle ou non).