D’après une étude suédoise, un logiciel d’intelligence artificielle permettrait de réduire la charge de travail des radiologues, dépistant aussi bien qu’eux ce type de cancer.
Le cancer du sein, qui est le plus fréquent chez les femmes, pourrait être mieux détecté grâce à l’intelligence artificielle (IA). C’est ce que démontre une étude suédoise publiée dans le Lancet Oncology et relayée par l’AFP. Elle permet surtout de conclure qu’il n’y a pas de risque à ce que les radiologues utilisent un logiciel d’IA pour mieux orienter leurs analyses. « Notre objectif était d’évaluer la sécurité clinique d’un protocole de lecture d’écran assisté par l’IA par rapport à la lecture d’écran classique par les radiologues après une mammographie », ont indiqué les chercheurs.
Des performances à confirmer
Ainsi, quelque 80 000 femmes ont été divisées en deux groupes semblables. Si elles ont toutes effectuées une mammographie, le premier groupe a été dépisté de manière classique, soit avec le regard de deux radiologues indépendants. Le second a, lui, été examiné par une IA puis par un seul radiologue. Résultat : l’IA a dépisté aussi bien les cancers du sein que les radiologues. Dans le détail, 244 cancers ont été détectés dans le groupe assisté par l’IA, contre 203 dans celui avec le dépistage classique. Si légèrement plus de cancers ont été détectés dans le second groupe, le taux de « faux positifs », soit les cas où le premier examen soupçonne à tort un cancer, était, lui, semblable dans les deux.
« Le dépistage par mammographie assisté par l’IA a entraîné un taux de détection du cancer similaire à celui de la double lecture classique, avec une charge de travail de lecture d’écran nettement inférieure, ce qui indique que l’utilisation de l’IA dans le dépistage par mammographie est sûre », ont déclaré les chercheurs. Grâce au logiciel, la charge de travail de lecture d’écran a en effet été réduite de 44,3%.
L’utilisation de cette technologie pourrait éventuellement réduire de moitié la charge de travail des radiologues vu qu’un seul est nécessaire dans la procédure impliquant une IA. Les résultats de l’étude sont prometteurs car le dépistage est largement considéré comme l’une des principales manières de lutter contre le cancer du sein. Il est cependant trop tôt pour conclure à l’intérêt réel de cette technologie dans le domaine. Plusieurs années de recul seront en effet nécessaires pour savoir si elle a été aussi efficace qu’un double avis humain. Raison pour laquelle les chercheurs vont comparer dans deux ans le taux de cancers qui auront échappé au dépistage mais auront été diagnostiqués dans l’intervalle.
Autre problème : les résultats de l’étude laissent planer une incertitude sur le risque de « surdiagnostic », soit le fait de repérer des lésions qui n’auraient pas évolué en cancers dangereux sans traitement. Bien que la recherche confirme de plus en plus son intérêt pour réduire la mortalité du cancer du sein, la question du surdiagnostic est au cœur de certaines critiques sur le bien-fondé du dépistage généralisé. En France, il est généralisé chez les femmes de 50 à 74 ans, dans la lignée des recommandations européennes.