Milan Kundera est décédé à 94 ans des suites d’une longue maladie. Retour sur trois textes emblématiques de l’auteur franco-tchèque.
1. Risibles Amours, 1968
Ancien communiste, Milan Kundera vit de l’intérieur l’écrasement du mouvement réformateur du Printemps de Prague par l’armée soviétique. Cette répression place la République tchèque natale de l’auteur dans le néo-stalinisme et met fin à la liberté d’expression.
C’est pendant cette période qu’il écrit Risibles Amours (1968), considéré par beaucoup comme un des textes fondateurs de son œuvre. Recueil de sept nouvelles sur l’amour, la fidélité, l’identité et l’être, l’ouvrage parle des relations intimes humaines à travers le dysfonctionnement de la parole.
La plupart de ces textes témoignent également de l’époque de sa création et de la réalité d’un pays menacé par le totalitarisme. Après avoir perdu son poste d’enseignant, Milan Kundera continuera d’écrire et effectuera plusieurs petits boulots, avant de quitter son pays pour la France en 1975.
2. L’Insoutenable légèreté de l’être, 1984
Écrit en 1982 et publié en 1984 en France, L’Insoutenable légèreté de l’être est certainement l’œuvre la plus connue de Milan Kundera. L’auteur revient encore une fois sur la période du Printemps de Prague de 1968 en suivant la vie d’artistes et d’intellectuels de l’époque.
Le livre permet à l’écrivain de développer le thème de « l’éternel retour », un concept nietzschéen. Ses personnages, conscients qu’ils ne vivent qu’une fois, décident de vivre dans une certaine légèreté, avec un manque absolu de responsabilités.
Roman d’amour et ode à la liberté, L’Insoutenable légèreté de l’être est un succès mondial dès sa parution. Milan Kundera s’impose alors comme l’un des meilleurs peintres de la condition humaine et continuera d’écrire une œuvre considérable. Le roman sera également adapté au cinéma en 1988 par Philip Kaufman, avec Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis.
3. L’Ignorance, 2003
D’une grande discrétion, Milan Kundera avait donné sa dernière interview à un journaliste en 1986. À partir de 1993, l’écrivain débute ce qu’on appellera plus tard son « cycle français ». Naturalisé depuis 1981, il écrit La Lenteur en 1995, L’Identité en 1998 et L’Ignorance en 2003, le tout en français.
Dans ce troisième opus de son cycle, il continue d’explorer son lien douloureux avec son pays d’origine, avec l’histoire d’Irena et de Josef. Après avoir émigré en 1968, les deux Tchèques retournent dans la terre qu’ils ont quittée 20 ans auparavant, comme Ulysse dans L’Odyssée.
Peintre sarcastique de la condition humaine, Milan Kundera est récompensé en 2001 par l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. Son travail avait également été publié dans la prestigieuse collection de La Pléiade en 2011. La télévision publique tchèque a annoncé le décès de l’auteur, à l’âge de 94 ans, « des suites d’une longue maladie ».
